Ce sens premier, selon Martin Heidegger, aurait été perdu avec Platon et Aristote et l’idée de vérité aurait subi plusieurs transformations depuis son origine pour arriver finalement à la vérité-certitude que procure l’illusion d’une calculabilité universelle qui est désormais celle de maintenant.
Michel Foucault, dans ses cours au Collège de France, disait que la vérité n’est ni absolue, ni stable, ni univoque – la vérité a une histoire qui en Occident se divise en deux périodes : (l’âge de la vérité – la foudre et du ciel-vérité). La vérité éclair est celle qui est révélée à une date précise, dans un lieu précis et par une personne élue par les dieux comme l’oracle de Delphes, les prophètes bibliques ou encore aujourd’hui le pape catholique parlant (Ex cathedra).
Ce premier âge dura des millénaires et donna naissance à des lignées de fanatiques, de fléaux d’hérésiarques et d’infatigables bâtisseurs d’inquisitions. En revanche, la vérité céleste est établie pour tous, toujours et partout : c’est celle de la science, de Copernic, de Newton et d’Einstein. Ce deuxième âge, fondé sur la raison scientifique, commence pour ainsi dire au XVIIIe siècle, mais a aussi ses (Grands Prêtres). Michel Foucault n’exclut pas qu’un jour ces derniers viendront défendre leur vision des choses et leurs prérogatives en utilisant des arguments peu différents de ceux avancés par le passé.
La vérité est une science selon l’Éthique à Nicomaque d’Aristote, selon laquelle elle constitue (l’accord de nos jugements de perception ou de connaissance avec la réalité), c’est-à-dire une disposition qui permet l’affirmation et la négation. Ailleurs, Aristote soutient également que (dire ce que c’est que c’est, et dire ce qui n’est pas que ce n’est pas, c’est dire la vérité). Une idée peut être qualifiée de fausse si elle ne correspond à rien de réel ou de possible (par exemple les idées de chimères, de centaures, de dieux; Etc.) ou vraie dans le sens où elle correspond à des choses réelles (par exemple les idées d’un homme, d’un dieu ou un cheval).
Dans cette conception classique, la vérité est une (qualité). Selon William James, il y a d’une part la réalité, d’autre part des jugements qui sont en accord avec elle; il n’y a pas une troisième (chose) qui serait la vérité. La vérité est le caractère de certains jugements, et rien de plus. La vérité n’est donc pas une donnée toute faite, elle (arrive), elle est le fruit d’efforts et de recherches, mais c’est dans le jugement exprimant la connaissance, seule, que se trouve l’erreur et la vérité actuelle. Il n’y a qu’erreur pour celui qui affirme l’existence de la chimère et du centaure, donc il y a la seule vérité pour celui qui nie leur existence, ou qui affirme, par exemple, celle de l’homme ou du cheval. Une telle théorie de la vérité repose sur l’idée qu’elle doit être en adéquation, ou en correspondance, avec un état de choses réel.
Nous pouvons dire que la vérité est l’affirmation de ce qui existe ou la négation de ce qui n’existe pas; donc en fin de compte, l’accord de nos jugements avec la réalité. (Le problème est de savoir ce que nous allons considérer comme réel) :
Critique:
- On objectera que la réalité métaphysique et absolue n’est pas accessible à la connaissance. À quoi on peut répondre que la plupart de nos jugements ne concernent nullement la réalité métaphysique et absolue, mais simplement les différents êtres et phénomènes qui sont, pour nous, objets d’expérience, c’est-à-dire de perception.
Idéalisme:
- Les différents objets et phénomènes renvoient à nos représentations et à celles d’autres sujets conscients ; la vérité ne consiste donc pas dans l’accord de nos jugements avec une réalité extérieure à notre esprit, mais plutôt dans l’accord de la pensée avec elle-même, par conséquent avec ses propres perceptions et avec celles des autres esprits.