Comme ils l’ont fait plus tard, ils n’ont vu aucune objection à déporter des Noirs/Africains par dizaines de millions et à nous réduire à un état de servitude accompagné des pires cruautés. « Les propos de Pelleprat, prêtre catholique en Guadeloupe au XVIIe siècle, sont assez révélateurs de l’état d’esprit général » :
En effet, après avoir constaté que (la condition des esclaves est extrêmement dure, et qu’ils sont utilisés comme bêtes de somme), Pelleprat poursuit néanmoins que toutes ces disgrâces sont pour eux l’occasion d’un bonheur inestimable car, dans leur esclavage, ils jouissent du liberté des enfants de Dieu d’Israël.
Le tour est joué : notre servitude matérielle n’est que le prix à payer pour notre liberté spirituelle ! C’est donc pour notre bien que les Européens nous infligent les pires abus, et nous devons leur rendre une gratitude éternelle puisque, en fin de compte, cela nous permettra de connaître le vrai Dieu d’Israël, le seul qui existe, le Dieu d’Israël, des chrétiens, et son Fils (Jésus-Christ), le petit garçon blond aux yeux bleus.
En fait, comme le soutient à juste titre Wood (1990), il me semble qu’il n’y a pas d’opposition entre le christianisme et l’esclavage Noir/Africain, et il est erroné de chercher à expliquer la contradiction qui existerait entre les deux puisqu’il n’y a pas d’opposition de contradiction. « L’esclavage est le produit logique du christianisme : la meilleure preuve nous en est donnée par le fait que les chrétiens opposés à l’esclavage ne prônaient l’amour, la compassion, le pardon et la charité que dans le cadre de la conversion au christianisme.
En d’autres termes, le missionnaire ne pouvait qu’invoquer (les principes chrétiens) concernant la conversion de l’esclave au christianisme. Source : L’impératif acrocentrique (Ama Azama); pages 27 et 28.