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Africa Unite : du rastafarisme à Bob Marley, mélange de musiques Africaines, Caribéennes et Américaines, ancré dans une conscience historique et une foi tournée vers l’Afrique, le reggae est probablement la musique qui a le plus répandu la pensée panafricaine ! « L’évolution politique et sociale de cette musique est intimement liée à l’influence du Garveyisme et de la philosophie du mouvement Rastafari »

En 1930, le sacre de Haile Selassie en Éthiopie relance en Jamaïque et dans toute la Caraïbe le thème du retour en Afrique, incarné par une longue lignée de leaders charismatiques dont le (premier rasta), Leonard Howell, et le (Moïse Noir), Marcus Garvey. Dans la foulée, l’agression de l’Éthiopie par l’Italie fasciste renforce la vision binaire de la lutte du Bien contre le Mal (Babylone).

Des années 1930 aux années 1960, le mouvement rastafari subit les persécutions des autorités coloniales plus néo-coloniales de la Jamaïque, qui lui reprochent l’esprit de liberté et de résistance de cette communauté qui n’a jamais cessé de valoriser l’héritage Noir/Africain. Dans les années 1950, en remerciement de leur mobilisation pendant la guerre, le terrain est donné par Haile Selassie à des Noirs du monde entier désireux de venir vivre à Shashemene, en Éthiopie. Le tournant s’est réellement produit en 1966, lorsque le monarque éthiopien est venu en visite officielle en Jamaïque. Plus de 100 000 rastas affluent pour le voir et saborder le protocole officiel. Les autorités prennent alors conscience de la force politique et sociale du mouvement rastafari. En réaction à cette visite de Haile Selassie, mais aussi sous l’influence de la révolution cubaine, des indépendances Africaines, de la montée du mouvement Black Power aux États-Unis, et des luttes contre le racisme menées par les diasporas jamaïcaines en Angleterre et en Amérique du Nord, la musique reggae se radicalise.

Les thèmes historiques étaient déjà chantés, comme en 1955, avec la chanson (Éthiopia) de Lord Lebby qui inaugurait la discographie du retour en Afrique. Des artistes et des groupes comme Burning Spear, Black Uhuru, Gregory Isaacs ou les Wailers revisitent les sonorités du nyabinghi, une musique de percussion purement africaine incarnée par le groupe du comte Ossie, The Mystic Revelation of Rastafari. Au carrefour de ces influences, Bob Marley, natif de St. Ann, la même paroisse que Marcus Garvey, va changer la façon de changer l’Afrique.

En posant des textes durs sur des mélodies douces, apportant foi en la possibilité d’une meilleure humanité mais une critique sans concession des systèmes basés sur l’oppression, le reggae de Bob Marley va ouvrir de nouveaux horizons. En reprenant en musique un discours prononcé le 28 février 1968, à l’ONU par Hailé Sélassié, Bob Marley déclare la guerre au racisme et au colonialisme. La chanson (War) devient immédiatement un hymne de ralliement pour la jeunesse et les combattants africains. Mieux, à l’instar de la chanson (Jah Live), composée en 1975, Marley renforce le mythe de l’immortalité de Haile Selassie, décédé un an plus tôt. C’est en 1977, depuis les studios londoniens d’Island Records, que Bob Marley chante cette fois l’idéologie du retour en Afrique.

La chanson (Exodus), tirée de l’album éponyme qui sera d’ailleurs consacré (album du siècle) par le magazine américain Time, retrace ainsi les pérégrinations des peuples africains à la recherche de la Terre Promise, reprenant ce parallèle avec le peuple élu . Lors de son voyage en Éthiopie en 1978, Marley composa la chanson (Zimbabwe), la chanson-titre de son album (Survival), entièrement consacrée à l’Afrique. En lien avec la pochette qui aligne les drapeaux des Etats africains, la chanson (Africa Unite) appelle à la réconciliation des peuples d’origine Africaine. Marley se produit sur scène pour atteindre l’unité. D’abord au concert One Love Peace en Jamaïque en avril 1978, lorsqu’il exhorta Michael Manley et Edward Seaga, les dirigeants des deux partis politiques qui entretenaient un climat de violence, à se présenter sur scène et à se serrer la main pendant tout le concert. Et puis, le grand moment, deux ans plus tard, lors des cérémonies d’indépendance du Zimbabwe. La présence de Marley au Rufaro Stadium le 17 avril 1980, attire les Africains de tout le continent, venus voir le porte-parole des damnés de la terre, celui qui ose défier l’impérialisme dans chacun de ces albums.

Le concert de Marley à Harare, la capitale du Zimbabwe, est sans aucun doute le symbole musical le plus important de l’histoire des luttes de libération. Dans (Redemption Song), une chanson finale qui sonne comme un testament un an avant sa propre mort, Marley, qui avait auparavant prophétisé la libération du Zimbabwe, capture l’essence d’un peuple déshumanisé par l’esclavage et l’esclavage. , mais toujours prêt à se battre pour son salut. Cette fois, il encourage les combattants Noirs/Africains à défier la menace nucléaire maniée par l’Afrique du Sud et à se dresser contre les impérialistes qui assassinent un à un les prophètes de la libération.

Africa Unite

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