KONGOLISOLO
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Lumumba à Accra : D’origine Tetela, un petit groupe installé dans la province du Kasaï, au centre du Kongo, Lumumba a fait ses études dans des missions chrétiennes, catholiques et protestantes; « Après avoir occupé des postes subalternes dans une société minière, il a trouvé un poste d’employé de bureau à Léopoldville (Kinshasa); en 1956, de retour d’un court séjour en Belgique, il est arrêté, jugé et condamné à 12 mois de prison pour détournement de fonds dans une affaire liée à son travail à la Caisse des Chèques Postaux; c’est pendant cette détention qu’il écrivit son ouvrage; (Kongo, terre d’avenir, dont il espère qu’elle aidera les Belges et les Kongolais à parvenir à un accord fraternel afin d’aboutir, par conséquent, à une union définitive) »

En 1957, Lumumba prend la direction commerciale d’une grande brasserie. Il fréquente alors les bars de la capitale, animés par des groupes de musique panafricaine comme l’orchestre de Jazz Africain de Joseph Kasabelle. De l’autre côté du fleuve Kongo, à Brazzaville, l’indépendance de la France se discute déjà. Le jeune homme, qui préside ou participe à plusieurs cercles de débats, décide de fonder en octobre 1958 le Mouvement national Kongolais (MNC). Toujours modéré et réformiste, le MNC cherche pourtant résolument à combattre toute forme de division au sein du Kongo. Convaincu qu’il est important d’implanter le mouvement dans toutes les régions du pays, Lumumba se démarque de la classe politique de l’époque, qui s’inscrit plus volontiers dans un cadre (ethnique).

Son séjour à Accra, en décembre 1958, va définitivement faire basculer Lumumba dans l’anticolonialisme et le panafricanisme. En route pour la Conférence panafricaine d’Accra, les délégués du Mouvement panafricain de libération de l’Afrique centrale et orientale (PAFMECA) ont fait une escale de 3 jours à Léopoldville. Ils y reçoivent un accueil très organisé de la part des autorités coloniales belges. Pour les rassurer, ces derniers les présentent à un petit nombre d’émancipés congolais acquis par le système colonial. Surpris par le discours de ces Kongolais dociles qui brossent un portrait élogieux de la colonie et des relations harmonieuses entre Belges et Kongolais et constatant qu’ils n’ont jamais entendu parler de la conférence d’Accra, bien qu’annoncée depuis 6 mois dans toute l’Afrique, les délégués est-africains sont mener leur propre enquête qui leur permet de comprendre la manipulation des autorités belges. « Le soir venu , ils rencontrent Lumumba dans un bar du quartier Africain de la capitale. Le courant passe aussitôt et la délégation Kenyane décide de lui payer le billet d’avion ainsi que quatre de ses camarades ».

Les autorités belges, qui ne voient pas Lumumba comme une menace, autorisent son déplacement. Ils regretteront bientôt cette erreur de jugement qui allait bouleverser l’histoire du Kongo et de toute l’Afrique. Á Accra, George Padmore, Frantz Fanon et Félix Moumié sont séduits par la personnalité de Lumumba, et Nkrumah décide de faire de la libération du Kongo une affaire personnelle.

La fin de la colonie belge : Lorsque Lumumba revient à Léopoldville, son discours a changé. Il est déterminé à obtenir l’indépendance du Kongo dans un cadre nationaliste et panafricain. Alors que le Kongo est sans doute la colonie la moins préparée à l’indépendance, il l’obtient avant toutes les autres colonies d’Afrique centrale et orientale. En effet, dès le 4 janvier 1959, les Belges sont débordés par une insurrection dans les quartiers Africains de Léopoldville. L’état d’urgence est déclaré. La Belgique comprend que les choses risquent d’aller plus vite que prévu et qu’il est important de trouver un moyen de ne pas tout perdre. Mais ce que Lumumba redoutait depuis longtemps commence à se produire à mesure que la perspective de l’indépendance se rapproche : l’unité du Kongo, un territoire immense, 80 fois plus grand que la Belgique, dont certaines régions sont dotées de richesses fabuleuses, crépite.

En juillet 1959, le MNC lui-même se scinde en deux suite à une dispute avec Albert Kalonji. Ce dernier proclame en août 1960 l’indépendance de la région minière du Sud Kasaï. Dans l’autre région minière stratégique, le Katanga, l’homme d’affaires Moise Tshombé développe un discours tribaliste et sécessionniste. Dans la capitale, Lumumba continue de répandre des idées qui déplaisent aux autorités belges. À l’automne 1959, il est de nouveau arrêté pour des propos nationalistes tenus lors d’un discours. Pourtant, en janvier 1960, à Bruxelles, sa présence est sollicitée par les délégués Kongolais envoyés à la conférence de la Table Ronde, organisée pour examiner les conditions du passage à l’indépendance. Libéré, Lumumba rejoint la capitale belge où il retrouve Kalonji, Kasa-Vubu et Tshombé. Un journaliste, alors proche de Lumumba, est également présent Joseph Désiré Mobutu.

À son retour de Bruxelles, Lumumba est membre du Collège exécutif général qui dispose d’une feuille de route pour conduire le Kongo á l’indépendance d’ici le 30 juin 1960. En avril, il retourne au Ghana pour Nkrumah et Moumie. Ce voyage inquiète les Belges et les Américains qui soupçonnent Nkrumah d’avoir des visées sur le Kongo. Dès lors, Lumumba fait l’objet d’attaques régulières de la part de ses adversaires, mais aussi de son propre camp. Ses ambitions et sa façon de déconcerter les Belges, peu habitués à voir un Africain leur tenir tête. Lumumba, que les Belges croyaient initialement malléable, apparaît comme un homme inmaniable. Ses détracteurs reviennent sur ses erreurs de jeunesse en les exagérant. Jamais fondée et toujours niée, son adhésion au communisme revient comme un leitmotiv. Mais sa popularité ne cesse de croître. Le MNC remporte les élections de mai 1960. Alors que Kasa-Vubu devient président de la République, Lumumba est chargé de former le gouvernement.

Le jour de l’Indépendance, le 30 juin 1960, Lumumba griffonne quelques mots sur une feuille de papier en écoutant les discours de Kasa-Vubu et du roi Baudoin, qui se félicitent mutuellement. Il se lève et se dirige vers la scène. Contre vents et marées, il prend la parole et, s’adressant aux (hommes et femmes Kongolais, combattants aujourd’hui indépendantistes victorieux), il a prononcé le discours d’indépendance le plus critique jamais prononcé par un Noir/Africain en présence de la plus haute autorité métropolitaine. Accusant les Belges d’avoir rendu nécessaire (une lutte indispensable pour mettre fin à l’esclavage humiliant qui nous a été imposé par la force), Lumumba indique qu’ils n’oublieront jamais (les ironies, les insultes, les coups que nous avons dû subir, midi et soir parce que nous étions Nègres). D’un ton clair, il annonce que le Kongo traitera désormais (d’égal à égal) avec la Belgique, mais choisira ses alliances en fonction des intérêts Kongolais.

Dans la salle, son discours, retransmis en direct à la radio, est applaudi à tout va pour inviter le peuple Kongolais à (commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui conduira notre pays vers la paix, la prospérité et la grandeur). Demandant à (chacun d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger), il paraphrase la déclaration d’indépendance de Nkrumah (Nous allons montrer au monde ce que l’homme Noir/Africain peut faire quand il travaille en liberté, et nous allons faire le Kongo le centre d’influence de toute l’Afrique). Sous les applaudissements de la salle, il a conclu son allocution en affirmant que (l’indépendance du Kongo marque une étape décisive vers la libération de tout le continent Africain).

Le roi Baudoin rentre à Bruxelles humilié. Alors que le Premier ministre Kongolais s’élève d’emblée au rang de héros de la cause Noire/Africaine, le président américain Dwight Eisenhower, qui demande l’ouverture d’un dossier sur Lumumba, comprend que la situation Kongolaise risque de se compliquer !

Lumumba

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