Ils le jugèrent vite sur le critère de la beauté comme si son aspect extérieur plaisants, la noblesse ou la jolibilité de ses traits, son nez « Pointu », étaient le reflet de son âme ! Ainsi, le Père Renard écrivit en 1917 : « Le Mututsi est un Européen sous une peau noire ». Le Mututsi est un « Nègre-Blanc ». Pour Monseigneur Classe, il est un descendant de la « Race pure aryenne » (avec quelque chose « Du type sémitique ») qui a dû s’égailler dans la nature et être bronzé par le soleil de l’Orient ancien avant d’atterrir dans la région des Grands Lacs d’Afrique.
Brossant ainsi les Tutsis et les décrivant avec parcimonie, Monseigneur Kandt, qui fonda Kigali, pouvait affirmer qu’il n’avait jamais rencontré d’intelligence comme la leur chez « Les races de couleur.» (…).
Quant aux Hutus, il serait tout l’opposé de son frère. Il apparaissait à ces « Aficionados » du culte de la beauté comme un triste individu, ignoble malsain, rêche. Il s’ensuit qu’il fut décrit d’une plume grossièrement acérée, en termes très critiques. Il aurait, disait-on, très peu d’entendement, la compréhension lente et l’esprit en escalier. On l’a peint comme un raté dépourvu de la moindre parcelle d’intelligence. Qu’il n’était ni une flèche ni un aigle, mais plutôt un dégénéré ou un fier imbécile qu’il fallait suborner, décrotter, civiliser.
Ainsi présentée, la thèse des « Civilisateurs », proclamait que les Tutsis étaient apparentés aux peuples dits cultivés (Kulturvölker) tandis que les Hutus, sortant de la terre et étant dans le besoin de s’émanciper, seraient « À l’état de nature (Naturvölker) ».
(Lambertus Ntisoni, « J’ai traversé des fleuves de sang : le calvaire d’un officier des ex-Forces Armées Rwandaises»).