Le sens et l’explication sont très simples : il s’agit d’une initiation. Plus qu’aux autres peuples, les rituels et l’initiation sont plus intrinsèques aux cultures des peuples Noirs/Africains. Le fait; de raser la tête d’une veuve est un rite initiatique, qui la fait passer d’une étape ou d’une situation à une autre. C’est une forme de renaissance qui consiste à rompre les liens, les alliances que l’on avait avec son conjoint passé de l’autre côté du voile (dans l’au-delà). Et ce sont les femmes, les tantes et les sœurs du mari qui s’en occupent. On pouvait ainsi raser complètement la tête ou la femme demandait une dérogation en avançant n’importe quel motif. Et donc elles vont juste lui arracher quelques cheveux de la nuque. Le rasage se fait selon les règles d’hygiène sans animosité ni violence. Il fait partie des rites de méditation et même pendant le temps festif de l’inhumation.
Dans certaines traditions, la femme veuve n’était pas condamnée à rester veuve indéfiniment. Après ce rituel, il faut compter une période de 21 jours ou une quarantaine (la durée varie selon les ethnies ou dépend des cérémonies jusqu’à l’inhumation ou quelques jours plus tard où la femme est interdite de sortie, elle était logée et nourrie au domicile familial par la famille du mari). On dit par là, de ce fait, qu’il s’agit de freiner la cupidité des prétendants potentiels, voyant désormais le champ libre. La famille manifeste ainsi sa capacité à prendre en charge la veuve, la jalousie de garder une femme dont elle ne veut pas se séparer. Après cela, la femme est alors libre de s’engager avec qui elle veut et de pouvoir commencer une nouvelle vie.
Dans certaines familles, il existe des tabous qui conduisent à la maladie et à la mort en cas d’infidélité. Ces rites servent en quelque sorte à (rendre la liberté) à la femme et lui permettent de commencer une nouvelle vie avec un autre homme. Avant, pour préserver la famille et l’héritage du défunt, le suivi des enfants, elle devait choisir un autre homme dans la famille de son mari. Aujourd’hui, bien sûr, cela ne se fait presque plus puisqu’aujourd’hui nous avons d’autres systèmes ou moyens pour répondre à ces problématiques d’une autre époque. Malheureusement, même dans certaines familles, les traditions ne sont plus pratiquées comme elles l’étaient alors. En fin de compte, le rite d’initiation où la tête d’une veuve est rasée signifie que (mourir n’est pas finir). Et les sentiments de la femme lors du rituel doivent susciter ou raviver en elle l’espoir d’une autre vie ou d’une nouvelle vie non seulement pour le défunt, mais aussi pour elle-même et pour tous les membres de la famille. C’est un moment où il ne faut pas rester là, angoissé et désespéré après la perte d’un être cher.
Le rituel doit susciter la transformation intérieure de la veuve pour qu’elle puisse recommencer à vivre, car la vie doit continuer. Et dans une autre vie, dans un autre milieu, on peut encore se retrouver pour partager le même destin avec le défunt à travers la réincarnation. Voilà l’essentiel du sens de raser la tête d’une veuve en Afrique Noire.