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Devoir de mémoire : le 17 janvier 1988-17 janvier 2014, laissons-nous emporter dans l’élan aux sources du courage politique d’Étienne Tshisekedi; il est resté égal à lui-même en tant que figure et leader emblématique, mythique et charismatique ; c’est à cause de son caractère étrangement énigmatique et son jusqu’au boutisme hors pair lui ont valu le surnom de « Sphinx de Limeté »

Nous sommes en 1988 dans l’ex-Zaïre. Mobutu Sese Seko est loin de douter que deux ans plus tard sous la pression des événements tant internes qu’externes, il sera contraint de libéraliser son régime sclérosé. Mais, avant cela, le 17 janvier de « l’an de grâce 1988 », un homme politique zaïrois est sur le point de réussir un pari fou : tenir un meeting d’un parti politique interdit, l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), en plein cœur de Kinshasa au pont Kasa-Vubu (Pont Ngabi). 

Il faut restituer l’événement dans le contexte politique d’alors. Celui-ci est marqué par une chape de plomb sur l’univers politique d’alors. Le Président-fondateur du MPR règne en maître hégémonique. Il dispose du droit de vie et de mort sur chaque citoyen zaïrois sous une terreur résumée par une formule anachronique : « Olingaolinga te oza na kati ya MPR », ce qui veut dire « Que tu le veuilles ou non, tu es membre du MPR (Mouvement populaire de la révolution) du Président fondateur Mobutu », mais un homme brave l’interdit au péril de sa vie tout en déjouant les pièges mesquins de la sécurité Mobutiste autour de sa résidence de Limeté. Il entre alors de plein pied dans l’histoire politique du Congo-Zaïre jusqu’à ce jour. 

C’est là que manifestement est né ce courage politique qui ne le quittera plus jamais dans son combat pour l’avènement d’un Etat de droit au cœur du berceau de l’humanité. Il avait eu par ce geste sans mourir pour ainsi dire, le « Mokako sua des bankoko ».

Colette Braeckman, dans Le Dinosaure à là p. 334, raconte l’événement : « Le 17 janvier 1988, le jour d’anniversaire de la mort de Patrice Lumumba, Tshisekedi convoque un rassemblement populaire au centre de Kinshasa, à la hauteur du pont Kasa Vubu. L’armée intervient, fait de nombreux morts et blessés. Tshisekedi est interné à la prison de Makala. Pour déjouer l’attention de l’opinion internationale, le pouvoir invente un nouveau stratagème : des psychiatres du Centre Neuro-Psychopathologique le déclarent « Détraqué » mental, atteint de paranoïa (NDLR : le docteur Tharcisse Loseke avait refusé de se prêter à ce simulacre.)

Il fallait effectivement être fou pour oser défier l’absolutisme de Mobutu dans sa propre capitale ! Relégué à Isiro, puis à Dungu, dans le nord-est du Zaïre, enfin dans le village Ngbandi de Monga, près de la frontière soudanaise, Tshisekedi assiste impuissant au ralliement forcé de la plupart de ses compagnons de route, qui réintègrent le parti unique (MPRParti-Etat). Il fait mine de renoncer à la lutte, mais reste au pays comme un symbole de résistance ».

Symbole de résistance interne en 1988, symbole de résistance interne en 2014 : au courage politique, s’est ajoutée une constance à toute épreuve en dépit des humiliations, des reniements, des trahisons, des arrestations, des relégations et des résidences surveillées.

Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, qu’on le critique ou qu’on ne le critique pas, parfois au regard de son combat, les Congolais peuvent parfois s’arrêter pour lui dire : merci pour la persévérance, et puis se remettre à le critiquer si le cœur leur en dit. D’autant plus que son combat a été démocratique et les critiques en ont fait justement partie. 

Hommage à Etienne Tshisekedi Wa Mulumba !

Devoir de mémoire

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