L’école Blanche/Occidentale a donc commencé par combattre l’école traditionnelle Noire/Africaine et par traquer les détenteurs des savoirs traditionnels ! C’était l’époque où tout le monde (guérisseurs, phytothérapeutes, tradipraticiens, voyants, instructeurs d’initiation, kinésithérapeutes, et masseurs) était jeté en prison pour charlatans ou pour exercice illégal de la médecine et de l’enseignement.
C’était aussi l’époque où les enfants étaient empêchés de parler leur langue maternelle à tel point qu’à l’école, un enfant ou un élève surpris en train de parler sa langue maternelle se retrouvait doté d’une petite planche appelé (symbole), sur lequel était posée une tête d’âne, et fut privé de déjeuner. Et d’autres châtiments sévères furent infligés.
Les graines de cette nouvelle tradition (européenne/occidentale), une fois semées, ont poussé et porté leurs fruits. C’est pourquoi les jeunes Noirs/Africains, nés des écoles occidentales, ont tendance à vivre et à penser à l’européenne, ce qu’on ne peut pas leur reprocher, car c’est tout ce qu’ils savent! (L’élève vit toujours selon les règles de son école. Et le Noir/Africain imite l’Européen/Occidental en tout). « Les écoles et notre système éducatif doivent placer les Noirs/Africains au centre de leur histoire et les éduquer sur leurs valeurs. Ils pourront alors être en harmonie avec eux-mêmes et avec leur environnement et ils progresseront ».
En effet, le retour aux valeurs traditionnelles noires/africaines ne doit pas se faire brusquement pour éviter le choc de l’inadaptation et de l’inadéquation, mais le processus doit commencer. Et, lentement, mais sûrement, les Noirs/Africains renoueront avec leur ancien système pour retrouver leur grandeur, leur authenticité et leur dignité.
Source : Amadou Hampaté Bâ.