L’idée des deux affairistes est de ramener avec eux un jeune prince – ou du moins un jeune homme astucieux qui puisse tenir ce rôle – Afin de persuader le roi de les aider et de faire de ce Noir/Africain un allié utile dans l’expansion future de leur commerce.
Aniaba, accompagné de son cousin Banga, arriva en mai 1688 à La Rochelle et, de là, il passa à Paris. Au début, sa présence fut discrète, mais sa brusque conversion religieuse – peut-être orchestrée pour pousser Louis XIV à investir en Guinée – et qui aurait été occasionnée par une visite de Notre-Dame-de-Paris, fut très remarquée.
Aniaba fut dès lors l’objet de toutes sortes d’attentions.
- En 1691, il fut baptisé par Bossuet dans l’église des missions étrangères avec le prénom de son royal parrain, Louis. Bénéficiant de la protection, évidemment intéressée, d’un roi auquel il est présenté, (Louis-Jean), Aniaba obtient une substantielle pension et l’année suivante un brevet d’officier dans un régiment de cavalerie, ce qui, pour un Noir/Africain en France, est certainement sinon une première, du moins quelque chose de peu courant;
- Banga reçoit également un brevet et devient sous-lieutenant, en garnison à Gravelines, Bergues, Marsal et Tournai. On crée en son honneur, le 12 février 1701, l’ordre de chevalerie de l’Étoile-Notre-Dame. Au printemps 1701, après la mort du roi Zéna, un navire fut affrété en urgence par Louis XIV pour qu’Aniaba puisse monter sur le trône et favoriser la Compagnie de Guinée;
- Aniaba et Banga repartent, après 13 années passées en France, mais à l’arrivée, Aniaba déçoit : un roi est déjà sur le trône. Personne ne s’intéresse à lui. Il a été dit qu’Aniaba, se dépouillant de ses oripeaux européens et abjurant le christianisme pour retrouver le culte animiste, aurait alors fait preuve d’une ingrate et cinglante ironie vis-à-vis de ceux qui avaient misé sur lui pour développer une colonisation de l’Afrique.
Le portrait d’Aniaba, peint par Oudart-Augustin Justina, où il est représenté en compagnie de Louis XIV et de Bossuet a été perdu. Il reste une gravure (illustration).