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Lumumba et Joseph Kasavubu : on ne devient pas champion dans un gymnase; on devient champion grâce à ce qu’on ressent; (un désir, un rêve, une vision; il faut avoir du talent et de la technique, mais le talent doit être plus fort que la technique), « Dernière lettre de Patrice Emery Lumumba adressée à l’ONU; peu avant son assassinat, Patrice E. Lumumba a écrit à l’ONU par l’intermédiaire de son représentant spécial au Congo; c’était sa dernière lettre aux Nations Unies, qui était révélatrice de ce qui allait lui arriver »… (VIDÉO)

Lumumba

Né le 2 juillet 1925, Patrice Emery Lumumba n’avait, que 36 ans lorsqu’il a été brutalement assassiné le 17 janvier 1961. Après avoir été exécuté par un peloton d’exécution, son corps a été exhumé et dissous dans de l’acide. Il a été le tout Premier ministre légalement élu de la République du Congo après avoir aidé le pays à obtenir son indépendance de la Belgique en 1960. Patrice est connu comme l’un des plus jeunes dirigeants africains à devenir le Premier ministre du Congo à 35 ans, le 30 juin 1960. Son règne en tant que Premier ministre n’a duré que 7 mois jusqu’à son arrestation. Lumumba était également pan africaniste et activiste politique avant de devenir Premier ministre.

Au cours de sa courte vie, Lumumba a écrit de nombreuses adresses et lettres pour des conférences. Beaucoup des lettres(qu’il a écrit) ont été écrites en prison, adressées aux Nations Unies et aux États-Unis, mais ces deux corps ont regardé sans rien faire pendant que Lumumba était détenu à tort (en captivité). Il a également écrit quelques lettres personnelles à sa femme et à ses amis, exprimant ses sentiments et ses conditions de vie difficiles.

Lettre à A. M. Dayal, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies. Thysville, le 4 janvier 1961. Cher Représentant spécial,

Le 27 décembre dernier, j’ai eu le plaisir de recevoir la visite de la Croix-Rouge, qui s’est occupée de mon sort et du sort des autres parlementaires emprisonnés avec moi. Je leur ai parlé des conditions inhumaines dans lesquelles nous vivons. En bref, la situation est la suivante. Je suis ici avec sept autres parlementaires. De plus, nous avons avec nous M. Okito, Président du Sénat, un employé du Sénat et un chauffeur. Au total, nous sommes dix. Nous sommes enfermés dans des cellules humides depuis le 2 décembre 1960 ; et, à aucun moment, nous n’avons pas été autorisés à les quitter. Les repas que l’on nous apporte deux fois par jour sont très mauvais. Pendant trois ou quatre jours, je n’ai mangé qu’une banane. Je l’ai dit au médecin de la Croix-Rouge qui m’a été envoyé. Je lui ai parlé en présence d’un colonel de Thysville.

J’ai exigé que les fruits soient achetés sur mon propre argent, car la nourriture qu’on me donne ici est atroce. Bien que le médecin ait donné son autorisation, les autorités militaires qui me gardaient ont rejeté ma demande, déclarant qu’elles suivaient les ordres de Kasavubu et du colonel Mobutu. Le médecin de Thysville m’a prescrit une courte promenade tous les soirs pour que je puisse quitter ma cellule pendant au moins un petit moment. Mais le colonel et le commissaire de district me l’ont démenti. Les vêtements que je porte n’ont pas été lavés depuis trente-cinq jours. Il m’est interdit de porter des chaussures.

En un mot, les conditions dans lesquelles nous vivons sont absolument intolérables et contraires à toutes les règles.

De plus, je ne reçois aucune nouvelle de ma femme et je ne sais même pas où elle se trouve. Normalement, j’aurais dû lui rendre visite régulièrement comme le prévoit le règlement pénitentiaire en vigueur au Congo. En revanche, le règlement pénitentiaire stipule clairement qu’un jour au plus tard après son arrestation, un détenu doit être présenté à l’enquêteur chargé de l’affaire. Cinq jours après cela, un détenu doit à nouveau être traduit en justice devant un juge, qui doit décider de le placer en détention provisoire ou non. Dans tous les cas, un détenu doit avoir un avocat. Le code pénal prévoit qu’un prisonnier est libéré de prison si, cinq jours après sa mise en détention, le juge ne prend pas de décision sur sa mise en détention provisoire. Il en va de même dans les cas où la première décision (qui est prise cinq jours après l’arrestation d’une personne), n’est pas confirmée dans les quinze jours. 

Depuis notre arrestation le 1er décembre et à ce jour, nous n’avons pas été traduits en justice devant un juge ni visités par un juge. Aucun mandat d’arrêt ne nous a été montré. Nous sommes simplement détenus dans un camp militaire et nous sommes ici depuis trente-quatre jours. Nous sommes détenus dans des cellules de détention militaires. Le code pénal est ignoré, tout comme les règles pénitentiaires. Le nôtre est purement un cas d’emprisonnement arbitraire. Je dois ajouter que nous jouissons de l’immunité parlementaire.

  • Telle est la situation et je vous prie d’en informer le Secrétaire général des Nations Unies;
  • Je reste calme et j’espère que l’ONU nous aidera à sortir de cette situation;
  • Je suis pour la réconciliation entre tous les enfants de ce pays;
  •  J’écris cette lettre secrètement sur du mauvais papier. J’ai l’honneur d’être(…), Etc.

Source : Patrice Lumumba, Premier ministre, « La vérité sur un crime monstrueux des colonialistes », Moscou, Maison d’édition des langues étrangères, 1961, pp. 68-69.

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