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Devoir de mémoire – Mali : la culture Noire/Africaine assassinée à petit feu; si Tombouctou et Gao figurent parmi les villes qui symbolisent de la dignité Noire/Africaine, Bamako est cette ville de l’expérience démocratique pour le peuple malien, (les islamistes armés, qui contrôlent le nord du Mali, détruisaient de nouveaux, le 18 octobre 2012, des mausolées à Tombouctou, ville historique où ils avaient déjà procédé à de telles destructions en juillet de la même année); « Depuis lors, les islamistes n’ont cessé de détruire les mausolées comme ceux de Kabara (bien Kabara), un quartier du sud de Tombouctou, avait affirmé un de ces témoins; ses propos avaient été confirmés par un autre habitant de la ville qui avait donné une précision de taille que les islamistes étaient arrivés à Kabara à bord de trois véhicules, certains armés; (rapportaient des témoins à l’AFP Agence Franc Presse) »

La destruction méchante des vestiges historiques de Tombouctou laisse à désirer au point que la ville a l’air de retourner au XVIème siècle. Les groupes armés notamment du Mouvement (Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali) se la disputent avec celui du MNLA (le Mouvement national pour la libération de l’Azawad), sans oublier l’activisme d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) qu’on y signale.

Gao : (un Centre pulsatif de l’intelligence Africaine en désarroi); la ville de Gao, véritable capitale culturelle de l’Afrique au sud du Sahara d’égale renommée est tombée, elle aussi, entre les mains des envahisseurs. C’est ainsi que le centre pulsatif de l’intelligence africaine la plus profonde est fort menacé. Ces deux villes (Tombouctou et Gao) n’ayant pas seulement produit des lettrés de renom tel qu’Al Hadj Mahmoud Kati, mais aussi de centaines de milliers de documents de mathématiques, d’astronomie et d’autres sciences qui ont défini de manière inébranlable le savoir Africain, et produit des textes influents dont les Chroniques de Tombouctou, écrites de 1493 à 1599. Depuis, ces villes sont comptées dans le mémorial de notre collective humanité, et devraient être absolument protégées en tant que telles.

Bamako : (une démocratie tentaculaire aux abois); mais par rapport au Tombouctou et Gao, à Bamako, la démocratie est ce qui s’est davantage effondré au Mali. C’est une expérience démocratique de vingt ans, née les années 1990, et la constitution malienne de la démocratie arrachée aux mains de soldats de Moussa Traoré. Autant que la chute de Tombouctou, le coup d’État perpétré à Bamako, à quelques semaines d’une élection au cours de laquelle le président sortant, Amadou Toumani Touré, n’était pas candidat à sa propre succession. Cela aura donné un coup de massue sur la tête d’une génération de Maliens qui a vingt ans aujourd’hui, une génération qui aura grandi dans la démocratie et se préparait à l’utiliser pour définir et tracer son futur à sa guise.

Depuis, le Mali, la troisième des rares expériences démocratiques en Afrique francophone avait été coupé du monde. Pris en otage par une junte militaire qui, pour elle, l’État n’est qu’un butin, frappé par un embargo complet des pays membre de la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest), vivant sous la menace d’une intervention militaire étrangère appuyée par la Côte d’Ivoire au Sud autant que l’incursion d’une des forces rebelles au Nord, les populations maliennes ont plus que jamais besoin de se sentir soutenues et aidées. Tandis que la voix unie, de la société civile et des partis politiques maliens, exigeait le retour immédiat des institutions républicaines et la restitution de l’État démocratique, la junte, elle, jouait avec le temps et miroitait l’illusion d’un dialogue avec les populations, en même temps qu’elle reculait devant les attaques contre l’État malien même, et donc, la protection ces populations-là.

Difficile de rester indifférents à ces cris : certes, des voix discordantes se sont fait entendre par-ci par-là qui, opportunistes, lui faisait allégeance ou alors se disaient soulagées par le coup d’État qui aurait mis fin à la décrépitude de l’État et à une impasse de la démocratie malienne à l’Occidental. En même temps, cependant, aussi des voix qui, dans le chuchotement, disaient craindre que commençaient les arrestations arbitraires, parce que le fascisme se serait installé au Mali, sous la forme d’une coalition entre les partis radicaux populistes, la junte et les Islamistes.

On ne pouvait donc rester indifférents à ces cris. Comme Tombouctou aura été l’une des capitales africaines de la culture, Bamako aurait été l’une de celles de la démocratie en Afrique d’expression française. Comme la culture, la démocratie est vulnérable. Comme la culture, la démocratie se défend. Le respect des textes se défend aussi.  Il y en va autant que des manuscrits centenaires de la cité des sables, que des textes qui légifèrent la république. Il en va autant pour des universités de l’intelligence africaine, que des institutions du droit qui régissent la vie aujourd’hui au Mali. Il y va aussi d’une défense de l’expérience malienne de l’humanité, de la liberté et de la dignité.

Si Paris aura été épargné par les Nazis, tout comme Heidelberg par les forces alliées lors de la deuxième guerre mondiale, c’est à cause du capital autant symbolique qu’intellectuel que représentaient ces villes. Il doit en être de même pour Tombouctou qui est aujourd’hui la ville, symbole de la dignité africaine comme Bamako est celle de l’expérience démocratique au Mali. Sauvons Tombouctou, aidons le Mali !

Source : Tombouctou et sa mosquée du XIIIème siècle, Reuters/Luc Gnago

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