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Devoir de mémoire : Frédéric Bruly Bouabré, l’inventeur de l’écriture Noire, (dans les années 1950, en Côte d’Ivoire, l’artiste Frédéric Bruly Bouabré a créé plusieurs centaines de pictogrammes, à partir de mots d’une syllabe dans sa langue Bété, afin d’aider les personnes en la communauté Bété apprend à lire plus rapidement); « Même si quelque 600 000 Bétés vivent en Côte d’Ivoire, leur langue n’est pas enseignée dans les écoles et tout l’enseignement se fait en français »

Bouabré, doté de 400 pictogrammes, dans diverses combinaisons, propose une méthode pédagogique ludique et concrète, comme le démontre Alphabet de Bruly Bouabré. Comme l’explique aujourd’hui la vieille Bouabré, son objectif était de former une écriture spécifique Africaine à partir de scènes de la vie humaine.

Aujourd’hui, un petit nombre de personnes continuent d’utiliser l’alphabet Bruly et des musées du monde entier ont exposé ses créations. « À partir du sol de sa terre, des petits cailloux Noirs aux formes et reliefs singuliers, Bruly a donné une représentation graphique à une langue vernaculaire, la sienne, parlée dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire ».

Il n’a pas inventé sa langue, il a inventé l’écriture elle-même : l’alphabet Bété. Pour Philippe Bordas, c’est un choc. Cet enfant de la littérature française, presque autodidacte lui aussi, a grandi dans le vide des HLM, sur un sol où rien ne prend racine.

Absorbé par le temps mythologique de Bruly, il se retrouve nez à nez avec (un grand grève, un champion des bois, un poète fondateur). Un homme, appelé par Dieu à renaître à travers le langage, pour contrer le manque d’armes de sa tribu par le pouvoir de la parole. Convaincu qu’il est impossible de s’affranchir et de chanter sa liberté dans le langage des autres, Bruly a créé, au fil des années, une véritable mythographie.

Il passe ses matinées et ses nuits, à établir une gigantesque encyclopédie. Une synthèse du monde, contenant notamment une adaptation bété de la Divine Comédie de Dante. Une œuvre poétique totale, déroutante (l’universel des Blancs), et qui repose en pleine forêt, dans des sacs de riz, au fond d’une chapelle de terre rouge grouillant de fourmis et de termites.

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