En fait, la couleur de la peau des Noirs/Africains ne semble pas avoir été la préoccupation majeure des Européens jusqu’à ce que les Portugais aient l’idée de coloniser certaines îles Noires/Africaines et d’y planter de la canne à sucre. Tout se passe comme si le racisme était apparu en même temps qu’est comme une justification de l’esclavage des Noirs/Africains par les Européens.
Le nègre vient de l’adjectif latin Niger qui signifie Noir, Sombre. Niger n’existe pas en tant que substantif en latin. L’idée de désigner un Homme par sa couleur était impensable dans la mentalité gréco-romaine. En ce qui concerne la couleur de peau, le mot latin Niger évoque le fait que le teint soit hâlé et non pas une « Noirceur » congénitale qui serait le propre d’un groupe d’Hommes. Le fameux « Nigra sum sed formosa », du Cantique des cantiques signifie : « J’ai la peau bronzée, mais je suis jolie ». Et certainement pas « Je suis une Noire, mais je suis belle », comme le traduisent les ignorants et les racistes.
L’emploi du mot Nègre en tant que substantif – un Nègre – n’apparaît guère avant la fin du 17e siècle. Au début du 17e siècle, avant la mise en place du système esclavagiste dans les colonies françaises, on ne disait pas un Nègre, mais à la rigueur, un Homme Nègre. L’Homme Nègre était d’abord un Homme et la qualification liée à sa couleur ne venait que subsidiairement.
C’est la déshumanisation progressive de l’Africain au fur et à mesure que la traite s’intensifiait qui a banalisé le substantif nègre, lequel est devenu synonyme d’esclave. D’où l’expression « Travailler comme un Nègre ». Le caractère très péjoratif, voire insultant, du mot Nègre dans la langue française s’est maintenu jusqu’à la fin du XXe siècle. Le mouvement littéraire dit de la négritude a – dans une certaine mesure – ôté au mot Nègre son caractère péjoratif. Non sans une certaine ambiguïté.
Au XXIe siècle, le terme de nègre n’est plus utilisé pour désigner un Noir/Africain ou un Afro-descendant. En France, on dit plus volontiers un Noir : terme au moins aussi raciste, surtout lorsqu’il est employé avec une majuscule comme le font généralement la presse et l’édition françaises. Le mot Nègre a laissé une trace lorsqu’il est question de l’esclavage. Les historiens français parlent de traite négrière et non pas de trafic des Noirs/Africains. L’expression a une évidente connotation raciste. Et ce n’est sans doute pas un hasard si elle est officiellement utilisée pour faire semblant de reconnaître un crime qui serait sans coupables ni réparations. Le mot de « Nègre », pour désigner un écrivain qui écrit pour le compte d’un autre est une invention raciste du pamphlétaire Eugène de Mirecourt (un prêtre défroqué qui s’appelait en fait Jacquot) pour injurier et diffamer Alexandre Dumas qui, certes, utilisait des collaborateurs et des documentalistes, mais mettait la touche finale (bien reconnaissable) à tous ses romans.
Jaloux du succès de l’auteur des Trois Mousquetaires, Mirecourt publia en 1845 Fabriques de Romans : la maison Alexandre Dumas & Cie, fabrique de romans un pamphlet qui, pour résumer, explique qu’Alexandre Dumas, du fait de ses origines africaines, n’est qu’un obsédé sexuel bestial et incapable d’écrire, mais qui se sert du talent des autres. Sur la plainte de Dumas, Mirecourt fut condamné à 6 mois de prison.
Cela n’a pas empêché en 2002 une réédition de cet ouvrage raciste et une adaptation au cinéma sous le titre L’Autre Dumas, avec Depardieu dans le rôle de l’écrivain. Il n’y a qu’en France – l’un des pays les plus racistes du monde qu’on parle de « Nègre », littéraire; ce serait impensable dans un pays anglo-saxon.