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Fela Kuti place l’Afrique au centre du monde : la popularité de Bob Marley en Afrique est immense, mais elle n’est pas unique; « En 1977, lorsque le régime militaire d’Obasanjo organise le FESTAC à Lagos, le chanteur Fela Anikulapo (celui qui porte la mort dans sa poche) Kuti décide d’organiser un contre-festival pour les pauvres dans sa république de Kalakuta ! L’objectif était (de) montrer les coulisses mises en place par un régime corrompu ; en s’attaquant directement au pouvoir, Fela Kuti et ses proches font l’objet de persécutions et de représailles qui montrent la difficulté d’être un artiste politiquement engagé et indépendant en Afrique »

Fela, né en 1938 dans une famille politiquement engagée d’origine Yoruba, part étudier la médecine en Angleterre, avant de se réorienter vers des études musicales. En cela, il appartient à cette minorité consciente qui décide de renoncer à des privilèges pour exprimer des aspirations populaires. Á Londres, il fonde le premier groupe qui joue un mélange de jazz et de highlife, cette musique ghanéenne qui circule dans toute l’Afrique de l’Ouest. Lorsque la guerre du Biafra a éclaté au Nigeria en 1967, Fela a déménagé au Ghana, où il a trouvé les racines de l’afrobeat et les vestiges de l’ère panafricaine de Nkrumah.

En mêlant jazz et highlife, puis en y ajoutant des sonorités issues de la musique yoruba, des percussions et du funk noir américain, Fela produit une musique trance, aux accents psychédéliques, ponctuée de chants et de dialogues. Comme les gospels et les spirituals, le chanteur nigérian utilise un jeu d’appels et de réponses avec les choristes, donnant ainsi une musique polyrythmique. Lors d’une tournée américaine, découvre les thèses de Malcolm X et du Black Power. Avec son groupe Nigeria Africa 70’s, il intègre le rhythm’n’blues afro-américain pour compléter sa musique. L’afrobeat devient alors la musique panafricaine par excellence, rassemblant toutes les influences afro-américaines au sein d’un rythme yoruba, et sur des paroles chantées dans la langue du peuple nigérian, le pidgin.

Á son retour des États-Unis, le chanteur se consacre aux questions sociales et politiques, comme en témoignent ses albums (Zombie 1977 et Black President 1981), fonde son propre parti politique (Movement of le Peuple) et ouvre son studio d’enregistrement qui devient le centre de son territoire, qu’il appelle (République libre de Kalakuta). Avec beaucoup de courage, il annonce que Kalakuta est un territoire indépendant du Nigeria avec ses propres lois. Il y fait construire sa propre salle, l’Afrika Shrine (sanctuaire signifiant « lieu de pèlerinage »), qui devient un lieu incontournable de la scène musicale Africaine et internationale.

Déjouant le système capitaliste de l’industrie musicale en fondant sa renommée sur les concerts, il crée autour de lui une communauté panafricaine qui inquiète de plus en plus le régime militaire nigérian. Emprisonné et persécuté à plusieurs reprises, Fela n’abandonne pas la cause. Avec son nouveau groupe, l’Egypt 80’s, dont le nom témoigne de son évolution vers l’afrocentrisme, il compose avec le vibraphoniste afro-américain Roy Ayers un album intitulé. « Africa, Center of the World (L’Afrique, le centre du monde) ».

  • Sans doute, Fela, en mélangeant les influences musicales pour créer l’Afrobeat;
  • Mélange aussi les influences musicales pour créer l’Afrobeat;
  • Mélange aussi les références idéologiques et politiques de l’afrocentrisme, du panafricanisme et du nationalisme Noir, avec une satire sociale qui n’épargne aucun puissant, et qui le rend extrêmement populaire.

En 1984, la junte militaire de Muhammadu Buhari, qui dirigeait alors le Nigeria, accentue la pression sur le chanteur, qui est emprisonné pendant un an, puis libéré à la suite d’une mobilisation internationale. Fela rejoint alors Makeba et les nombreux autres artistes qui consacrent un album et des tournées à la lutte contre l’apartheid. Malade, réduit au silence sous la junte militaire de Sani Abacha, Fela Kuti, qui est peut-être l’artiste Noir/Africain le plus influent de son temps, est décédé le 2 août 1997.

Plus d’un million de personnes ont assisté à ses funérailles. Comme Bob Marley, Fela Kuti a chanté en faveur des mouvements de libération africains, acclamant le projet des États-Unis d’Afrique de Nkrumah et la philosophie du Black Power.

Fela Kuti

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