C’est pourquoi il a astucieusement basé ses idées sur deux choses, à savoir les vieilles histoires qui racontent de quelle Région d’Afrique les gens venaient ainsi que les noms des peuples et des divinités qui réapparaissent de manière récurrente à travers tout le Continent, voire au-delà et dont la plupart des vieilles histoires suivent ce modèle :
- Elles commencent à la source de la « Grande Eau »;
- Par la traversée de terres peuplées d’hommes courts.
Un retour dans la Région du Soudan pour les Uns ou comme un point de départ pour les Autres. Les Égyptiens anciens et les Nubiens affirment qu’ils venaient du Sud. Les Africains de l’Ouest, de l’Est et les Bantous disent qu’ils viennent du Nord. Ici, la « Grande Eau » représente clairement le Nil et sa « Source », celle de la « Région des Grands Lacs », pas l’océan. Tandis que les Hommes Courts désignent nettement les Twa (Batwa, Pygmées), qui vivent toujours dans l’Afrique intérieure, mais qui étaient encore plus répandus, il y a des milliers d’années.
Les motifs et l’étymologie des noms montrent également les mêmes choses. Il y a par exemple un groupe au Soudan (et en Ouganda) qui s’appelle Nyoro et aussi un autre qui porte ce même nom beaucoup plus loin à l’Ouest au Mali, ou encore des noms comme Goula, Goule, Goulaye et Gilaye qui apparaissent à la fois le long du Nil et de nouveau en Afrique de l’Ouest.
Il y a aussi des Gens nommés Serer, Sere ou Sara au Sénégal, tout comme en Afrique Centrale et au Tchad où nous trouvons dans ces mêmes endroits, des Mégalithes qui sont des monuments en pierre qui ressemblent à des Obélisques dont des monuments semblables sont également observables jusqu’à l’Est sur une ligne qui va jusqu’en Éthiopie.
C’est la raison pour laquelle Cheik Anta Diop (prononcé Djop), avait implicitement suggéré que les Sérères étaient probablement ceux qui avaient construit tous ces Mégalithes, alors qu’ils se déplaçaient lentement vers l’Ouest à travers l’Afrique.
Pourtant malgré les multitudes de preuves démontrant les affinités africaines de l’Egypte ancienne, tout ceci n’est jamais raconté. Et selon Diop:
Cette attitude typique du monde Occidental qui, lorsque nous sommes concernés, montre à quel point il est absolument nécessaire pour nous de creuser nous-mêmes notre propre passé, une tâche que personne ne peut faire pour un autre, à cause des passions, de la fierté nationale, des préjugés raciaux et d’une éducation déformée dès la base dont l’ampleur des erreurs indique combien il est nécessaire, pour nous, d’interpréter notre propre culture, au lieu de persister à ne la voir qu’à travers les yeux des occidentaux.