Le code Noir était destiné notamment à favoriser la culture de la canne à sucre, qui se développait alors aux Antilles, sans aucune législation concernant les esclaves. Sous le règne de Louis XIII, le cardinal de Richelieu encouragea la traite Négrière au motif qu’elle était déjà pratiquée dans les monarchies européennes.
Par cette ordonnance, Louis XIV légifère notamment sur la condition des esclaves, alors présents dans les îles du sud de l’Amérique française, et formalise ou édicte un certain nombre de pratiques, notamment : les dimanches et jours fériés chrétiens seront obligatoirement non -travail; une nourriture suffisante est nécessaire, de même que des vêtements; interdiction de séparer conjoints et enfants lors d’une vente; la torture est interdite; abus sexuels interdits; les maîtres ne peuvent pas tuer leurs esclaves ; et des limites sont fixées aux châtiments corporels (qui sont alors les mêmes qu’en France métropolitaine, comme pour toute personne non noble).
Cependant, en l’espace d’un siècle, toutes ces règles ne seront pas respectées par certains propriétaires. Et quelles que soient ces conditions, la privation de liberté, et l’arrachement aux pays d’origine, laisseront des souvenirs douloureux, qui hantent encore les mémoires du XXIe siècle.
Autre point de cette législation, les Juifs furent expulsés des Antilles, le Roi ne souhaitant, à cette période de son règne, qu’une seule religion sur toutes les terres appartenant au Royaume de France. Le code Noir est l’un des symboles forts de la traite négrière occidentale, car l’ordonnance a permis de développer, avec les autres puissances européennes, le tristement célèbre commerce triangulaire, qui sera considérable au XVIIIe siècle. Il faudra alors plusieurs décennies avant que les abolitions de l’esclavage renaissent à l’époque moderne, parfois progressivement, notamment avec le Portugal en 1761, et la France à partir de la Révolution française.
La Martinique, malgré la réforme légale, est en fait un pays colonisé, une colonie d’un type particulier, si l’on veut; mais c’est un pays colonisé. Il est clair que ce que je reproche principalement au régime actuel, c’est d’être la feuille de vigne de la colonisation, de la domination. Si je voulais définir très précisément le type de colonisation qui est ici en Martinique, je dirais que c’est une sorte de régime paternaliste
By, Aimé Césaire.