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Devoir de Mémoire : Kofi Annan, un Blanc/Occidental à la peau Noire/Africaine (Peau Noire, Masques Blancs) Malcolm X, développait le portrait de la mentalité de ce qu’il appelle, d’une part, (le Nègre des champs et, d’autre part, le Nègre de maison, ou Oncle Tom), en référence au célèbre roman (la case de l’Oncle Tom), il existe deux types de Nègres qui existaient au temps à l’époque de l’esclavage et qui perdurent aujourd’hui; « Le Nègre de maison vit, respire et règne sur les traces de son maître et de sa famille; il est majordome, cuisinièr(e), servant(e) ou mieux encore nounou (nourrice); il aurait même la possibilité de racheter sa liberté ou de s’émanciper lorsque la bonne fortune le remet entre les mains d’un (Zweeen ou maître éclairé), mais qu’il n’en a pas vraiment envie car cela le priverait de sa protection et de ses bienfaits »

Il voit même dans le droit de seigneur exercé par son maître ou ses fils une chance de purifier sa descendance, et accepte les châtiments corporels comme une œuvre salutaire de rétablissement moral pour lui. « L’évidente volonté de quitter la CPI ressentie par les dirigeants des pays Noirs/Africains n’était pas du goût du (Nègre de maison, ancien secrétaire général de l’ONU). Dans une sortie maladroite, Koffi Annan a défrayé la chronique en déclarant que (quitter la CPI serait une honte pour l’Afrique) ».

Cette déclaration n’est pas surprenante pour ceux qui connaissent l’individu. Pour ceux qui ne connaissent pas bien M. Annan, nous (réchauffons) ici un texte de Thierry Meyssan, initialement publié en mars 2012 pour le Réseau Voltaire, quelques jours après la nomination de M. Annan comme médiateur de la crise syrienne.

Qu’on ne s’y trompe pas, un processus de prise de conscience irréversible s’installe peu à peu chez les Noirs/Africains : Kofi Annan ne pourra pas l’arrêter. L’Afrique fera mieux que nous ne le pensons dans un avenir proche. Cette Afrique de demain ne se fera pas avec des espèces menacées de cet acabit. Si le bilan de Kofi Annan à l’ONU est un succès incontesté en termes de management, de gestion et d’efficacité, il est extrêmement critiqué au niveau politique. En tant que Secrétaire général, il s’est appliqué à adapter l’Organisation au monde unipolaire et à la globalisation de l’hégémonie américaine. Il a remis en question les fondements idéologiques de l’ONU et l’a privée de sa capacité à prévenir les conflits. Pourtant, il est aujourd’hui chargé de résoudre la crise syrienne. L’ancien secrétaire général des Nations unies et lauréat du prix Nobel de la paix, Kofi Annan, a été nommé envoyé spécial conjoint de Ban Ki-moon et Nabil ElArabi pour négocier une solution pacifique à la crise syrienne.

L’homme a une expérience extraordinaire et une image de marque très positive, si bien que ce rendez-vous a été bien accueilli par tous. Que représente donc ce haut fonctionnaire international ? Qui l’a propulsé à la plus haute fonction; quels ont été ses choix politiques et quels sont ses engagements actuels ?? Face à toutes ces questions, la discrétion est de mise, comme si le titre qui était le sien était un gage de neutralité.

Sélectionné et éduqué par la Fondation Ford et la CIA

Ses anciens collaborateurs louent sa réflexion, son intelligence et sa subtilité. Personnalité très charismatique, il a laissé une forte empreinte derrière lui car il s’est comporté non seulement comme le « Secrétaire de l’ONU », mais encore plus comme son « Général », prenant des initiatives qui ont relancé une organisation enlisée dans la bureaucratie. Tout cela est connu et remanié. Ses qualités professionnelles exceptionnelles lui ont valu le prix Nobel de la paix, même si cet honneur devrait en théorie récompenser un engagement politique personnel et non une carrière managériale.

Kofi et sa sœur jumelle Efua Atta sont nés le 8 avril 1938 dans une famille aristocratique de la colonie britannique de la Gold Coast. Son père était le chef de la tribu Fantis et élu gouverneur de la province d’Ashanti. Bien qu’opposé à la domination britannique, il était un fidèle serviteur de la Couronne. Avec d’autres notables, il participe au premier mouvement de décolonisation, mais voit avec méfiance et inquiétude l’agitation révolutionnaire de Kwame Nkrumah. Quoi qu’il en soit, les efforts de Nkrumah ont abouti à l’indépendance du pays sous le nom de Ghana en 1957. Kofi avait alors 19 ans. Bien qu’il n’ait pas participé à la révolution, il devient vice-président de la nouvelle association nationale des étudiants. Il est alors remarqué par un chasseur de têtes de la Fondation Ford qui l’inclut dans un programme « Jeune leader ». À ce titre, il a été encouragé à suivre un cours d’été à l’Université de Harvard. Après avoir testé son enthousiasme pour les États-Unis, la Fondation Ford lui propose des études approfondies, d’abord en économie au Macalester College dans le Minnesota, puis en relations internationales à l’Institut universitaire de hautes études internationales de Genève.

La Fondation Ford, créée par le célèbre industriel Henry Ford, est devenue après la Seconde Guerre mondiale un outil officieux de la politique étrangère des États-Unis, offrant une apparence respectable aux activités de la CIA. La période des études de Kofi Annan outre-Atlantique (1959-1961) correspond aux moments les plus difficiles de la lutte pour les droits civiques des Noirs (le début de la campagne de Martin Luther King à Birmingham). Il l’a observé comme un prolongement de la décolonisation qu’il avait vécue au Ghana, mais n’y a pas non plus participé. Satisfaits de ses résultats académiques et de sa réserve politique, ses mentors américains lui ouvrent les portes de l’Organisation mondiale de la santé, où il trouve son premier emploi. Après trois ans au siège de Genève, il a été embauché à la Commission économique pour l’Afrique, basée à Addis-Abeba. Cependant, ses diplômes étant insuffisants pour lui permettre d’aspirer à une carrière dans la gestion de l’ONU, il retourne aux États-Unis pour étudier la gestion au Massachusetts Institute of Technology (MIT) (1971-72). Il tente de retourner dans son pays d’origine en tant que directeur du développement touristique, mais se retrouve en perpétuel conflit avec le gouvernement militaire du général Acheampong, si bien qu’il renonce et revient aux Nations unies en 1976.

Une brillante carrière malgré des échecs tragiques

Il y occupe diverses fonctions, d’abord au sein de l’UNEF II (la force de maintien de la paix mise en place pour séparer l’Égypte et Israël à la fin de la guerre d’octobre 1973), puis comme directeur du personnel de l’Office des réfugiés (HCR). C’est à cette époque qu’il rencontre Maître Nane Lagergren qu’il épouse une deuxième fois. Cette avocate suédoise est la nièce de Raoul Wallenberg, représentant spécial de la Suède en Hongrie pendant la Seconde Guerre mondiale. Wallenberg est célèbre pour avoir sauvé des centaines de Juifs persécutés en délivrant des passeports de complaisance. Il a également travaillé pour l’OSS (prédécesseur de la CIA) en tant qu’officier de liaison des États-Unis avec la Résistance hongroise. Il a disparu à la fin de la guerre ; il aurait été fait prisonnier par les Soviétiques afin de stopper l’influence américaine dans le pays. Quoi qu’il en soit, l’heureux mariage de Kofi Annan lui a ouvert des portes qu’il ne pouvait franchir, notamment celles des organisations juives.

Le secrétaire général Javier Perez de Cuellar choisit Kofi Annan comme assistant chargé des ressources humaines et responsable de la sécurité du personnel des Nations Unies (1987-90). Lors de l’annexion du Koweït par l’Irak, 900 employés de l’ONU ont été piégés. Kofi Annan a réussi à négocier leur sortie avec Saddam Hussein. Il en tira un prestige évident au sein de l’Organisation. Il a ensuite été successivement chargé du Budget (1990-92), puis – sous le mandat de Boutros Boutros-Ghali – des Opérations de maintien de la paix (1993-96), avec une brève parenthèse comme envoyé spécial pour la Yougoslavie.

Selon le général canadien Roméo Dallaire, commandant des casques bleus au Rwanda, Kofi Annan n’aurait pas réagi à ses nombreuses sollicitations et porterait la principale responsabilité de l’inaction des Nations unies lors du génocide (800 000 morts, majoritairement tutsis, mais aussi opposants hutus). Un scénario identique se répète en Bosnie où 400 casques bleus sont pris en otage par les forces serbes bosniaques. Kofi Annan reste sourd aux appels du général Bernard Janvier et laisse se perpétrer les massacres prévisibles.

Fin 1996, les États-Unis s’opposent à la reconduction du francophile égyptien Boutros Boutros-Ghali au poste de secrétaire général. Ils ont réussi à imposer leur candidat : ​​un haut fonctionnaire international de l’Organisation elle-même, Kofi Annan. Loin de jouer contre lui, ses échecs au Rwanda et en Bosnie sont devenus ses atouts après qu’il les ait ouvertement avoués et promis de réformer le système pour qu’ils ne se reproduisent plus. Il a été élu sur cette base et a pris ses fonctions le 1er janvier 1997.

Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies

Immédiatement, Kofi Annan mit en place un séminaire annuel de deux jours à huis clos pour une quinzaine d’ambassadeurs à l’ONU. Cette « retraite » (sic) est généreusement accueillie par le Rockefeller Brothers Fund au Centre de conférence de Pocantico (au Nord de New York). Le secrétaire général y discute avec les représentants des États qui le soutiennent, hors instances de l’ONU, de la réforme de l’Organisation et des relations internationales.

Dans ce contexte, il réaffecta les dépenses de l’ONU en fonction des priorités politiques et réduisit significativement le budget du secrétariat général. Il réorganisa le fonctionnement administratif autour de quatre objectifs (paix et sécurité, développement, affaires économiques et sociales, affaires humanitaires). Il créa un poste de secrétaire général adjoint pour le suppléer et se dota d’un véritable cabinet apte à appliquer rapidement les décisions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. La grande initiative de Kofi Annan fut le Global Compact, une mobilisation de la société civile pour un monde meilleur. Sur la base d’un dialogue volontaire, des entreprises, des syndicats et des ONG ont pu débattre et s’engager pour le respect des Droits de l’homme, celui des normes de travail et de l’environnement.

Dans la pratique, le Global Compact n’a pas eu les effets attendus sur le terrain. Il a par contre profondément dénaturé l’ONU, en relativisant le pouvoir des États-Nations et en reconnaissant celui de compagnies transnationales et d’associations qui n’ont de « non-gouvernementales » que le titre et sont en sous-main subventionnées par les grandes puissances. En érigeant des lobbies comme partenaires des États-Nations, Kofi Annan a enterré l’esprit de la Charte de San Francisco. Il ne s’agit plus de préserver l’humanité du fléau de la guerre en reconnaissant l’égalité en droit des États grands et petits, mais d’améliorer la condition humaine en faisant converger des intérêts privés. Le Global Compact, c’est le passage d’une logique presque unanimement acceptée selon laquelle le Droit international est au service du Bien commun, à une logique défendue par les seuls Anglo-Saxons pour qui le Bien commun est une chimère, tandis que la Bonne gouvernance consiste à coaliser le plus grand nombre d’intérêts particuliers. En définitive, le Global Compact a eu les mêmes effets que les galas de charité aux États-Unis : se donner bonne conscience avec quelques programmes médiatisés pour s’accommoder des injustices structurelles.

En ce sens, les mandats de Kofi Annan (1997-2006) reflètent la réalité de la période historique, celle d’un monde unipolaire voué à la globalisation de l’hégémonie états-unienne, au détriment des États-Nations et des peuples qu’ils représentent.

Cette stratégie emboîte le pas au dispositif mis en place par Washington dans les années 80 avec la National Endowment for Democracy, une agence qui, contrairement à son intitulé, vise à poursuivre l’action subversive de la CIA en truquant les processus démocratiques. La NED subventionne, légalement ou pas, des organisations patronales, des syndicats ouvriers et des associations en tout genre. Tous participent en retour au Global Compact et infléchissent ainsi les positions des États-Nations qui n’ont pas les moyens de financer leurs propres lobbies. L’ONU ne se préoccupe plus de la Paix puisque le monde unipolaire a son gendarme, les États-Unis, mais absorbe toutes les formes de protestation pour mieux valider le désordre mondial et la globalisation progressive de l’hégémonie US.

Le discours lénifiant de Kofi Annan a atteint son apogée avec le Sommet du Millénaire. 147 chefs d’États et de gouvernements se sont engagés à éradiquer la pauvreté et à résoudre les principaux problèmes de santé dans le monde, dont le sida, sous quinze ans. Le bonheur universel ne nécessiterait aucune réforme politique, juste que chacun y mette un peu du sien en versant son obole. Que n’y avait-on pensé plus tôt ?? Las ! Les Objectifs du Millénaire sont restés des vœux pieux, les injustices se poursuivent et nourrissent toujours la guerre et la misère. Dans la même veine, lors de son discours devant l’Assemblée générale, le 20 septembre 1999, le secrétaire général exposa ce que l’on nomme la « Doctrine Annan ». Arguant de sa propre impuissance au Rwanda et en Bosnie, il affirme que, dans ces cas là, les États ont failli à leur devoir de protéger leurs ressortissants. Il en conclut que la souveraineté des États, principe cardinal de la Charte de l’ONU, fait obstacle aux Droits de l’homme. Cette vision sera adoptée sous la dénomination « Responsabilité de protéger » par l’Union africaine, puis par l’ONU en 2005, lors du Sommet Mondial chargé du suivi du Sommet du Millénaire. La doctrine Annan est un avatar du devoir d’ingérence invoqué par les Britanniques pour guerroyer contre l’Empire ottoman et remis au goût du jour par Bernard Kouchner.

Le concept rénové sera explicitement utilisé la première fois, en 2011, pour légaliser l’opération coloniale en Libye. Par ailleurs, les mandats de Kofi Annan ont été marqués par le programme « Pétrole contre nourriture » qui fut imaginé par le Conseil de sécurité en 1991, mais ne fut effectif que de 1996 à 2003. Il s’agissait au départ de s’assurer que les revenus pétroliers de l’Irak seraient exclusivement utilisés pour satisfaire les besoins des Irakiens et pas pour financer de nouvelles aventures militaires. Cependant, dans le contexte de l’embargo international et sous la supervision personnelle de Kofi Annan, ce programme est devenu un instrument des États-Unis et du Royaume-Uni pour saigner l’Irak tandis qu’ils occupaient la « Zone de non-survol » (approximativement l’actuel Kurdistan autonome) jusqu’à ce qu’ils l’attaquent et le détruisent.

Durant des années, la population fut sous-alimentée et privée de médicaments. Plusieurs hauts fonctionnaires internationaux qui ont été chargés de ce programme l’ont qualifié de « Crime de guerre » et ont démissionné après avoir refusé de l’appliquer. Parmi eux, le secrétaire général adjoint Hans von Sponeck et le coordinateur spécial Denis Halliday ont estimé que ce programme a provoqué le génocide d’1,5 million d’Irakiens, dont au moins 500 000 enfants. Il fallut attendre l’invasion et la destruction de l’Irak pour que Kofi Annan se rebelle et dénonce le comportement de ceux qui lui avaient payé ses études, l’avaient propulsé au secrétariat général de l’ONU, et lui avaient décerné le Prix Nobel de la Paix. Il qualifia l’attaque de l’Irak d’illégale et s’inquiéta publiquement de ce que ce précédent réduise à néant le Droit international. Washington répliqua brutalement en lançant une vaste opération d’espionnage à son encontre, à celle des membres de son cabinet, de sa famille et de ses amis.

En définitive, Kojo Annan, le fils de Kofi, fut accusé d’avoir détourné des fonds du programme « Pétrole contre nourriture » avec la bénédiction de son père. Or, techniquement, c’était impossible à l’insu des États-Unis et du Royaume-Uni. L’accusation ne parvint donc pas à convaincre les États membres de l’ONU et au contraire renforça l’autorité du secrétaire général. Cependant, durant les deux dernières années de ses mandats Kofi Annan fut paralysé et contraint de rentrer dans le rang.

Retour à la case département

Après dix ans de secrétariat général, Kofi Annan poursuivit sa carrière dans des fondations plus ou moins privées. En décembre 2007, les élections kenyanes dégénèrent. Le président Mwai Kibaki l’aurait emporté sur le candidat financé par Washington, Raila Odinga, prétendu cousin du sénateur Barack Obama. Le scrutin fut contesté par le sénateur John McCain qui appella à la révolution, tandis que des SMS anonymes dressèrent les ethnies les unes contre les autres. En quelques jours les émeutes firent plus de 1 000 morts et 300 000 déplacés. Madeleine Albright proposa la médiation de l’Oslo Center for Peace and Human Rights. Cet institut envoie deux médiateurs : l’ancien Premier ministre norvégien Kjell Magne Bondevik et l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, tous deux administrateurs du Centre.

À l’issue de cette « médiation », le président Kibaki fut contraint de se plier aux volontés US. Il put se maintenir dans ses fonctions, mais dut d’abord accepter une réforme constitutionnelle qui le prive de ses pouvoir au profit de son Premier ministre, puis ils dut accepter de prendre Raila Odinga comme Premier ministre. Jouant au vieux sage africain, Kofi Annan contribua à donner un vernis de légalité à un changement de régime imposé par Washington. Kofi Annan exerce aujourd’hui deux responsabilités principales. Il est d’abord le président de l’Africa Progress Panel, une organisation mise en place par Tony Blair à l’issue du sommet du G8 de Gleeneagles pour médiatiser les actions du Ministère britannique de la Coopération (DFID). Malheureusement les promesses du G8 n’ayant pas plus été tenues que celles du Sommet du Millénaire, l’Africa Progress Panel a une activité réduite.

Reste la présidence de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) qui se propose de résoudre les problèmes alimentaires du continent noir grâce aux biotechnologies. En fait, l’AGRA est un lobby financé par les Fondations Billes Gates et Rockefeller pour diffuser les OGM produits par Monsanto, DuPont, Dow, Syngenta et autres. La plupart des experts indépendants de ces multinationales s’accordent à dire que, au-delà de la question du choc environnemental, l’usage d’OGM non reproductibles rend les paysans dépendants de leurs fournisseurs et instaure une nouvelle forme d’exploitation humaine. Cependant, le double langage de Kofi Annan, qui se déclare satisfait de son entretien avec le président el-Assad lorsqu’il est à Damas et déçu lorsqu’il est à Genève, n’a pas levé les questions sur ses intentions réelles. « La Fondation Ford, paravent philanthropique de la CIA et pourquoi la Fondation Ford subventionne la contestation », par Paul Labarique, Réseau Voltaire, 5 et 19 avril 2004

Kofi Annan en Syrie

Que vient donc faire l’ancien haut fonctionnaire international en Syrie ?? En premier lieu, sa désignation révèle que le rôle ne pouvait pas être tenu par Ban Ki-moon dont l’image est ternie à la fois par sa soumission aux États-Unis et par des affaires ininterrompues de corruption. Kofi Annan dispose, lui, d’une image positive malgré son bilan. Deuxièmement, un médiateur n’a de chance de réussir que s’il est choisi par les protagonistes. Ce n’est pas le cas. Il représente le secrétaire général de l’ONU et son homologue de la Ligue arabe. Il défend l’honneur et la réputation de ces institutions sans avoir d’instruction politique précise.

Si la désignation de M. Annan a été approuvée de facto par les membres du Conseil de sécurité et par ceux de la Ligue, c’est qu’elle satisfait des attentes contradictoires. Pour les uns, l’envoyé spécial conjoint ne doit pas rechercher la paix, mais habiller une paix qui a déjà été négociée entre grandes puissances afin que chacun garde la tête haute. Pour d’autres, il peut au contraire rejouer le coup kenyan et réussir sans violence supplémentaire un changement de régime. Au cours des trois dernières semaines, l’action de Kofi Annan a consisté à présenter comme son propre plan, une version amendée de celui qui avait été élaboré par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov. Ce faisant, il rend ce plan acceptable par Washington et ses alliés.

En outre, M. Annan a volontairement introduit une confusion en laissant entendre qu’il avait convaincu le président el-Assad de désigner un de ses vices-présidents, Farouk al-Shara, pour négocier avec l’opposition. Il se serait agi d’une concession syrienne au Conseil de coopération du Golfe. En réalité, le vice-président al-Shara est chargé de ces négociations depuis un an et l’exigence de l’Arabie saoudite et du Qatar est tout autre : que le président el-Assad démissionne parce qu’il est alaouite et que le pouvoir échoit à ce vice-président par ce qu’il est sunnite.

Il semble donc que l’envoyé spécial conjoint soit en train d’inventer une porte de sortie pour les États qui ont agressé la Syrie et inventé la fable d’une révolution démocratique réprimée dans le sang.

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