KONGOLISOLO
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Rappel historique : le retour de Pierre Mulele à Kinshasa et son assassinat, (le 29 septembre 1968, Pierre Mulele, rentré au Kongo-Kinshasa par Brazzaville puis assassiné de façon horrible le 2 octobre 1968 au Camp-Kokolo); Pierre Mulele a été membre fondateur et secrétaire général du PSA (Parti Solidaire Africain) et ministre de l’Éducation dans le gouvernement Lumumba, le premier gouvernement de la RD Kongo; « De décembre 1967 à septembre 1968, Mulele et son épouse Léonie Abo étaient dans leur région natale de Matende-Lukamba ! Mulele y donne des leçons politiques comme il l’a toujours fait depuis son arrivée au maquis ! Mulele attend l’arrivée des cadres Lumumbistes de Brazzaville, mais personne ne viendra »

Le 2 septembre 1968, Mulele part dans une petite pirogue pour Brazzaville, en compagnie de Léonie Abo, Joseph Makindua et Boni, un jeune Mudinga. Ils sont arrivés le 13 septembre à Brazzaville et ont été immédiatement assignés à résidence au (Camp de milice) de Moukondo. À plusieurs reprises, Mulele a rencontré les autorités du Kongo-Brazza. Le 27 septembre, il a finalement rencontré les Lumumbistes de Brazza, mais la décision de rentrer à Kinshasa a déjà été prise par les autorités Kongolaises de Brazzaville de Marien Ngouabi.

Justin Bomboko, le ministre des Affaires étrangères de Kinshasa, se rendra à Brazzaville le 28 septembre pour signer un accord avec les autorités. Bomboko déclare : « L’amnistie générale décrétée à Kinshasa par le général Mobutu, est valable pour tous. Nous accueillons donc M. Mulele en frère. Il travaillera avec nous pour la libération totale de notre pays ». Les Lumumbistes tenteront en vain de convaincre les autorités de Brazzaville que Mobutu les attire probablement dans une embuscade, mais sans succès.

Le retour à Kinshasa :

Le 29 septembre à 11 heures, Bomboko offre une réception sur le bateau présidentiel en présence de Mulele et des autorités de Brazza. Dans l’après-midi, Bomboko se met en route pour la grande traversée avec Pierre Mulele, Léonie Abo, Joseph Makinda et deux autres partisans : Théodore Kabamba et Zénon Mibamba. Arrivés à Kinshasa, Mulele et son épouse passeront la nuit dans la résidence privée de Justin-Marie BombokoPendant les trois jours suivants, des dizaines d’amis de Mulele sont venus le saluer dans le complot de Bomboko. Leurs noms sont enregistrés par des soldats de garde. Germain Mwefu, un jeune ami de Mulele, lui a dit : « Dehors, nous entendons des rumeurs disant que nous allons vous tuer – la situation est grave, il faut fuir ».

Mulele répond : « Je ne suis pas allé à Brazzaville pour arriver à Kinshasa. Il y a eu un changement et cela m’a amené ici. Il y a trois choses : la naissance, la vie et la mort. J’ai fait tout ce que je pouvais, j’ai semé les bonnes graines, elles n’est pas tombé sur les rochers, mais dans le bon sol. J’attends maintenant mon dernier jour ».

Le 2 octobre à 17 heures, Mulele, sa sœur Thérèse, Abo et Mibamba ont été emmenées à la prison à l’intérieur du camp militaire de Kokolo. Ils y trouvent Théodore Bengila qui leur dit : « Vous aussi, vous êtes venus pour qu’ils nous tuent tous ensemble ? ». Immédiatement, Mulele et Bengila sont enfermés par des soldats. Pendant ce temps, les autres amis de Mulele qui étaient dans la maison de Bomboko sont emmenés à la prison. Ainsi, dix femmes, dont la mère de Mulele, et dix jeunes filles, dont Annie, la fille de Bengila, est enfermées ensemble dans une grande salle de prison pendant trois mois, sans savoir ce qui est arrivé à Mulele et Bengila.

L’assassinat :

Dans ce meurtre, s’exprime toute la cruauté et toute la bestialité de la supériorité réelle ou supposée qui entre ravagèrent et détruisirent la nation zaïroise. Dans la nuit du 2 octobre 1968, les soldats ont commencé à torturer Mulele et Bengila. Mulele a été tuée avec une cruauté si bestiale qu’elle fera honte pour toujours au régime qui a ordonné cette sauvagerie. Vivant, ils lui ont arraché les oreilles, lui ont coupé le nez, lui ont arraché les yeux des orbites. Ses organes génitaux ont été arrachés. Toujours en vie, ses bras, puis ses jambes ont été amputés. Les restes humains ont été jetés dans un sac et plongés dans la rivière. 

Théodore Bengila a été assassiné de la même manière barbare. Pour commettre ce crime bestial, les officiers avaient attendu le 2 octobre le retour de Mobutu du Maroc pour recevoir ses instructions. Ce n’était en aucun cas un acte spontané commis dans un élan de colère, mais une cruauté froidement préparée: depuis trois jours, Mulele et sa femme étaient logés tranquillement dans la maison de Justin Bomboko.

Daniel Monguya Mbenge, qui était vice-gouverneur du Bandundu à l’époque du maquis Mulele, l’a confirmé. Monguya était à Kikwit en 1966. Dans son livre, il écrit : il y a eu trois mille assassinats sous les ordres du colonel Monzimba au camp militaire, situé vers l’aérodrome, endroit surnommé par le colonel: la boucherie Kikwit. En un seul des familles entières ont été enterrées, vivantes par les militaires. Quand, en 1988, Monguya a rencontré Abo, il lui a dit, d’une voix tremblante d’émotion : Madame, dans l’histoire du Congo, votre mari est un personnage immortel; tous ma vie, j’aurai des remords d’avoir aidé à bloquer la route du succès pour Pierre Mulele.

Cléophas Kamitatu, le principal adversaire de Mulele au Kwilu, écrit dans son livre « La grande mystification du Kongo-Kinshasa » : loin de faire un procès à Mulele, on l’exécuta après des tortures inouïes : organes génitaux arrachés, yeux crevés, mains amputées, puis on le plaça dans un sac rempli de pierres et on le jeta vivant dans le fleuve Kongo. Mulele n’a jamais été jugé à huis clos et il fut jeté vivant dans le fleuve Kongo, le soir même du retour du Président Mobutu.

Sur la photo : Pierre Mulele tout sourire arrive à Kinshasa le 29 septembre 1968. Léonie Abo, son épouse (cheveux tressés) embrasse la mère de Pierre Mulele, lui ne regarde que sa plus jeune fille Abiba. Joseph Makindua est derrière l’ancien rebelle.

Rappel historique

 

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