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Devoir de Mémoire : Le ciel dont rêvent les Noirs/Africains dans l’imaginaire d’un peuple fait partie de ce qui donne sens à la vie, c’est celui de ses traditions ancestrales, faites de mythes, de contes, de proverbes, d’énigmes et de généalogies, c’est aussi celui de ses rêves, de ses confidences, de sa sensibilité, de ses émotions, de ses effets; de toutes ces histoires qui nous sont imposées ou qui nous sont racontées et dont nous nous racontons l’histoire; (c’est l’imaginaire, présent dans l’esprit de chacun, qui fertilise ses pensées et ses projets; « C’est grâce à lui qu’il se détache sur fond d’émotions; c’est le lieu désigné où chacun emmagasine des images ou des représentations mentales chargées de joie ou de peine, d’amour, de bien-être, de chagrin ou de désespoir, (c’est un modèle directeur, une pensée et un socle sur lequel nous puisons nos motivations et nos engagements) »

Sans cela, il ne nous serait pas permis de parler du mythe fondateur de notre être qu’il faut ensuite éclairer en faisant de la lumière de l’Afrique notre terre (Père-Mère). C’est lui qu’il faut peupler de repères vitaux à découvrir ou à inventer progressivement pour enseigner aux enfants (…) l’histoire d’un destin lumineux et glorieux (Kâ Mana). « Les grands peuples ont toujours su s’identifier à ces mythes fondateurs, à une genèse ou à un berceau. Ils ont eu la possibilité de construire une origine, de l’inventer et de décider de s’engager à en satisfaire les exigences; (Il s’agit d’un aspect ontologique, qui explique leur existence) ».

Les Noirs/Africains souffrent déjà de la photographie d’un mauvais imaginaire social et d’une représentation du ciel contrôlée par une logique exclusiviste. S’ensuit une réflexion critique issue de l’étude du dialogue entre un chrétien et un païen, qui conduit à revisiter la question initiale à la lumière d’une pensée scientifique compatible avec la volonté Noire/Africaine de reprendre l’initiative historique, de promouvoir l’identité de (Muntu) dans sa profondeur, et de renouer avec sa mémoire historique sur terre comme au ciel.

Y a-t-il des Noirs/Africains au ciel ? La réponse est négative si l’on s’inscrit dans une vision idéologique et théologique qui maintient le (Muntu) dans la misère sociale, l’obscurité de l’erreur, du péché, du mal, de la culpabilité et de l’irresponsabilité, le sacramentalisme du baptême à tout prix. Elle est d’autant plus fataliste et péremptoire qu’elle émane d’une épistémologie de la malédiction de Cham et du salut des âmes. On ne peut croire à la capacité de ces âmes à répondre de leurs actes et à assumer leurs responsabilités. C’est pourquoi la philosophie scolastique, qui a servi de support philosophique à une certaine pensée de l’Église catholique, reste incohérente.

De ce fait, le ciel est avant tout l’apanage des autres. (Les rares Noirs/Africains ne peuvent accéder au paradis que s’ils sont rachetés par le sang de Jésus – Une conception totalisante et non statique de (Muntu Mwine) pourrait représenter une image de la personne humaine capable de répondre à ce qu’elle fait au jour du soi-disant jugement final). Si le paradis existe, il n’exclut pas les ancêtres ou les enfants noirs/africains qui n’ont pas connu le baptême. Même la souffrance n’empêche personne en Afrique d’accéder à la porte du paradis. Elle n’est pas l’apanage des riches de ce monde.

Comme on le voit, il y a une réponse positive à la question posée, qui nous pousse à développer une idée respectueuse de la culture africaine et de son sens profond. Il ne suffit pas de dire, si le Noir/Africain se convertit à sa pensée originelle de la Vallée du Nil, celle qui a apporté à l’humanité tous les éléments de la civilisation, celle qui renvoie au lieu natif d’émergence de l’idée de Dieu et de l’homme, celui qui la pense, s’il se la réapproprie il lui sera donné d’aspirer uniquement à la sienne (Kala Kakomba Ka Mawesha), terre balayée par Dieu. Il sera constamment convaincu de son accessibilité à cette destination de fin d’existence terrestre qui n’est qu’un pèlerinage. « La terre balayée par Dieu n’est cependant pas un lieu de repos complet, mais nous continuons à y assumer nos responsabilités. Rien à voir, à cet égard, avec la croyance en une vie éternelle de bonheur sans fin avec Dieu et tous les saints, qui nourrit l’espérance chrétienne ».

Le ciel n’est pas au-dessus de nos têtes. C’est une sphère où nous vivons la vie supérieure tandis que la terre est une grande école d’expérience où l’esprit s’exprime à travers la matière. Aussi, faut-il ajouter qu’un Noir/Africain authentique est un être éternel. Lorsqu’il meurt, il pense avant tout à sa rencontre avec sa famille décédée (grands-pères, tantes; Etc.) qu’il retrouvera dans l’au-delà et, par la suite, aux autres membres décédés de la communauté Noire dont il est issu. Il ne pense pas spontanément à une représentation du ciel qui structure l’imaginaire de l’Homme Noir/Africain d’aujourd’hui. Il serait absurde de l’inviter à adorer la (Sainte Vierge Marie) à l’occasion d’un deuil. Un acte d’éloge dans ce sens n’est pas à l’ordre du jour comme en témoignent certaines familles africaines éprouvées et parfois révoltées.

Plus que quiconque, le Noir/Africain est un être naturellement éternel. Il est intrinsèque à la vie d’apprécier l’importance et la pertinence de l’éternité. Elle est, dans une large mesure, au-delà de la vie. Cela nous permet de comprendre que le (Muntu) est un être destiné. Il ne lui suffit pas de faire le bien, de pratiquer la justice. Il lui importe aussi d’assumer sa destinée dont le sens se définit au-delà de l’histoire. Ainsi perçue, l’idée d’éternité donne un sens ultime à la vie ici-bas.

La vie du (Muntu) se joue sur terre, mais elle a une dimension de destinée divine qui ne l’arrache pas à ses tâches sociales et le conduit à comprendre qu’il devra répondre à son Créateur et aux Ancêtres fondateurs de son comportement envers la vie, la nature et les humains. En haut et en bas : la vie des Noirs/Africains est un déterminant essentiel de l’expérience du paradis dans l’au-delà.

Le ciel

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