Pour les Akan du Ghana, l’univers a été généré par Nyame, une déesse mère identifiée à la lune. Chez les Zoulous, l’esprit éternel donne l’ordre à la déesse mère Ma de se créer elle-même, puis de créer les étoiles, le soleil et la terre. Du sud de l’Algérie à Tombouctou, le premier objet créé aurait été un grand serpent, Minia.
Les Bambara d’Afrique de l’Ouest ont conçu l’un des mythes les plus complexes: le vide primordial, Fu, a donné naissance à la connaissance, Gla gla zo. La connaissance et la vacuité constituent la force créatrice de l’univers à partir de laquelle commence un processus mystique d’énergie libérée et rétractée. Ce processus aboutit à la formation de la conscience humaine, principe de l’univers. Puis le Glan ou vide originel commence à s’enrouler en deux spirales tournant en sens inverse l’un(e) de l’autre : il donne ainsi naissance à quatre mondes. Une masse lourde tombe et devient la terre une partie légère s’élève et devient le ciel, qui, s’étendant sur la terre sous forme d’eau, permet l’éclosion de la vie: alors l’herbe et les animaux aquatiques apparaissent. Plus simplement pour les Bantous du Rwanda, le dieu suprême, Imaana, crée à partir de rien, par la force de sa parole, son verbe comme dans la Bible que Yahmeh crée en formant un souhait qui se réalise immédiatement: «Que la lumière soit. Et il y avait de la lumière (Genèse, 1, 2).
Nous avons donc en Afrique une variété très importante de modes de création. Il en est de même pour l’apparence de l’homme: il peut émerger d’un roseau (Thonga et Zulu) ou d’un arbre (Herero, Bambara), il peut surgir spontanément de la surface de la terre (Kouroumba, Tswana, Tallensi) ou même descendre du ciel à l’aide de la toile d’araignée (Kouroumba, Tallensi, Dogon). Il peut aussi être créé directement par un Dieu (Négrilles du Gabon, Fon, Dogon, Kotoko).
Maison, d’Arou pays Dogon, Mali : l’immortalité
D’un bout à l’autre du continent africain, l’homme est convaincu de la supériorité de l’humain vis-à-vis de ce qui existe. Et pourtant, il connaît la mort. De nombreux mythes expliquent comment ce malheur lui est arrivé: un accident le plus souvent, un oubli, une négligence, mais rarement une désobéissance. Les Wafipa du Zaïre racontent que le jour où Dieu est descendu sur terre, le serpent saluât sa venue, c’est pourquoi le serpent ne meurt pas, mais mue chaque année.
Les Massaïs de Tanzanie racontent que Dieu veut réserver aux hommes un destin très doux. Il choisit alors Le-Eyo, un homme à qui il donne ce conseil : « Lorsque votre premier enfant sera pris de mort, vous devrez lui dire cette formule: l’homme meurt et revient; la lune meurt et ne revient pas. Ainsi il sera rappelé à la vie »; mais Le-Eyo oublie les instructions pour le premier enfant et, pour le second, la formule n’a plus d’efficacité. En Côte d’Ivoire, les Bété racontent une autre histoire. Quand Dieu créa les hommes, il leur recommanda : « Ne vous éloignez pas de moi, sinon vous risquez de mourir »; mais les hommes se sont établis loin de Dieu.
Dieu décide un jour de leur adresser deux messages. Seul le premier se réalisera. Il charge un lézard d’aller dire aux hommes : « L’homme mourra et ce sera pour toujours », et un caméléon de déclarer : « Désormais, l’homme mourra, mais il reviendra à la vie ». Le lent caméléon arrive bien après le lézard; les hommes seront donc mortels.
Il nous a semblé important de faire une parenthèse et d’explorer la mythologie Africaine, comme nous savons que ce dernier est à l’origine de nombreux syncrétismes en Amérique du Sud et les îles d’outre-mer.