Au mois d’août de cette année-là, la jeune femme reçoit la vision d’un homme qui lui dit :
- Je suis Saint-Antoine, j’ai été envoyé par Dieu pour apporter son enseignement aux Kongos. J’ai longtemps essayé de venir en aide à ce peuple, allant de province en province, j’ai d’abord été à Nzeto, mais ils ne m’ont pas bien reçu;
- Ensuite, je suis allé à Soto, ils ont voulu me battre. J’ai fui et je suis arrivé à Bula, la même chose m’est arrivé. Actuellement, j’essais ici a Kibangou et je t’ai choisie ensuite.
L’homme aurait alors pris alors possession du corps de Kimpa Vita.
- Selon la tradition Kongo, l’endroit où coule une rivière est un endroit sacré, car il constitue la frontière entre le monde réel et le monde invisible (la forêt et les chutes d’eau aussi). Kimpa Vita est une Nganga Marinda, c’est-à-dire une prêtresse traditionnelle ou initiée de la société secrète « Kimpasi »;
- Elle y avait été initiée très jeune, mais avait décidé d’abandonner. La société Kimpasi avait pour mission de délivrer les gens des forces du mal à travers des cérémonies d’exorcisme appelées « M bumba Kindonga »;
- Pour les missionnaires, la société Kimpasi était une société secrète de sorcellerie, et la plupart de leurs temples qui se trouvaient dans la forêt ont été détruits par les capucins. Inversement, pour les membres de la société Kimpasi, les prêtres capucins étaient des sorciers.
Kimpa Vita, annonça a à sa famille de quelle façon St Antoine l’avait possédée et leur expliqua sa vision. Elle leur dit que Dieu lui avait donné la mission de prêcher la vraie religion des Ne-Kongo.
- Elle commença par prêcher sur le mont Kibangou, la montagne sacrée, et osa ensuite se présenter en personne au palais royal pour demander au Roi Pedro IV de se joindre à elle pour pouvoir prier le « Vrai Jésus » Afin de restaurer le royaume alors saccagé par la guerre;
- Un prêtre portugais, le Pere Bernardo Da Gallo, qui témoigna de cette visite de Kimpa Vita au palais, raconte qu’au passage de la jeune femme des arbres tordus ou à terre se sont redressés et que les portes du palais se sont ouvertes elles-mêmes, comme repoussées par des mains invisibles. Kimpa Vita leur disait : « Nous aussi nous avons des saints au Kongo. Les blancs ont blanchi Dieu pour leur profit, mais un nouveau royaume va naître et il faudra reconstruire la ville, relever les maisons. Bientôt, on se presse de ramasser les miettes qui tombent de sa main, de lécher les gouttes d’eau qu’elle fait tomber en buvant dans sa calebasse. Et d’un simple toucher, la jeune femme rend fécondes les femmes stériles ».
Lors des cérémonies de prière de Kimpa Vita, les personne entrent en transe, ce qu’on appelle en Kikongo Kimpeve.
- Selon Kimpa Vita, le Kongo est la terre sainte, les pères de l’Eglise sont en réalité des Africains et St Antoine est le plus important de tous les saints, il est le patron des humbles et des démunis;
- Selon elle, l’histoire de l’église est une histoire africaine, une histoire Kongo. Jésus-Christ est née à Mbanza Kongo. Et quand le catéchisme parle de Bethléem, c’est en fait de Mbanza Kongo dont il est question;
- Il est dit que Jésus avait été baptisé à Nazareth, mais en réalité Jésus avait été baptisé au Nord de la province de NSundi. Et Marie était une esclave de Nzimba Mpangui quand elle avait enfanté le divin enfant Jésus-Christ.
Kimpa Vita était toujours entourée d’une grande foule. Le Pere Bernardo Da Gallo avait fini par compter et reconnaître 80 milles conversions par Kimpa Vita. Même Dona Maria Hipolita, l’épouse du roi Pedro IV, s’était aussi ralliée à la nouvelle religion du Bundu Dia Mama Kimpa Vita.
- Kimpa Vita était décidée à restaurer le Royaume Kongo et son message était un cri qu’elle appelait « M’lolo » pour le rassemblement et pour la renaissance du royaume. Selon elle, l’homme blanc était originaire d’une pierre en argile appelée « Fuma » en Kikongo, et les hommes noirs sont originaires d’un arbre appelé « Munsanda ». L’arbre et la forêt sont des symboles du monde invisible, et les esprits des ancêtres vivent dans des lacs et les océans, on les appelle des « Nsimba »;
- L’écorce de l’Arbre Munsanda était la matière avec laquelle on avait enveloppé Jésus à sa naissance et toute personne qui sera habillée de cette écorce recevra la bénédiction de Nzambi à Mpungu. D’ailleurs, tous les adeptes de Kimpa Vita furent vêtus d’habits faits de l’écorce du Munsanda. Toujours selon Kimpa Vita, l’arbre connu sous le nom de « Takula », dont l’écorce produit une sève rouge, est le sang de Jésus qui pouvait transformer la vie;
- La renommée de Kimpa Vita menaçait celui des missionnaires. Elle était devenue une menace considérable qui risquait de conduire à la chute de l’Église, à la défaite de la théologie chrétienne et donc à la perte de contrôle du royaume par les missionnaires. Il fallait trouver une astuce pour l’éliminer. Pour la jeune femme, les capucins étaient des sorciers. Elle les surnommait « Ndokis », « Nkadi A Mpembe »;
- Le conseil royal sous la présidence de Dom Bernardo, le Vuzi A Nkanu (le grand juge ), assisté du secretaire royal Miguel De Castro prononcera la sentence de mort contre Kimpa Vita pour hérésie , crime de nature religieuse et mensonges, apres un procès monter de toute piece par les capucins;
- Elle fut conduite sur un grand bûcher et fut exécutée le 2 juillet 1706, mais un autre miracle se produisit : à l’endroit où elle fut brûlée, on vit apparaître une grande étoile;
- Des rumeurs circulaient et annonçaient que Kimpa Vita devait se réincarner quelque part au Kongo Et d’ailleurs, quelques jours après son exécution, quelqu’un avait dit que l’on avait aperçu Kimpa Vita dans la région du Mbanza Kongo.
Mama Kimpa Vita, eut une très grande influence après sa mort. En effet, beaucoup des prisonniers du Royaume Kongo, qui étaient vendus comme esclave, étaient des partisans du Bundu Dia Mama Kimpa Vita.
- Ces esclaves étaient exportés à partir du port de Kabinda ou de Soyo, où les bateaux des Anglais et des Hollandais, qui dominaient la traite, venaient « S’approvisionner en esclaves ». Pour ces esclaves du Kongo, ces voyages en bateau relevaient du mystère, parce que selon la cosmogonie Kongo, l’eau est le lieu ou vivent les ancêtres et les morts;
- Ces Kongos pensaient donc être transportés dans l’univers des morts par les Blancs, et la couleur blanche était d’ailleurs la couleur de la mort.
Selon le témoignage du père Lorenzo Da Lucca qui avait voyagé dans le navire « Nossa Senora Do Cabo » qui transporta des esclaves à Salvaror (province de Bahia au Bresil), le 10 août 1709, beaucoup d’esclaves portait des médailles antoniens (Notez que les premiers esclaves ont arrivé au Brésil étaient donc Kongos).
- Des Kongos vendus comme esclaves furent aussi conduits au Suriname, en Jamaïque, aux Barbade, à Antigua et en Virginie(USA) à Port York;
- On sait aussi que les Kongos ont travaillé dans des plantations de café en Haïti, en Caroline du sud (USA) et plus tard à La Nouvelle Orleans (Louisiane – USA) où ils avaient apporté avec eux leurs cultures et leur religion, c’est-à-dire celle de Kimpa Vita, pour la grande majorité d’entre eux.
Les influences de Kimpa Vita dans les religions Afro – Américaines. En Amerique : l’historien américain Peter Wood dans son œuvre « Négro In Colonial South Carolina From 1670 Through The Stono Rebelion (New-York 1974) », stipule que plus de 60 % des esclaves de la Caroline du Sud étaient des Kongos. Ils avaient, parait-il des qualités mystiques : c’était des hommes mystérieux, qui avaient la capacité de disparaître mystiquement ou de se retrouver dans plusieurs endroits a la fois !
- Le professeur John Thornton de l’Université de Pennsylvanie a d’ailleurs confirmé que tous les esclaves chrétiens de la Caroline du Sud s’étaient convertis dans la religion Catholique, mais ensuite reconvertis dans celle de Kimpa Vita (cf John Thornton, « The congolese Saint Anthony », Cambridge University Press, 1998);
- Le 9 septembre 1739, en Caroline du Sud un esclave Kongo connu sous le nom de Jemmy fut à la tête d’un soulèvement d’esclaves connu comme « The Stono Rebelion Of 9 Septembre 1739 », considéré comme le plus grand soulèvement d’esclaves dans toute l’histoire de l’Amérique du nord;
- C’était un dimanche jour de repos à côté de la Rivière Stono , situé a quelques kilomètres de la ville de Charleston. Ces esclaves avaient attaqué une cache d’armes ; certains était des guerriers qui avait combattu dans la province de Mbamba et savaient donc manier les armes. Ils semèrent la terreur, brûlèrent des maisons en criant « Lukangu ou lucangu », un mot qui veut dire « Fermer, mais aussi libérer », récité dans le Salve Antoniana, une prière du Bundu de Kimpa Vita;
- Ces esclaves originaires du Kongo se réfugièrent ensuite en Floride, où les colons espagnols qui avaient promis la liberté aux esclaves d’Amérique, leurs donnèrent une terre en créant la ville de Santa Teresa De Mose, première ville des noirs libres dans toute l’histoire de l’Amérique du nord;
- Il faut noter que c’est à partir de la révolution de Stono que les colons d’Amérique du Nord ont cessé d’importer des esclaves Kongos, en se tournant vers l’Afrique de l’Ouest, pendant presque une décennie. Ensuite, ce sont les Français qui ramenèrent des esclaves Kongos en Louisiane.
En Haïti : on notera également que les révolutionnaires Haïtiens chantait en Kikongo « Kanga Mundele, Kanga Ndoki » (enfermez ces Blancs, enfermez ces sorciers.) des paroles que l’on retrouve également dans le Salve Antoniana, une prière de Mama Kimpa Vita.
- Ces révolutionnaires haïtiens avait infligé une défaite cuisante à l’armée napoléonienne, la plus puissante de l’époque;
- Pendant cette période révolutionnaire d’Haïti, on a beaucoup parlé d’un certain Makandala, nom transformer par les occidentaux en Mack Dal. Il fut un grand révolutionnaire d’origine Kongo qui avait exécuté un grand nombre de Français;
- Cette révolution donna naissance à la première république noire de l’histoire de l’humanité. Ce sont aussi les Haïtiens qui ont aidé Simon Bolivar, dans sa lutte contre les Espagnols. Et c’est du port de Jacmel en Haïti que les troupes de Simon Bolivar s’élancèrent en 1816 vers les victoires et la libération du joug colonial espagnol de 5 pays d’Amérique Latine;
- Le vaudou d’Haïti: certains stipulent qu’elle est la symbiose de la pratique traditionnelle Kongo, Yoruba du Nigeria, et Fons du Dahomey (Benin) , dans son folklore et sa pratique;
- On utilise souvent les Pakets Kongo, Talisman en tissu pour la protection contre les forces négatives, on invoque les Nsimba (esprit eaux dont Kimpa Vita parlait lors de ses prédications);
- Dans la musique traditionnelle d’Haïti, on retrouve également un rythme appelé « Yaya Tikongo » Et le tambour « Bonga », d’origine Kongo.
En Jamaïque : la population noire est divisée en deux : les « Maroons Nation » et les « Kongo Nation » Ou « Bongo Nation ».
- Les Maroons Nation sont originaires de l’Afrique de l’Ouest et parlent le « Kromanti » ,qui vient du Fort Cormantin, parlé au Ghana. Les Maroons Nation sont concentrés dans les Blue mountain de la Jamaïque (cfr l’Histoire de Nanny des Maroons sur ce site), tandis que les Kongos Nation ou Bongos Nation sont concentrés dans l’est de la Jamaïque, et parlent une langue très similaire au Kikongo;
- Ces derniers sont les descendants des esclaves Kongos, arrivés en Jamaïque au 18 ème siecle. Le rythme musical des Kongo Nation de la Jamaïque est appelé « Kumina », Ou « Kodongo ». Leur drum s’appelle le « Ngoma », et ils l’utilisent pour invoquer les esprits des ancêtres;
- Leur musique s’appelle le « Nyabinghi » (cfr l’Histoire de Nyabinghi, Reine des Rastafari sur ce site). Les Kongo Nation, bien que plongés dans l’Universal Négro Catechism de Marcus Garvey, un Jamaïcain originaire des Maroon Nation, et aussi aux theories du Jah Rastafari Haile Sélassié, croient en la négritude de Jésus-Christ comme leurs ancêtres Kongos, qui eux ont acquis cette connaissance de mama Kimpa Vita.
Au Brésil : les premiers esclaves à arriver furent des Kongos en 1705, et ces derniers furent les premiers Noirs à être en contact avec les Indiens du Bara-Tzil (terre de la croix, terre de la lumière selon les Indiens).
- Ces Kongos ont été cofondateurs de la samba, la rumba, le maculele. D’ailleurs, l’un des plus grands musiciens de la samba n’est autre qu’un Kongo, connu sous le nom d’Ernesto Joaquim Maria Dos Santos Alias Donga;
- Le groupe Oita Batutas, les Kongos du Brésil, se sont illustrés dans tous les mouvements de lutte pour la liberté des Noirs du Bresil, avec notamment des Kongo tels que « Zumbi », premier leader du mouvement de libération des Noirs du Brésil, l’un des pionniers des Quilombos (communautés indépendantes des Noirs au Brésil, fondés par les Kongo);
- Nous ne manquerons pas de citer également Besouro Manganga, Manuel Dos Reis Machado alias Mestrebima…À Salvador, la plus grande ville noire du Bresil, dans la province de Bahia, prédomine une religion appelée Condomble, qui est un melange de la pratique spirituelle des esclaves Kongo et Yoruba du Nigeria;
- Cette religion est divisée en deux : le Gege-Nago Condomble basé sur la tradition Yoruba, et le Caboclo Candomble ( caboclo = caboclo de aruanda , les Indiens de Luanda ) ou encore le Condomble Do Kongo, qui est une danse en l’honneur de Dieu et des Saints. Les praticiens du Condomble croient eux aussi en la négritude de Jésus-Christ, et des pères de l’Église;
- Toujours au Brésil, on parle aussi de la religion Umbanda, Quimbanda, dont l’origine est méconnue. Certains parlent néanmoins d’une origine indienne, mais d’autres stigmatisent qu’Umbanda vient du Kikongo « Kumbanda », qui signifie guerrir avec l’aide des esprits appelés les « Zumbi », un mot derivé de « Simbi », Esprits des ancêtres qui vivent dans l’eau comme disait Mama Kimpa Vita. Il est beaucoup pratiqué dans le sud du Brésil;
- Pour finir, on distingue aussi la religion « Macumba », dans laquelle on trouve quelques pratiques Kongos.
À Cuba : également, les premiers esclaves arrivèrent d’abord en provenance d’Hauts en 1513. Ensuite, en 1520, 300 esclaves arrivèrent d’Afrique, du Kongo.
- Il y eu des mouvements revolutionaires où des esclaves s’enfuirent dans les montagnes de l’est de Cuba. Ces fugitifs sont connus dans l’histoire de cuba comme les « Cimarrones ou Cimarrones Kongo »;
- Dans ces montagnes, ils formèrent des communautés « Les palanquens ». Les Kongos de Cuba ont continué leurs pratiques religieuse du « Kongo Dia Ntotela », et c’est de ces palenquens de Cuba qu’est né le « Palo Mayombe », originaire du Kongo: une façon de communiquer avec les esprits;
- L’’arbre et la foret sont considérés comme des symboles du monde invisible, comme le disait Kimpa Vita. Dieu est appelér « Zambi », et les esprits « Enkisi », et les esprits de la lumière « Ensambi ». Les esprits des ténèbres sont appelés « Endoki », et les adeptes males sont appellés des « Tata », et les adeptes femelles sont appelées des « Yaya ». Celui qui dirige le culte est appelé « Tata Nganga »;
- Pendant la guerre d’indépendance de Cuba ou guerre hispano-américaine, c’est sont également des noirs originaire du Kongo Dia Ntotela que se sont illustrés les legendaires « Grito DE Yara » Cri de Yara, Mariano Ganga, Domingo Macua, Felipe Macua, Mayimbe Jose Dolores, Ambrosia Kongo, Felipe Ganga, Lorenzo Ganga, sans oublier Ma Dolores Iznaga, l’esclave Ganga qui guerrisait les esclaves traditionnelement.
Au Mexique, Venezuela, Colombie, Argentine, Surinam et aux Barbades : dans ces pays, les communautés noires pratiquent aussi le Palo Mayombe, qui a une connotation Kongo, et dont les pratiques proviennent et sont similaires au Bundu Dia Mama Kimpa Vita.
- Il faut savoir que le Méxique a eu un président Noir nommé Vicente Guerrero, commandant de l’armee du Méxique de 1823 à 1824, ensuite premier President Noir du MexiqueE de 1829 a 1830. On dit qu’il avait des origines Kongos.
Que le Dieu de nos ancêtres vous bénisse tous. En espérant que cet article vous ait parlé, vous parle et vous parlera encore. KongoLisolo Eloko Ya Makasi !