La nouvelle colonie constitue un quadrilatère d’environ 322.000 km2, soit les 2/3 de la France, avec un peu plus d’un million d’habitants au début du XXe siècle (20 millions au début du siècle suivant). La colonie compte au total une soixantaine d’ethnies ou tribus, avec autant de langues ou de dialectes, divisées en quatre groupes principaux :
- Au sud-est, les Akans, cousins des habitants du Ghana voisin et répartis entre Baoulés, Sanwis;
- Au sud-est (et au Libéria limitrophe), les Krous;
- Au nord-ouest (ainsi qu’en Guinée), les Malinkés ou Mandingues;
- Au nord-est, les groupes voltaïques et en particulier les Sénoufos, principale ethnie ivoirienne.
Les missionnaires commencent à récolter le fruit de leurs efforts en convertissant à la foi catholique une bonne partie des animistes qui peuplent la zone forestière du littoral. En exclusivité, je vous livre ce décret resté longtemps méconnu (NDLR) :
Article 1er
- Les colonies de la Guinée Française, la Côte d’Ivoire et du Bénin constituent trois colonies distinctes qui sont classées parmi les colonies du premier groupe énumérées par l’article 4 du décret du 2 février 1890.
- L’administration supérieure de chacune de ces colonies est confiée à un gouverneur assisté d’un secrétaire général.
Article 2
- Les gouverneurs de la Guinée française, de la Côte d’Ivoire et du Benin exercent dans toute l’étendue de leurs colonies respectives, les pouvoirs déterminés par les décrets et règlements en vigueur, et notamment par l’ordonnance organique du 7 septembre 1840.
Article 3
- Le gouverneur de la Guinée française est chargé de l’exercice du protectorat de la République sur la Fouta-Djalon et les territoires avoisinants. Le gouverneur de la Côte d’Ivoire est chargé de l’exercice du protectorat de la République sur les Etats de Kong et les autres territoires de la boucle du Niger.
- Toutefois, les États de Samory et de Thiéba restent sous la juridiction du commandant supérieur du Soudan français. L’action du gouvernement du Bénin s’étendra sur tous les Établissements compris entre la colonie anglaise de Lagos et la colonie allemande du Togo et sur les territoires de l’intérieur.
Article 4
- Le service du trésor est assuré dans chacune des colonies par un trésorier-payeur.
Article 5
- Sont abrogées toutes les dispositions contraires au présent décret. (Sadi Carnot)
Note : l’ordonnance du 7 septembre 1840 relative au Sénégal et à ses dépendances fut alors applicable à la Côte d’Ivoire. La colonie devait être administrée par un gouverneur et deux chefs d’administration assistés d’un conseil d’administration (vous avez bien lu, Lol.) Ce conseil était composé du gouverneur, des deux chefs d’administration et de deux notables.