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Devoir de mémoire – L’Afrique doit montrer ses muscles et hausser le ton : l’usage de la force comme moyen de dissuasion est un point qui caractérise la vision panafricaine de Fanon; tandis que Nkrumah combine la philosophie de Gandhi et de Marx (il écrit en 1958, avec son conseiller George Padmore, un programme pour la libération de l’Afrique par la non-violence gandhienne); « Fanon prend une autre position à la conférence populaire d’Accra, en tant que représentant légitime d’un mouvement armé de libération, il soutient l’utilisation de la violence comme stratégie de lutte; (prenant les cas de l’Algérie, du Kenya, du Kameroun et de l’Indochine, il estime que la lutte armée pour la libération et l’action directe sont légitimes puisque le régime colonial est par nature un régime de violence) »

Dès lors, explique-t-il en janvier 1960 dans (El Moudjahid), le combat pour la liberté et le combat pour l’unité du continent se rejoignent : nous, Noirs/Africains, disons que depuis plus de 100 ans la vie des 200 millions de Noirs/Africains, c’est une vie réduite, contente, une vie perpétuellement hantée par la mort. Nous disons qu’il ne faut pas se fier à la bonne foi des colonialistes, mais qu’il faut s’armer de fermeté et de combativité. L’Afrique ne sera pas libre par le développement mécanique des forces matérielles, mais c’est la main du Noir/Africain et son cerveau qui déclenchera et réalisera la dialectique de la libération du continent !

Fanon développe ses réflexions sur la violence dans (les Damnés de la Terre). Cet ouvrage, préfacé par Jean-Paul Sartre qui le note (Fanon est le premier depuis Engels à mettre au jour l’accoucheuse de l’histoire), aura par la suite une immense influence sur les mouvements radicaux de libération, en Afrique comme dans la diaspora.

Dans ce livre, Fanon tente de retracer l’histoire de la violence coloniale et de la résistance des colonisés, en distinguant 3 étapes :

  • La colonisation introduit la violence depuis la métropole; cette violence se diffuse alors dans la colonie en favorisant le repli identitaire du colonisé; alors la violence intériorisée par le colonisé se retourne contre le colon. Se référant à cette analyse, Fanon note que la plupart des dirigeants révolutionnaires qui optent pour des méthodes de non-violence refusent la lutte armée sous prétexte d’un rapport de force défavorable. Or, insiste-t-il, le colonialisme, en affirmant que la force est le seul langage compris par le colonisé, ne peut être brisé que par l’usage d’une plus grande force, fût-elle simplement suggérée;
  • Les opérations répressives menées par les forces coloniales contre les nationalistes au Kenya, à Madagascar, en Algérie et au Kameroun notamment, note Fanon, n’ont pas l’effet escompté. Au lieu de briser la marche libératrice, elles (scandent les progrès de la conscience nationale. Aux colonies, les hécatombes, á partir d’un certain stade de développement embryonnaire de la conscience, renforcent cette conscience, car elles indiquent qu’entre oppresseurs et opprimés tout se résout par la force);
  • C’est donc en répondant à la violence du colonisateur que le colonisé se libère, et c’est en se libérant qu’il libère le colonisateur. La violence, dans la guerre de libération, est donc le processus par lequel la décolonisation crée un (homme nouveau) : le colonisé, jusque-là passif, entre en action. Refusant la placidité de trop de dirigeants africains, Fanon estime que la violence est la force qui permettra l’émergence d’une nouvelle Afrique, celle-ci (l’Afrique à venir, dans laquelle le combat des masses) ne pourra être récupérée par (les démagogues, les opportunistes, les magiciens ). Formées politiquement à la lutte quotidienne contre toute forme d’oppression, les populations sont alors en mesure de rejeter toute tentative de mystification.

Source : Amzat Boukari 

L'Afrique

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