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Charles Hamilton Houston, « The Man Who Killed Jim Crow » L’homme qui mit fin aux lois « Jim Crow » : un célèbre avocat des droits civiques est l’architecte de la stratégie des droits civiques qui a conduit en 1954 à la décision de la Cour suprême des Etats-Unis sur Brown V. Board of Education

La loi qui mit fin à la légalité de la ségrégation, la loi « Jim Crow » Entre autre : la plupart de ces lois sont connues sous le nom de « Lois Jim Crow », En référence au personnage fictionnelle d’une chanson – « Jump Jim Crow » – Datant de 1828 et mettant en musique les tribulations de Jim Crow, un Noir du Sud profond. 

Cette rengaine fut tellement populaire que Jim Crow devint rapidement un terme générique pour désigner, de façon péjorative, les Afro-américains. Profitant du régime fédéral qui confère à chaque État américain une très grande liberté dans la façon de régir le statut de ses habitants, à partir de 1876 les onze ex-États sécessionnistes purent contourner la loi pour édicter des « Codes noirs. » 

Houston est né le 3 septembre 1895 à Washington, DC, son père William Houston était aussi avocat, sa mère Mary Houston coiffeuse et couturière. Il a fréquenté le Lycée Dunbar à Washington, DC. Après l’obtention de son diplôme, il s’inscrit à Amherst College dans le Massachusetts, où il est le seul étudiant noir de sa classe. Après son diplôme à Amherst, Houston retourne à Washington. Il rejoint l’armée des Etats-Unis, le camp de formation des officiers noirs pour son service militaire à Fort Des Moines, Iowa en 1917.

Houston est ensuite déployé en France, où les soldats noirs sont victimes de discrimination raciale cela conforte sa volonté d’étudier le droit. Après la fin de son service militaire en 1919, Houston entre Harvard Law School. Il excelle dans ses études et devient le premier rédacteur en chef noir de la Harvard Law Review. Houston est encadré par le futur juge de la Cour suprême Felix Frankfurter. En 1922, Houston obtient son diplôme avec mention très bien. Frankfurter le nomine pour le prestigieux Frederick Sheldon Fellowship, qui lui permit d’étudier le droit à l’Université de Madrid.

À son retour d’Espagne, en 1924, Houston travaille avec son père, et donne des cours à Howard University Law, dont il deviendra le doyen. Les réalisations juridiques de Houston attirent l’attention de Walter White, le directeur général de l’Association nationale pour l’avancement des gens de couleur (NAACP). 

En 1935, Houston est embauché comme conseiller spécial de l’association, où il introduit un de ses étudiants en droit à l’Université Howard, Thurgood Marshall. Les deux vont voyager à travers le Sud dans les années 1930, noter les inégalités des établissements scolaires noirs. En réaction, ils vont développer la stratégie juridique contre la ségrégation scolaire, en premier appelant à l’introduction des étudiants noirs et puis finalement à une intégration complète.

Houston et Marshall appliquent d’abord leur stratégie en 1935, quand ils prennent en charge l’affaire Pearson C. Murray, l’un des premiers défis de l’exclusion raciale dans les universités publiques. Donald Gaines Murray, diplômé d’Amherst, est refusé à l’admission de l’Université du Maryland School of Law sur la base de sa race. 

Houston et Marshall poursuivent l’état pour avoir violé les droits de Murray en omettant de fournir une école de droit adéquat pour ses études en lui refusant l’accès à la seule école de droit de l’état sur les motifs de la race. Houston a continué à travailler avec Marshall pendant quinze ans. Charles Hamilton Houston meurt le 22 avril 1950 à Washington, DC à l’âge de 54. Quatre ans avant que la Cour suprême ne rende sa décision sur la stratégie qu’il a planifiée toute sa vie pour mettre fin à la ségrégation.

Sources : William M. Banks, Intellectuels Noir : race et la responsabilité dans la vie américaine (New-York, Londres: W.W. Norton & Company, 1996)Charles Hamilton Houston, Thurgood Marshall, et la lutte pour la déségrégation (New-York, Berlin, Londres : Bloomsbury Press, 2010)

Photographié ici, avec les autres membres de la comité rédaction de la Law Review en1923, dans la rangée arrière à côté de l’arche à droite.

La loi Jim Crow

Date cruciale de l’Histoire des Etats-Unis, l’abolition de l’esclavage en 1865 a paradoxalement inscrit la communauté noire dans le début du combat pour l’égalité. Instaurés par un Sud revanchard, les codes noirs matérialisés par les lois Jim Crow ont débouché sur la ségrégation et instauré d’un climat de terreur entretenu par le Ku Klux Klan.

Si cette date est l’occasion de célébrer le 50e anniversaire de la marche vers Washington et du fameux discours de Martin Luther-King prononcé le 28 août 1963, l’année, 2013 marque également le 150e anniversaire de la bataille de Gettysburg (1-3 juillet 1863), considérée comme le tournant de la guerre de Sécession. Cette guerre civile qui vit s’affronter l’Union des États du Nord abolitionnistes et la Confédération des États du Sud esclavagistes.

Entre ces deux dates, les États-Unis ont institutionnalisé la ségrégation raciale, une période de près de cent ans durant lesquels les Noirs ont été traités comme des citoyens de deuxième classe dans la majeure partie du pays. Malgré la ratification par le Congrès des 13e, 14e et 15e amendements à la Constitution qui ont aboli l’esclavage, défini la citoyenneté et accordé le droit de vote à chacun entre 1865 et 1869, les États vaincus du Sud sont presque immédiatement entrés en résistance, promulguant des lois distinguant les citoyens en fonction de leur appartenance raciale.

Les lois Jim Crow, ferment de la ségrégation

La plupart de ces lois sont connues sous le nom de « Lois Jim Crow », en référence au personnage fictionnelle d’une chanson – ‘Jump Jim Crow’ – datant de 1828 et mettant en musique les tribulations de Jim Crow, un Noir du Sud profond. Cette rengaine fut tellement populaire que Jim Crow devint rapidement un terme générique pour désigner, de façon péjorative, les Afro-américains. 

Profitant du régime fédéral qui confère à chaque État américain une très grande liberté dans la façon de régir le statut de ses habitants, à partir de 1876 les onze ex-États sécessionnistes purent contourner la loi pour édicter des « codes noirs »

Ces lois interdisaient par exemple les mariages interraciaux, et imposaient une séparation entre Noirs et Blancs dans les transports, les lieux publics, les établissements scolaires, mais aussi chez les barbiers et lors des matchs de base-ball amateur (Géorgie), dans les spectacles de cirque (Louisiane), aux entrées des hôpitaux (Mississippi), dans les bibliothèques (Caroline du Nord) ou encore dans les cabines téléphoniques (Oklahoma), etc.

De façon plus subtile et insidieuse, ces codes intervenaient également sur le terrain des droits civiques et en particulier sur celui du droit de vote, entravé par de multiples tracasseries réservées aux seuls Noirs comme des taxes au bureau de vote, des tests d’alphabétisation ou d’hérédité, des découpages électoraux tarabiscotés ; autant d’obstacles érigés dans le seul but de les décourager de voter et d’accéder aux postes de décision.

Séparés et inégaux

Ce système fut d’une redoutable efficacité. Exemples : seulement 9 000 des 147 000 Noirs en âge de voter en 1890 dans le Mississippi étaient inscrits dans les registres électoraux ; et sur les 130 000 Noirs inscrits en 1896 dans les registres de Louisiane, il n’en restait plus que 1 342 en 1904. Cent fois moins ! 

Pires, encore, les Noirs étaient scandaleusement désavantagés sur le plan pénal en étant écartés des jurys, la porte ouverte à des verdicts biaisés et à des dizaines de milliers d’erreurs judiciaires en leur défaveur, en particulier dans les Etats du Sud. En Caroline du Sud, les Noirs n’ont pas eu le droit de voter entre 1870 et 1948. AFP/INP

Désireux de ne pas ranimer les braises de la guerre de Sécession, l’état fédéral ferma quand même les yeux sur ces pratiques, encouragé – s’il l’on peut dire – par un arrêt de la Cour suprême qui, en 1883, avait déclaré anticonstitutionnelle, à 8 voix contre 1, la partie du 14e amendement interdisant aux Etats de pratiquer la discrimination raciale dans les hôtels, les trains et les lieux publics. 

Washington finira même par légaliser de facto la ségrégation en 1896 à travers l’arrêt Plessy contre Ferguson. Ce recul démocratique instaura, à l’échelon national, le principe hypocrite de « separate but equal », autrement dit « séparés, mais égaux », dans les lieux publics.

Dès lors, la ségrégation raciale prenait un tour officiel, faisant des Noirs des citoyens de deuxième classe, un apartheid avant l’heure en contradiction totale avec l’esprit initial de la Constitution. Loin de l’émancipation qui devait découler de la victoire du Nord et de l’abolition de l’esclavage, le XXe siècle allait produire des décennies d’injustices, combattues à partir de 1954 par le Mouvement pour les droits civiques dirigé par Martin Luther-King. 

Il faudra attendre le milieu des années 1960 pour que soit mis un terme à la discrimination dans les lieux publics grâce au Civil Rights Act (1964), suivi par le Voting Rights Act (1965) supprimant les examens et autres impôts pour devenir électeur aux États-Unis.

Le Ku Klux Klan, raciste et suprématiste

Tout au long de ces cent années de ségrégation, un groupe va incarner dans sa façon la plus extrême la violence du système : le Ku Klux Klan, société secrète fondée dans le Tennessee le 24 décembre 1865, au lendemain de la guerre de sécession, par six officiers sudistes. L’appellation, volontairement ésotérique, provient de la contraction et de l’association des mots kuklos (‘cercle’ en grec ancien), lux (‘lumière’ en latin) et clan, qui veut dire famille en dialecte écossais. Le Ku Klux Klan a semé la terreur jusque dans les années 1960.

Refusant l’abolition de l’esclavage et récusant le « dogme de l’égalité raciale », le Klan base son action sur la violence envers les Noirs, usant d’un accoutrement spectral (cagoule blanche pointue, tunique blanche) et de grades chimériques (Grand Sorcier, Grand Dragon etc.) destinés à terroriser leurs victimes et à garder l’anonymat.  De société secrète, le Ku Klux Klan va rapidement se transformer en organisation terroriste hyper hiérarchisée et accueillir dans ses rangs d’anciens soldats, des criminels, mais aussi des juges, des maires et des shérifs. Incendies, viols, meurtres, lynchages, pendaisons, tous les moyens sont bons, y compris les plus sordides, pour intimider la population noire.

Face à ce déchaînement, plusieurs États réagissent comme le Tennessee, le Texas, l’Arkansas et les deux Carolines où les forces de police ou bien l’armée sont mobilisées pour procéder à des arrestations suivies de condamnations. Il faut noter que ce sont les républicains qui font alors la chasse au Klan, celui-ci étant soutenu à cette époque par les démocrates du Sud les plus irréductibles. Le gouvernement fédéral va aussi se décider à agir. Sous l’impulsion du président Ulysses Grant, le Congrès adopte plusieurs lois qui vont déboucher sur la dissolution du Ku Klux Klan en 1872.

Dissous mais bien vivace, le KKK va ressurgir au milieu des années 1910, étendant cette fois sa haine initiale envers les Noirs aux immigrés, aux Juifs et même aux catholiques. Mais ce sont bien les Noirs qui vont encore le plus souffrir de ses exactions. Prônant désormais la suprématie blanche, ce Klan régénéré se propage jusqu’aux États de l’Ouest et du Midwest pour revendiquer jusqu’à 5 millions d’adhérents en 1925, avant de décliner à nouveau après son interdiction en 1928 et le krach boursier de 1929.

Le combat continue

L’émergence du Mouvement pour les droits civiques au milieu des années 1950 lui redonne de la vigueur en même temps qu’une nouvelle cause à combattre. La violence et les crimes redoublent alors contre les Noirs et les adversaires de la ségrégation avec deux points culminants aux yeux de l’opinion publique : l’explosion d’une bombe dans une église de Birmingham dans l’Alabama qui coûte la vie à quatre fillettes en 1963 puis le meurtre de trois militantes anti-ségrégations, deux Juifs et un Noir, dans le Mississippi en 1964. Ces deux événements, ajoutés à la fin de la ségrégation et au changement progressif des mentalités, rejettent à nouveau le Ku Klux Klan dans l’ombre (seulement 2 000 adhérents en 1970).

Aujourd’hui, le Klan ne pèse plus grand chose, mais les « white supremacistes » et autres groupes extrémistes continuent, certes à la marge, de théoriser sur la notion de race. Depuis cinq ans, c’est un président noir, Barack Obama, qui loge à la Maison Blanche. Les discriminations raciales, ont-elles pour autant disparu ? Ce n’est pas le sentiment qui prévaut au sein de la communauté noire. L’exemple récent de l’acquittement du vigile George Zimmerman, auteur en Floride du meurtre de Trayvon Martin, un adolescent afro-américain, a ranimé le débat de l’inégalité des Noirs face à la justice. Et il suffit d’écouter un Noir américain raconter en détail son quotidien pour se persuader que le chemin est encore long sur la voie de la « post-racialisation » ainsi que la dénommait l’historien français François Durpaire sur l’antenne RFI le 15 juillet dernier.

Le 15e amendement retoqué

Martin Luther-King s’en est probablement retourné dans sa tombe. Le 25 juin dernier, la Cour suprême des Etats-Unis, la plus haute instance juridique du pays, a censuré la section 4 du Voting Rights Act, cette loi sur les droits électoraux conquise de haute lutte par le Mouvement pour les droits civiques de 1965. Par cinq voix contre quatre – les cinq voix provenant des cinq juges conservateurs de la Cour suprême – la haute Cour a jugé anticonstitutionnel cet article de la loi qui obligeait neuf États ainsi que sept comtés du pays à obtenir l’aval du pouvoir fédéral avant toute modification des procédures de vote (découpage des circonscriptions, horaires d’ouverture des bureaux de vote, pièces d’identité à fournir, etc.). 

Parmi les neuf États en question (Alabama, Alaska, Arizona, Caroline du Sud, Géorgie, Louisiane, Mississippi, Texas, Virginie) la plupart ont un lourd passé ségrégationniste et concentrent, pour sept d’entre eux, une forte population noire. Cette modification de l’article 4 pourrait avoir une incidence sur les futurs scrutins.

Ces neuf états peuvent désormais procéder à des aménagements sans référer à Washington. Ainsi, au Texas, un permis de port d’armes est considéré comme une pièce d’identité dans les bureaux de vote, mais pas une carte d’étudiant, ce qui favorise à l’évidence les conservateurs. Cette décision de la Cour suprême a scandalisé les élus démocrates ainsi que les organisations des droits de l’homme et Barack Obama qui l’avait défendue avec vigueur. 

À quatorze mois des « midterm elections » de novembre 2014, qui serviront à renouveler l’ensemble de la Chambre des représentants, un tiers du Sénat et trente-huit gouverneurs d’État sur cinquante, elle a été perçue comme éminemment politique, en particulier par la communauté noire persuadée qu’on cherche encore à la discriminer.

Amendement XIII (1865)

  • Section 1. Ni l’esclavage, ni servitude involontaire n’existeront sur le territoire des Etats-Unis ou en tout autre lieu soumis à leur juridiction, sauf pour le châtiment d’un crime pour lequel le coupable aura été régulièrement condamné.
  • Section 2. Le Congrès aura le pouvoir d’assurer l’exécution de cet Amendement par toute législation appropriée.

Amendement XIV (1868)

  • Section 1. Toute personne, née ou naturalisée aux Etats-Unis et soumise à leur juridiction, est citoyen des Etats-Unis et de l’Etat où elle réside. Aucun Etat ne pourra édicter ou appliquer une loi quelconque limitant les privilèges ou les immunités des citoyens des Etats-Unis ; aucun Etat ne pourra priver quiconque de sa vie, de sa liberté ou de sa propriété, sans procédure légale régulière, ou dénier à quiconque relevant de sa juridiction l’égale protection des lois.
  • Section 2. La répartition des Représentants entre les différents Etats se fera proportionnellement à la population totale de chaque Etat, à l’exclusion des Indiens non soumis à l’impôt. Mais si le droit de vote dans une des élections suivantes, désignation des électeurs présidentiels et vice-présidentiels, des Représentants au Congrès, des membres de l’Exécutif ou du corps judiciaire d’un Etat, est refusé ou limité d’une façon quelconque aux résidents mâles d’un Etat ayant [plus de vingt et un an] (Entre crochets : disposition modifiée par le XXVIe Amendement) et aux citoyens des Etats-Unis – à la seule exception de la participation à une rébellion ou de tout autre crime -, les bases de la représentation ci-dessus définies seront réduites en proportion du nombre de citoyens mâles ainsi empêchés par rapport au nombre total de citoyens mâles âgés [de plus de vingt et un an] (Entre crochets : disposition modifiée par le XXVIe Amendement) résidant dans l’Etat.
  • Section 3. Ne pourra être Sénateur ou Représentant au Congrès, ou électeur présidentiel ou vice-présidentiel, ou occuper une fonction quelconque, civile ou militaire, relevant des Etats-Unis ou d’un état, celui qui, après s’être engagé sous le serment, en tant que membre du Congrès, fonctionnaire des Etats-Unis, membre d’une législature d’état ou appartenant à l’Exécutif ou au corps judiciaire d’un état, à défendre la Constitution des Etats-Unis, aura pris part à une insurrection ou une rébellion contre eux ou aura prêté aide et assistance à leurs ennemis. Mais le Congrès pourra relever d’une telle incapacité, à la majorité des deux tiers dans chaque Chambre.
  • Section 4. La validité de la dette publique des Etats-Unis, autorisée par la loi, y compris les dettes résultant de pensions ou de libéralités accordées pour services rendus dans la lutte contre l’insurrection ou la rébellion, ne pourra être mise en question. Mais ni les Etats-Unis, ni aucun Etat ne seront liés par des obligations ou redevables de dettes résultant d’une aide accordée à l’insurrection ou à la rébellion contre les Etats-Unis, ni ne pourront reconnaître aucune réclamation liée à la perte ou à l’émancipation des esclaves ; ces dettes, obligations et réclamations seront tenues pour nulles et non avenues.
  • Section 5. Le Congrès aura le pouvoir d’assurer l’exécution de cet Amendement par toute législation appropriée.

Amendement XV (1870)

  • Section 1. Le droit de vote des citoyens des Etats-Unis ne sera ni refusé ni limité par les Etats-Unis ou par un état quelconque pour des raisons liées à la race, à la couleur ou à un état antérieur de servitude.
  • Section 2. Le Congrès aura le pouvoir d’assurer l’exécution de cet Amendement par toute législation appropriée.

Charles Hamilton

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