KONGOLISOLO
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Devoir de mémoire – Kongo : la semaine de quatre jours et les noms des saisons en Kikongo, tous ceux qui ignoraient l’existence d’un calendrier utilisé autrefois par nos ancêtres, (le peuple Kongo avait son propre calendrier; n’en déplaise à ceux qui veulent nous considérer comme du menu fretin dans leur soif et leur quête de nous imposer leur civilisation); « Les missionnaires, tout en acceptant dans un premier temps notre façon de voir les choses, ont fini par nous imposer leur calendrier chrétien ! Ainsi la nomenclature de notre calendrier s’est modifiée au fil du temps »

Nos ancêtres avaient leur propre codage des jours et des mois de l’année. Ce n’étaient pas des semaines de sept jours comme on les utilise aujourd’hui, mais plutôt des quatrains comme vous l’avez si bien dit qui étaient à la mode.

Le peuple Kongo possédait son propre calendrier composé d’une semaine de 4 jours dont trois (3) jours ouvrables et un quatrième jour de marché. C’étaient les jours suivants : (Nkenge, Nsona, Nkandu et Konzo). Ici, le jour du marché variait d’un pays à l’autre. Cette énumération ne pouvait prêter à confusion, car chacune de ses journées était semblable à un lieu où se déroulait un (grand marché) dans une région bien précise.

Nos aînés avaient aussi leurs propres méthodes de comptage : un mois s’étalait sur 7 semaines, et une année s’étalait sur 13 mois. Outre ce système qui les aidait à fixer la notion de temps, ils pouvaient assimiler cette répartition basée sur les marchés. à un autre lié à leurs activités agricoles.

  • Kintombo (octobre-décembre) : saison des premières pluies; c’est la saison des ma sanza (nourriture);
  • Kyanza (janvier – février) : 2ème saison de la récolte de vin de palme;
  • Ndolo (mars à mi mai) : dernière saison des pluies;
  • Sivu (mi mai à aout) : C’est la première saison sèche;
  • Mbangala (aout septembre) : deuxième saison sèche qui arrivait avec des fortes chaleurs. C’est la saison de brûlis, mpyaza.

Qui vous a dit que les Kongolais ne savaient pas réfléchir ? C’est dans cette logique que le commandant Albert Thys, dans sa quête des endroits stratégiques où il implantait les différents postes ou gares de ce qui deviendra plus tard les fameuses gares du chemin de fer Matadi – Léopldville (aujourd’hui Kinshasa), a souvent pris en compte ce critère dans le choix des endroits où construire ces stations car la présence d’un marché sur le site à exploiter était un gage de rentabilité.

Donc à ma connaissance, les positions de Kenge, Inkisi, Nsona Ngungu et Nsona Mbata pour ne citer que ces quatre-là ont été retenues dans cette logique. En effet, tous nos amis savent qu’à Kenge vers Matadi, il y avait un grand marché et ce nom Kenge n’est que la déformation de Nkenge qui était le jour où avait lieu ce marché. Près de la rivière Inkisi, il y avait le marché qui se tenait le jour de Nkandu. Ce marché existe encore aujourd’hui et a même donné naissance à un quartier de Kisantu qui porte ce nom. Comme M. Thys ne pouvait pas installer la station à proximité de la mission catholique qui se trouvait en hauteur, il jeta son dévolu sur un autre endroit qu’il baptisa du nom de la rivière Inkisi.

De la même manière qu’il avait conservé la station d’Inkisi, il a fait de même pour la station de Thysville. Pour mémoire, lorsque M. Thys est arrivé à Tumba, considéré comme le juste milieu entre Matadi et Léopoldville, il a pris la décision d’y installer le centre névralgique de la nouvelle entreprise. C’est ici qu’à chaque voyage il fallait reconstruire les locomotives et les réapprovisionner en charbon, mais étant parti en reconnaissance pour trouver d’autres endroits où construire ses futures gares, il fut agréablement surpris non seulement par l’ampleur du grand marché qui s’ouvrait lieu. a lieu la journée de Nsona près du village de M. Ngungu, mais aussi par le climat et la qualité de l’eau de source qu’il y trouve. Il décide alors de changer de cadre et confie à M. Bilau la mission de construire à Nsona Ngungu, le siège et le grand atelier de la compagnie ferroviaire Matadi/Léopoldvile qui prendra plus tard le nom d’ONATRA (Office des Transports Coloniaux).

Pour tous ceux qui connaissaient la ville de Thysville, le nouveau nom de Nsona Ngungu, le lieu où se déroulait ce marché de Nsona était situé vers la (Mazanga Ma Ndeke) à proximité du site où se trouvait le fameux camp militaire des commandos de Thysville. Située très loin de l’endroit où, en raison de la topographie, il avait prévu de construire les ateliers et le siège de son entreprise, la puissance coloniale a réussi à imposer sa volonté aux indigènes en déplaçant l’emplacement du marché qui se rapprocherait du nouveau ville en devenir.

Ainsi, le nom de NSONA NKULU (ancien marché) a été collé au lieu précité, et accessoirement, le Camp de Police et la Cité Ouvrière d’Onatra à Nsona Nkulu, l’Hôpital de Nsona Nkulu, le Stade et Cimetières de Nsona Nkulu, le Centre Militaire de Nsona Nkulu. Campement qui rappelle le souvenir de cet ancien marché. En revanche, le nouveau marché érigé à proximité de la gare, là où se trouve l’actuelle gare de Cobil Mbanza Ngungu, s’appellera NSONA MPA. C’est un peu comment, par un jeu de mots, Nsona Mpa va disparaître du terme pour devenir Nsona Ngungu, du nom du grand chef coutumier qui a réalisé la transaction avec Albert Thys. C’est ce nom de Nsona Ngungu qui sera rebaptisé Thysville et aujourd’hui MBANZA NGUNGU, grâce à la politique de recours à l’authenticité de Mobutu.

Concernant la station Nsona Mbata, il n’y a pas de photo. Le marché de Nsona a également influencé la construction de cette gare.

Certains rétorqueront que ma logique ne tient pas la route car sur les 36 stations, je n’ai identifié que quatre stations qui répondent à ce critère particulier de choix des lieux où étaient installées les stations Mfumu Thys par rapport aux marchés. En me référant uniquement à l’histoire de la région de Thysville que je connais assez bien, je me souviens que lorsque le calendrier de sept jours fut imposé aux populations locales, les anciens noms furent contraints de disparaître pour permettre aux indigènes de s’adapter plus facilement à leur nouvel horaire. Ainsi, les missionnaires catholiques et protestants, réputés comme de véritables encadrants et éducateurs modèles, continueront à utiliser cette référence du marché pour réaliser la fameuse classification basée sur l’ordre des jours de la semaine, soit Kia zole, kia tatu, Etc. Facilité l’assimilation de cette notion de semaine à sept jours et mis définitivement fin à nos quatrains.

Voici à titre d’exemple la répartition des marchés telle que nous la connaissions :

  • Kia Zole : Zandu dia Kiasi kolo;
  • Kia Tatu : Zandu dia Muala Kinsende ye Zandu dia Boko;
  • Kia Ya : Zandu dia Mbanza Ngungu;
  • Kia tanu : Zandu dia Lukala;
  • Kia Sabala : Zandu dia Kuilu Ngongo;
  • Kia lumingu : Zandu dia Mbanza Ngungu ye Nkolo.

Dans la foulée, d’autres grands marchés se sont développés en fonction de la région où l’on vivait. Vers Kimpese par exemple, il y avait Songa Lumueno, Mbemba et Songa Mani qui se partageaient les différents jours de la semaine. À Tumba, nous avons parlé de Luvituku. Vers Kuilu Ngongo (Moerbeke), se trouvaient les marchés de Nkiende, Luvaka, Kuzi et Kimpangu. Plus loin sur l’axe Nkolo, nous avions Luidi, Mbengua Ntadi, Kivulu, etc. Sur la route de Ngombe Matadi, il y avait les marchés de Kimaza, Ngombe Matadi et Ntimansi. Ces places de commerce étaient pour la plupart éloignées des voies ferrées, mais la grande particularité de l’époque était qu’il existait des routes bien entretenues qui reliaient ces villages aux gares d’Otraco et qui facilitaient la circulation des marchandises vers la capitale, d’autant plus que tous le long de la voie ferrée, les différentes gares n’étaient séparées que d’au moins dix kilomètres.

La province du Bas-Kongo était très bien servie, car au moins, partout où des gares de l’Onatra étaient érigées, il existait des routes de desserte agricoles qui pouvaient faciliter la liaison entre ces différents pools. Avec la présence dans chaque gare des fortes colonies portugaises spécialisées dans ce genre d’activités, nos marchés étaient fréquentés régulièrement par des citadins qui s’adonnaient au petit commerce.

 

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