Ahmed Sékou Touré, alors président de la section RDA (Rassemblement Démocratique Africain en Guinée), rejoint le RDA, le RDA était à cette époque le plus grand mouvement panafricain en Afrique de l’Ouest luttant pour l’émancipation de l’Afrique. Victor Biaka Boda Victor Biaka Boda fustigé la colonisation. Avec son oratoire enflammé, il sème le trouble dans la colonie guinéenne; l’administration coloniale va commencer à surveiller ce révolutionnaire de très près.
En 1947, il quitte définitivement la Guinée pour la Côte d’ivoire, la terre de ses ancêtres. Son combat va prendre une autre dimension. En 1948, il est élu sénateur dans le cadre de l’union française. Il s’envole en France pour défendre la cause des siens. À 35 ans, c’est un révolutionnaire actif, excellent orateur, organisateur et leader d’hommes, il prend une part active à la lutte de libération de la Côte d’Ivoire que mène le RDA contre les autorités françaises.
L’Administration coloniale décide de mener une lutte sans merci contre les dirigeants anticolonialistes du RDA. Ces dirigeants sont arrêtés, intimidés, emprisonnés. Les populations gagnées à la cause du RDA furent massacrées. La répression de Bouaflé du 21 janvier 1950 fit des morts parmi les manifestants et deux cents militants du RDA furent arrêtés, parmi lesquels onze moururent en prison.
Victor Biaka Boda devient de plus en plus virulent et critique durement la colonisation. Il parcourt de nombreuses villes de la colonie ivoirienne pour prôner l’insurrection. Il prononcera un violent discours dans la ville de Daloa pour exprimer sa détermination à délivrer la Côte d’Ivoire du joug colonial. C’est ce discours qui signera son arrêt de mort.
Dans la nuit du 27 au 28 janvier 1950, le révolutionnaire Victor Biaka Boda, quittant Yamoussoukro pour se rendre à Gagnoa, disparaît mystérieusement à Bouaflé de la maison où il avait trouvé l’hospitalité après que sa voiture soit tombée en panne à l’entrée de la ville. Son corps a été découvert 4 jours plus tard dans une clairière à Bouaflé, pendu à une branche d’arbre à 1,40 m du sol, la tête coupée. « Pour ternir sa réputation, les journalistes français parlent alors de crime rituel; l’administration coloniale fit circuler la rumeur selon laquelle il aurait été mangé par ses concitoyens cannibales. En lui infligeant une mort ridicule, les autorités françaises ont voulu souiller sa mémoire et faire disparaître le souvenir de ce jeune nationaliste aux discours enflammés ».
Mais que s’est-il réellement passé ? En fait, il est tombé dans une embuscade. Cette nuit-là, il est kidnappé par des auxiliaires de l’armée française qui le torturent à coups de baïonnette jusqu’à sa mort ; sa tête a ensuite été coupée près de Bouaflé. Il avait 37 ans. Le gouverneur de la colonie de Côte d’Ivoire se méfiait de ce brillant orateur, de ce révolutionnaire qui faisait de l’ombre à Félix Houphouët-Boigny plutôt proche des autorités françaises. Biaka Boda assassiné, Houphouët-Boigny peut désormais devenir président de la Côte d’Ivoire en 1960.
L’administration coloniale a refusé de communiquer sur la disparition du sénateur, refusant même de remettre sa dépouille mortelle à sa famille. Le parlementaire disparu ne fut officiellement déclaré mort que le 20 mars 1953, trois ans après son assassinat. Aucune sépulture digne de son rang ne lui sera offerte et aucun hommage national ne lui sera versé.
Le seul souvenir que nous gardons de lui est le stade Victor Biaka Boda de Gagnoa qui porte son nom. « Comme presque partout en Afrique, la France a liquidé les vrais nationalistes pour remettre l’indépendance des pays aux fantoches qui ne la réclamaient même pas ».