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Devoir de mémoire : qui sont les Bantous ? D’où viennent-ils ?? Définition Bantou : groupe de peuples parlant quelque quatre cents langues apparentées appelées Bantous, présents en Afrique, du Gabon aux Comores d’ouest en est et de la République Centrafricaine à l’Afrique du Sud du nord au sud; « Il y a 4 000 à 5 000 ans, l’émergence de l’agriculture a marqué un tournant décisif dans l’histoire de l’Afrique, (la maîtrise de cette nouvelle technologie qui leur a permis d’investir de nouveaux territoires, les peuples de langue Bantoue), jusqu’à alors les chasseurs-cueilleurs vivant dans une région située entre le Kameroun et le Nigéria, ont progressivement étendu leur aire d’habitat et, après un voyage de plusieurs millénaires, se sont installés dans toute l’Afrique subsaharienne »

La question du chemin migratoire emprunté par ces peuples demeurait cependant en suspens : alors qu’une première théorie, dite du (Early split) séparation précoce – affirmait que les Bantous s’étaient scindés dès le départ, en quittant leur berceau originel, en deux mouvements, vers l’est et le sud, l’hypothèse du (Late split) – séparation tardive – suggérait, elle, que ces peuples avaient d’abord traversé la forêt équatoriale – le Gabon actuel – , avant de se diviser selon deux flux migratoires, l’un vers le sud, et l’autre vers l’Afrique de l’Est.

C’est grâce à une puissante étude génomique portant sur 2000 individus issus de 57 populations de toute l’Afrique subsaharienne, qu’une équipe de recherche de l’Institut Pasteur et du CNRS1, menée par Etienne Patin et Lluis Quintana-Murci, chercheurs CNRS, en étroite collaboration avec plusieurs institutions africaines 2, européennes 3 et américaines 4 ont tranché la question. Les travaux des scientifiques relèvent en effet que les populations de langues bantoues de l’est et du sud de l’Afrique sont plus semblables génétiquement aux populations du sud qu’à celles du nord de la forêt équatoriale. Ces données plaident ainsi clairement en faveur du « Late split » : les Bantous auraient d’abord traversé la forêt équatoriale, pour ensuite suivre leurs voies migratoires vers l’est et le sud de l’Afrique subsaharienne, où ils auraient rencontrés d’autres peuples autochtones de ces régions.

Les chercheurs se sont ensuite intéressés au métissage des peuples de langue Bantoue avec les populations locales qu’ils ont rencontrées. Les travaux des scientifiques montrent qu’au cours du dernier millénaire, les Bantous se sont, en effet, mélangés avec des populations pygmées d’Afrique centrale de l’Ouest, des populations Afro-asiatiques d’Afrique de l’Est et enfin avec des populations San d’Afrique du Sud. Fait surprenant, ces métissages successifs auraient été bénéfiques aux peuples Bantous, en leur permettant d’acquérir des mutations génétiques avantageuses facilitant leur adaptation à leurs nouveaux habitats. Ainsi, de leur métissage avec les Pygmées, les populations Bantoues ont acquis une nouvelle forme du système (HLA), aidant à la mise en place de la réponse immunitaire en cas d’infection. Autre exemple de poids : en arrivant à l’est de l’Afrique subsaharienne, les Bantous héritent des populations locales d’une variabilité associée au gène de la lactase, qui permet de continuer à digérer du lait à l’âge adulte.

Enfin, le dernier volet de cette vaste étude s’est intéressé aux conséquences sur l’histoire génétique des Bantous d’une des périodes les plus douloureuses de l’histoire de l’Afrique : celle des traites d’esclaves transatlantiques. On sait que le génome des Afro-américains d’aujourd’hui, qui vivent sur le continent Nord-américain, est à 75 – 80 % Africain. Pour retracer plus précisément l’origine génétique de cette part de leur génome, les scientifiques ont comparé celui de près de 5 000 Afro-américains de tous les États-Unis avec celui des populations d’Afrique vivant actuellement dans les anciens grands ports d’esclavage. Ils ont alors pu décortiquer les différentes contributions de ces sites de traite. Ainsi, près de 50 % du génome des Afro-américains, seraient issus du port historiquement appelé « Golfe du Bénin ». L’autre apport majeur, près de 30 %, provient de l’Afrique centrale de l’Ouest (Gabon, Angola), soulignant le lourd tribut qu’ont payé ces populations aux traites négrières. Enfin, 13 % viennent de l’ancien port de Sénégambie (bassin des fleuves Sénégal et Gambie) et 7 % de la Côte au Vent. (Côte d’Ivoire).

Cette vaste cartographie génétique de l’Afrique subsaharienne illustre ainsi l’apport de la génomique à l’histoire de notre espèce. Elle constitue aujourd’hui un puissant outil pour reconstruire, à la lumière des nouvelles technologies pan-génomiques, l’histoire de nos migrations et de nos métissages, et identifier les mécanismes évolutifs qui nous ont permis de nous adapter génétiquement aux pressions de notre environnement, y compris celles exercées par les agents infectieux.

Source : Histoire migratoire des peuples Bantous !

Qui sont les Bantous ?

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