KONGOLISOLO
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Devoir de Mémoire – Cuba : Le sang Noir/Africain coule abondamment dans nos veines; ce n’est qu’en 1895, bien après l’indépendance des colonies espagnoles sur le continent américain (1820), l’abolition de la traite négrière (1867) et de l’esclavage (1886), que Cuba réussit à accomplir sa première révolution ! « Une alliance entre travailleurs Noirs/Africains et propriétaires terriens Blancs/Occidentaux ruinés par la chute du prix du sucre se forme sous l’impulsion du poète nationaliste José Martí, fondateur du Parti révolutionnaire cubain », et débouche sur une guerre d’indépendance menée par le général métis Máximo Gomez et le général Noir/Africain Antonio Maceo

Cependant, cette révolution fut rapidement prise en charge par les États-Unis qui, sous prétexte de l’explosion d’un navire américain dans le port de La Havane, placèrent Cuba sous tutelle économique et militaire en 1902. Ainsi, lorsque Fidel Castro et ses hommes renversèrent la dictateur Fulgencio Batista et sont entrés à La Havane le 1er janvier 1959, ils ont mis fin à un système qui, en un demi-siècle, avait fait de Cuba un terrain de jeu et une branche du capitalisme américain. L’intransigeance des États-Unis à l’égard du régime castrite accélère le rapprochement de Cuba avec le bloc socialiste et offre aux autres pays de la Caraïbe un modèle alternatif à celui que leur puissant voisin tente d’imposer dans la région. La révolution cubaine apparaît alors, note C.L.R James dans la préface de Les (Jacobins Noirs) de 1962, comme une révolution antillaise.

Rompant avec la discrimination raciale perpétuée par l’occupation américaine, la révolution de 1959 a cherché à éliminer le racisme institutionnel et à redonner leur dignité aux Noirs/Africains en promouvant les arts, la culture et l’histoire des peuples Noirs/Africains. Inspiré de la formule de José Martí qui expliquait à la fin du XIXe siècle que le Cubain est « Plus que Blanc, plus que Mulâtre, plus que Noir »; Les révolutionnaires cubains avaient l’intention d’effacer les barrières raciales sur l’île, une politique qui rencontra un succès mitigé, et se montrèrent immédiatement solidaires des mouvements de résistance Noirs/Africains et afro-américains. Venu assister à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 1960, Castro quitte son hôtel de Manhattan suite au harcèlement des autorités américaines et aux comportements racistes du personnel.

Sans hésiter, la délégation cubaine accepte la proposition de Malcolm X de venir séjourner à l’hôtel Theresa, au cœur de Harlem. Accueilli par une foule scandaleuse, « Liberté pour l’Algérie, Hors du Kongo, Vive Cuba ! », la délégation cubaine reçoit alors la visite de (Nkrumah, Nehru, Nasser, Sukarno, Tito et Khrouchtchev). Castro quitte New York avec une très bonne image de la lutte afro-américaine, mais avec une grande inquiétude face à la crise Kongo. Dès l’annonce de la mort de Lumumba en janvier 1961, il critique l’obstruction manifeste de l’ONU.

La Havane se rapproche alors du groupe de Casablanca, formé en 1961, et envoie Ché Guévara sur le continent africain pour approfondir les relations avec les leaders progressistes (Algérie, Egypte, Guinée, Ghana, Mali, Tanzanie). À la tête d’un commando de combattants cubains, le célèbre guérillero est envoyé en Tanzanie en avril 1965. De là, avec ses hommes, tous noirs pour ne pas se faire repérer, mais qui découvrent l’Afrique pour la première fois, il part pour le Kongo oriental avec l’objectif d’ouvrir un troisième front anti-impérialiste après le Vietnam et l’Amérique du Sud. Cette expédition se solde par un échec cuisant que Ché Guévara attribue à la désorganisation et à la faiblesse idéologique des rebelles lumumbistes menés par Laurent-Désiré Kabila.

Malgré cet échec, Cuba continue de soutenir les régimes Noirs/Africains progressistes à travers des programmes militaires, éducatifs et sociaux. Ainsi rappelant toujours que (le sang Noir/Africain coule abondamment dans nos veines), Fidel Castro pratique une forme de panafricanisme d’État : il accueille des révolutionnaires afro-américains en exil, invite des représentants de mouvements de libération Noirs/Africains et envoie des milliers d’hommes combattre sur le continent même.

Une dizaine d’années après l’échec de l’expédition au Kongo, le régime cubain a envoyé pas moins de 17 000 soldats en Éthiopie pour soutenir le régime de Mariam Mengitsu, en guerre contre la Somalie. Mais c’est en Angola que l’intervention cubaine est la plus décisive. Avec le financement et le soutien logistique de Moscou, La Havane y envoie des dizaines de milliers de soldats pour aider le MPLA à repousser les troupes de l’UNITA et les forces sud-africaines qui cherchent à renverser le gouvernement socialiste de Luanda.

Inscrite dans la durée, l’alliance des forces angolaises et cubaines permettra en 1988 de repousser les assaillants lors de la bataille de Cuito-Canavale. Cette victoire, qui précipita la chute du régime d’apartheid, valut à Castro et au peuple cubain les remerciements de Nelson Mandela lors de sa visite à La Havane en juillet 1991.

Source : Amzat Boukari, « Africa Unite: A History of Pan-Africanism », Pages 227 – 229.

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