Maîtrisant quatre langues, dont l’arabe, Maya Angelou a été « rédactrice en chef » d’un journal arabe pendant sa jeunesse. Après avoir vaincu le viol à l’âge à neuf ans, être devenue mère à l’âge de 16 ans, avoir abandonné ses études et se tourner brièvement vers la prostitution, alors que son travail de serveuse ne pouvait plus les réduire (elle et son bébé), elle était finalement devenue la quintessence de triomphe.
POURTANT JE M’ÉLÈVE, PAR MAYA ANGELOU.
- Vous pouvez me rabaisser pour l’histoire;
Avec vos mensonges amers et tordus,
Vous pouvez me traîner dans la boue,
Mais comme la poussière, je m’élève pourtant.
- Mon insolence vous met-elle en colère?
Pourquoi vous drapez-vous de tristesse,
De me voir marcher comme si j’avais des puits,
De pétrole pompant dans ma salle à manger?
- Comme de simples lunes et de simples soleils;
Avec la certitude des marées,
Comme de simples espoirs jaillissants,
Je m’élève pourtant.
- Voulez-vous me voir brisée?
La tête et les yeux baissés?
Les épaules tombantes comme des larmes.
Affaiblie par mes pleurs émouvants.
- Es-ce mon dédain qui vous blesse?
Ne prenez-vous pas affreusement mal
De me voir rire comme si j’avais des mines
d’or creusant dans mon potager?
- Vous pouvez m’abattre de vos paroles,
Me découper avec vos yeux,
Me tuer de toute votre haine,
Mais comme l’air, je m’élève pourtant.
- Ma sensualité vous met-elle en colère?
Cela vous surprend-il vraiment
De me voir danser comme si j’avais des
Diamants, à la jointure de mes cuisses?
- Hors des cabanes honteuses de l’histoire
Je m’élève
Surgissant d’un passé enraciné de douleur
Je m’élève
Je suis un océan noir, bondissant et large,
Jaillissant et gonflant je tiens dans la marée.
En laissant derrière moi des nuits de terreur et de peur
Je m’élève
Vers une aube merveilleusement claire
Je m’élève
Emportant les présents que mes ancêtres m’ont donnés,
Je suis le rêve et l’espérance de l’esclave.
Je m’élève
Je m’élève
Je m’élève
Traduit par Olivier Favier. Extrait du recueil And still I rise, 1978.