KONGOLISOLO
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Le dernier discours du roi Béhanzin un message fort : le 20 janvier 1894 en signe d’hommage à son armée, dont il a toujours loué les soldats et les amazones pour leur courage et leur bravoure « Compagnons d’infortune, derniers amis fidèles, vous savez dans quelles circonstances, quand les Français voulaient s’accaparer la terre de nos ancêtres, nous avons décidé de nous battre »

Nous avions alors la certitude de mener notre armée à la victoire. Lorsque mes guerriers se sont levés par milliers pour défendre le Danhomè et son roi, j’ai reconnu avec fierté la même bravoure déployée par ceux d’Agadja, Tégbessou, Ghézo et Glèlè. Dans toutes les batailles, j’étais de leur côté. « Malgré la justice de notre cause et notre courage, nos troupes compactes furent décimées en un instant. Ils n’ont pas pu vaincre les ennemis Blancs/Occidentaux dont nous louons également le courage et la discipline. Et déjà, ma voix larmoyante ne suscite plus d’écho ! »

  • Où sont maintenant les amazones ardentes enflammées de sainte colère ?
  • Où, leurs chefs indomptables : Goudémè, Yéwê, Kétungan ??
  • Où, leurs robustes capitaines : Godogbé, Chachabloukou, Godjila ??
  • Qui chantera leurs splendides sacrifices ?? Qui dira leur générosité ??
  • Puisqu’ils ont scellé de leur sang le pacte de fidélité suprême; comment accepterais-je une abdication sans eux ??
  • Comment oserais-je me présenter devant vous, braves guerriers, si je signais le papier du général ??

Non ! À mon destin, je ne tournerai plus le dos. Je ferai face et je marcherai. Car la plus belle victoire ne se remporte pas sur une armée ennemie ou des adversaires condamnés au silence du cachot. Est vraiment victorieux, l’homme resté seul et qui continue de lutter dans son cœur. Je ne veux pas qu’aux portes du pays des morts le douanier trouve des souillures à mes pieds. Quand je vous reverrai, je veux que mon ventre s’ouvre à la joie. Maintenant advienne de moi ce qui plaira à Dieu ! Qui suis-je pour que ma disparition soit une lacune sur la terre ??

Allez-vous aussi, derniers compagnons vivants. Rejoignez Abomey, où les nouveaux maîtres promettent une douce alliance, la vie sauve et, semble-t-il, la liberté. Là-bas, on dit que la joie renaît déjà. Là-bas, il paraît que les Blancs/Occidentaux vous seront aussi favorables que la pluie qui drape les flamboyants de velours rouge ou le soleil qui dore la barbe soyeuse des oreilles de maïs. Compagnons perdus, héros inconnus d’une épopée tragique, voici l’offrande du souvenir : un peu d’huile, un peu de farine et du sang de taureau. Voici le pacte renouvelé avant le grand départ. « À Dieu, soldats, à Dieu Guédébé ! »

Restez debout, comme moi, comme un homme libre. Puisque le sang des soldats tués garantit la résurrection du Danhomé, il ne doit plus y avoir de sang qui coule. Les ancêtres n’ont plus rien à voir avec nos sacrifices. Ils goûteront mieux le pur hommage de ces cœurs fidèles unis pour la grandeur de la patrie.

  • C’est pourquoi j’accepte de m’engager dans la longue nuit de patience où germent les lumières de l’aube. Guédébé, en messager de la paix, se rend à Ghoho où campe le général Dodds;
  • Allez dire au conquérant qu’il n’a pas harponné le requin;
  • Allez lui dire que demain, dès la venue du jour, de mon plein gré, je me rends au village de Yégo;
  • Allez lui dire que j’accepte, pour la survie de mon peuple, de rencontrer dans son pays, selon sa promesse, le Président des Français.

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