KONGOLISOLO
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La genèse du monde selon les Bamiléké : la femme, dépositaire exclusif de l’art sacré de la création; (au commencement était la terre et la terre était Dieu); dans la plupart des langues de l’Ouest du Kameroun, le même mot, (Si), désigne Dieu et la surface de la terre, « Dieu résidait dans la terre et en constituait l’élément mâle et le principe actif; Dieu le Père trouva que la surface de la terre manquait d’animation et décida de la peupler de créatures moindres; comme un potier, l’Être Suprême façonna le premier homme avec de la terre; il utilise la couleur de la terre et une pierre de finition pour diversifier à l’infini la plasticité de ses modèles; (il y en a des gros, des petits, des clairs, des marrons, des Noirs, des blancs Etc) »

À la fin des travaux Dieu propulsa l’homme de l’atelier souterrain à la surface de la terre « Ka » (Haut) et chargea la terre de le porter et de le nourrir. En échange du rôle maternel de la déesse de la terre, Dieu a donné à l’homme quatre prescriptions majeures :

  • 1. L’institution d’une période sabbatique pendant laquelle les travaux agricoles seront suspendus pour permettre à la terre de se reposer et de se régénérer;
  • 2. L’interdiction de souiller la terre sacrée, lieu de repos eternel des âmes bienveillantes, par les corps des suicidés et ceux des personnes dont la mort n’a pas respecté le code de l’honneur en vigueur;
  • 3. L’organisation d’une cérémonie de pénitence populaire destinée à apaiser la colère de la terre quand il lui arrive de châtier, par des catastrophes naturelles, les dérives humaines Etc;
  • 4. L’obligation d’enterrer un moignon du cordon ombilical de chaque nouveau-né afin que l’être humain reste connecté à sa terre, aux siens et à son Dieu.

Les jeunes mamans porteront le titre prestigieux de « Meve », (la mère de l’art ou l’artiste). Le papa ne sera pas « Ta’a ve », (le père de l’art), mais seulement, « Ta’a Meve » (le père de la mère de l’art). La femme mariée qui rendra l’âme sans jamais avoir conçu sera enterrée avec une pierre dans la paume de la main. Les humains la chargeront ainsi de remettre à Dieu l’outil de création dont elle n’a pas su faire usage sur terre. De même, la jeune fille qui s’assiéra sur un rocher, manquant ainsi du respect à la pierre de modelage de l’espèce humaine, s’exposera au risque de ne pas procréer plus tard.

La femme enceinte sera considérée comme un temple sacré dont l’accès est fermé aux créations imparfaites. Après accouchement, son partenaire évitera par conséquent toute relation charnelle avec elle jusqu’à qu’à la date du sevrage du bébé. Toute contravention à cette interdiction équivaudra à la profanation d’un lieu sacré. Il reviendra prioritairement à la femme le droit de mettre en valeur la terre avec laquelle elle partage les mêmes attributs de fertilité.

La genèse

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