KONGOLISOLO
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Devoir de mémoire : Comment contrer le néocolonialisme ? Pour passer à un État unitaire fort avec une démocratie élargie, Kwame Nkrumah juge nécessaire de changer le système économique et d’adopter la rhétorique socialiste; « Très vite, il a annoncé qu’il fallait diversifier la production, poser (jeter) les bases de l’industrie lourde, réduire la dépendance militaire extérieure, et cela par des moyens non capitalistes; (sa méthode était de rompre avec le système hérité de la colonisation qui privilégiait la croissance sans développement), Nkrumah lance une série de projets avec le barrage de la Volta, pour produire de l’électricité à bas coût pour soutenir de nouvelles industries; un port en eau profonde construit à Tema, à l’est d’Accra »

  • Le premier objectif était de transformer le minerai de bauxite sur place pour lancer un programme d’exportation d’aluminium, notamment vers les pays du bloc soviétique. Cependant, les adversaires de Nkrumah profitent des difficultés économiques et de cette réorientation vers un mode de production socialiste pour l’attaquer. En exil en Angleterre, son principal adversaire, Kofi Busia, s’est rendu aux États-Unis pour rencontrer le sénateur du Connecticut Thomas J. Dodd, président d’une commission sénatoriale, et discuter avec lui des moyens d’empêcher le Ghana d’acquérir son autonomie financière et énergétique;
  • Le deuxième objectif était d’inviter les multinationales à exporter du minerai de bauxite au Ghana pour le transformer à moindre coût en aluminium en utilisant des installations financées par le gouvernement ghanéen, puis à réexporter l’aluminium pour leur propre compte. Le Ghana devient ainsi une usine de transformation au service du développement industriel de l’Occident, tandis que ses richesses répertoriées par les firmes multinationales sont gardées en réserve au sous-sol;
  • Concernant la levée de fonds bancaires, il est impensable pour Nkrumah que le Ghana devienne indépendant en continuant à financer le système bancaire britannique. À l’indépendance, Accra prend le contrôle d’une réserve de 170 millions de livres stockées à Londres. Six ans plus tard, la chute de cette réserve à 73 millions a conduit les Britanniques à accuser Nkrumah de mauvaise gestion. En réalité, Londres voudrait que le Ghana arrête d’utiliser son argent à sa guise et laisse les banques londoniennes en garder le contrôle, selon un système financier et monétaire similaire à celui que Paris s’apprête à mettre en place dans le cadre de l’indépendance imminente de ses colonies Africaines. Pionnier des indépendances Africaines, Nkrumah comprend que seule l’unité des pays Africains peut briser le système bancaire et financier international qui les enchaîne un à un;
  • Pour conduire son peuple vers l’indépendance, Nkrumah s’appuie sur un slogan : (Cherchez d’abord le royaume politique. Car, sans indépendance politique, note-t-il, aucun de nos projets de développement social et économique ne pourrait être mis en œuvre). Il constate cependant que cette indépendance politique et juridique accordée par l’ancienne puissance coloniale est sérieusement érodée par un nouveau mécanisme de domination, plus subtil et moins visible que le colonialisme direct, que l’on commence à appeler, à la fin des années 1950, (néocolonialisme). Ce nouveau système, qui permet aux anciennes métropoles de maintenir leurs anciennes colonies dans une situation de dépendance, notamment économique et militaire, apparaît comme le danger auquel sont exposés les pays africains qui s’apprêtent, à cette période, à accéder à l’indépendance politique.

Source : Amzat Yabara Boukari. (Seule l’Unité de l’Afrique, insiste Nkrumah, permettra d’écarter cette menace).

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