Au cours de ses sermons, Sam Sharpe a pu sensibiliser ses partisans aux débats anti-esclavagistes en Angleterre. En effet, depuis la fin du XVIIe siècle, l’Angleterre s’est engagée à abolir l’esclavage dans ses colonies. Samuel Sharpe avait informé ses fidèles que le Parlement britannique discutait de cette question. (Une fausse rumeur selon laquelle l’esclavage avait été officiellement aboli se répandit parmi les esclaves).
Ce fut le point de départ d’une grève générale initiée par le prédicateur Noir/Africain pour protester contre leurs difficiles conditions de travail. Cette grève se voulait initialement pacifique et s’est rapidement étendue à de nombreuses plantations de l’ouest de la Jamaïque. La période de Noël était aussi celle de la récolte de la canne à sucre. Les planteurs Blancs/Occidentaux étaient à cran, ce qui est facilement compréhensible quand on sait que la Jamaïque était une puissance sucrière; une grève, alors que la récolte requise (les heures supplémentaires) n’allait pas aider leur entreprise. « Le plan de résistance passive de Samuel Sharpe consistait à faire pression sur les planteurs (en frappant au portefeuille) pour que les autorités esclavagistes traitent mieux les esclaves et fassent preuve de plus de considération pour leur humanité. Sam avait expliqué son plan à ses disciples soigneusement sélectionnés après ses services religieux, les faisant jurer sur la Bible de lui rester fidèles ».
Le plan fut secrètement transmis aux autres paroisses et bientôt les esclaves de Trelawny, Westmoreland, St. Elizabeth et Manchester furent avertis et prêts à passer à l’action. Malheureusement, les plans de Sharpe parvinrent aux oreilles de certains planteurs. Bien entendu, les défenseurs de la société ploutocratique ne s’intéressèrent pas aux revendications des esclaves.
La confrontation était inévitable. La grève pacifique de Sharpe se transforma alors en la plus grande rébellion d’esclaves des Antilles britanniques, impliquant pas moins de 60 000 esclaves. Le 27 décembre 1831, la plantation de Kensington Estate fut incendiée. (Ce fut le signal du début de l’insurrection; une série d’autres incendies éclatèrent dans la région, une grande partie des récoltes furent brûlées et, en une semaine, les rebelles contrôlèrent tout l’intérieur à l’ouest de la Jamaïque). La rébellion armée et le pillage des plantations furent cependant rapidement réprimés. Dès la première semaine de janvier, le calme était revenu dans les plantations. Quatorze Blancs avaient été assassinés par des insurgés armés, mais plus de 200 esclaves avaient été tués par des milices armées au service des planteurs.
Le gouvernement esclavagiste britannique jugea, condamna et pendit de nombreux chefs rebelles, dont Samuel Sharpe, en 1832. Entre 310 et 340 esclaves furent condamnés à mort, bien que la plupart d’entre eux n’aient commis que des délits mineurs. Juste avant son exécution, le 23 mai 1832, Sharpe prononça ses derniers mots, reflétant sa détermination à briser ses chaînes et son absence de regret : (Je préférerais mourir sur la potence que vivre en esclavage). « La rébellion de Noël a eu un impact profond. Deux enquêtes parlementaires détaillées ont ensuite été lancées par la Couronne britannique. Le gouvernement colonial jamaïcain était en conflit depuis de nombreuses années avec les différentes bandes Neg Mawon de l’île et n’a jamais complètement réussi à éteindre la menace posée par ces Noirs/Africains auto-libérés de la servitude pour les affaires de plantation ».
L’insurrection menée par Sam Sharpe fut sans doute la rébellion de trop et contribua grandement à l’adoption par le Parlement de la loi sur l’abolition de l’esclavage de 1833 et à l’abolition définitive de l’esclavage dans tout l’Empire britannique en 1838. La résistance africaine avait rendu l’esclavage trop coûteux et donc non rentable.
Depuis le 31 mars 1982, le gouvernement jamaïcain honore Samuel Sharpe en tant que héros national aux côtés de la légendaire Queen Nanny et de Marcus Garvey. Samuel Sharpe honoré en tant que héros national sur le billet de banque jamaïcain de 50 dollars. « Alors que Noël est devenu une fête de consommation, souvenons-nous de Sam Sharpe qui s’est dressé contre l’oppression. Que ses idéaux de liberté et de détermination soient une inspiration pour nous tous ».