KONGOLISOLO
Actualité

Devoir de mémoire : la décolonisation ou la politique du compromis (Exercer le pouvoir est aussi difficile que d’y accéder, surtout quand on a affaire à des autorités coloniales et à des groupes sociaux aux intérêts divergents); Nkrumah et son gouvernement se fixent donc un délai de six ans pour maîtriser les rouages de la souveraineté (diplomatie, défense, budget, pouvoir de nomination dans la fonction publique); « Ce délai peut sembler contradictoire avec le mot d’ordre (indépendance immédiate), mais il s’avère nécessaire (les Noirs/Africains, lorsqu’ils arrivent au pouvoir, n’ont aucune connaissance des affaires en cours puisque les colons, dès la première heure, se sont efforcés de les en écarter) par conséquent leur travail est particulièrement pénible (apprendre des dossiers techniques, découvrir les rouages de l’administration, se tromper pour apprendre, Etc), tout cela prend du temps, sous le regard mi-condescendant mi- conseillers britanniques bienveillants »

Pire encore, la résistance à l’indépendance se fait jour parmi des groupes d’Africains éloignés du pouvoir colonial. Le système d’administration indirecte met notamment aux prises les chefs locaux qui avaient pactisé avec le colonisateur : ils craignent que l’indépendance ne remette en cause leur légitimité. Aux côtés des chefs traditionnels, l’ancienne classe politique de l’UGCC, qui a hérité des réflexes conservateurs de la NCBWA, se sent trahie par Londres, accusée d’avoir laissé de jeunes aventuriers prendre le pouvoir.

Alors que la construction du nouvel État qui doit conduire à l’indépendance demande l’effort de tous, cette élite a mis en tête que l’échec de Nkrumah, quitte à signifier l’échec de l’indépendance serait le meilleur moyen de reprendre le pouvoir. Dans les années précédant l’indépendance, les élites se déchirent : alors qu’une partie de la classe politique salue la bienveillance des Britanniques et se contentera en échange de quelques miettes de pouvoir, Nkrumah adopte une attitude plus radicale. Pour gagner le soutien du peuple, il estime que les Africains ne doivent pas mendier auprès des Britanniques mais que ce sont les colons qui doivent remercier les Africains de continuer à les accepter et à les soutenir, et non à les tenir responsables des conséquences néfastes. de la colonisation.

Des divisions apparaissent également au sein des élites indépendantistes (séparatistes) elles-mêmes, massivement soutenu par la population. En 1951, le PCP est peu à peu gagné, à son apogée, par ce que certains discours appellent à l’époque des (réflexes petits-bourgeois) : certains fonctionnaires, en quête d’enrichissement personnel et de privilèges, cherchent à ménager les intérêts des entreprises occidentales qui entendent garder le contrôle de l’économie locale malgré l’indépendance annoncée. Pour contrer ces velléités conservatrices, des dirigeants syndicaux emprisonnés en même temps que Nkrumah décident de s’organiser pour prendre le contrôle du Gold Coast Trade Union Congress (GCTUC), le syndicat pro-britannique. La radicalisation de certains indépendantistes s’explique aussi par la prudence de Nkrumah dans les années précédant l’indépendance. Observant que chaque élection locale avant l’indépendance en 1957 est marquée par des actes de banditisme et d’intimidation, il sait que le moindre dérapage peut servir de prétexte à Londres pour tout annuler et revenir à la situation d’avant 1951. Nkrumah décide alors, de son propre chef, expulser les militants radicaux du CPP pour contrer ceux qui, de plus en plus nombreux, l’accusent de (communisme).

Malgré les difficultés, le CPP, qui comptait alors 700 000 membres répartis dans environ un demi-millier de sections, remporta tour à tour les élections de 1954 et 1956. Rien n’empêche donc la Gold Coast d’accéder à la pleine souveraineté. Le 6 mars 1957, jour anniversaire du Fanti Bond, l’accord par lequel le Royaume-Uni avait établi, en 1844, les bases de sa domination coloniale, le territoire accédait à l’indépendance sous le nom de Ghana, avec un drapeau vert, rouge et or flanqué en son centre d’une étoile, en hommage à Marcus Garvey. Outre la référence au royaume précolonial du même nom, rebaptiser le pays ”Ghana” est une manière de réaffirmer l’indépendance d’un Etat : contrairement à Gold Coast (Gold Coast), ce nom n’est plus naturel pour être traduit différemment selon les langues étrangères.

Dans son discours d’indépendance, Nkrumah remercie d’abord les jeunes, les paysans et les femmes pour leur combat, avant de saluer les anciens administrateurs britanniques. En fait, au cours des six années de partage du pouvoir à l’indépendance, Nkrumah est devenu moins catégorique quant à la présence britannique. En saluant l’ancienne puissance coloniale, il tient à le remercier de ne pas s’être opposé à un processus inéluctable.

Avec fierté, il appelle à la création d’une nouvelle (personnalité Africaine), demandant à son peuple de changer d’état d’esprit, de se rendre compte qu’il est libre et indépendant : Africain, déclare-t-il, vont enfin pouvoir montrer de quoi ils sont capables. Mais il prévient aussi que l’indépendance du Ghana n’est qu’une étape et que de nouvelles batailles devront être livrées. « Notre indépendance, souligne-t-il, n’est rien si elle n’est pas liée à la libération totale de l’Afrique ! » 

décolonisation

Articles similaires

Laisser un Commentaire