Aoua Keïta est née en 1912 à Bamako au Mali, alors colonie française sous le nom de Soudan français. Contre l’avis de sa mère, son père l’inscrit à l’école. Keïta a fréquenté l’école des filles et le foyer des métises de Bamako avant de poursuivre ses études à l’école Africaine de Médecine et de Pharmacie de Dakar.
En 1931, elle fut l’une des premières femmes d’Afrique Noire à obtenir son diplôme de sage-femme. Elle a d’abord exercé à Gao, avant de s’installer dans divers endroits du Soudan français. Non contente de travailler avec compétence et enthousiasme, elle s’efforce d’intervenir auprès des autorités coloniales pour la création de maternités. En 1935, Keïta épouse Daouda Diawara, un médecin qu’elle a rencontré à l’école de Dakar. Ensemble, ils s’intéressent à l’actualité et éveillent leur conscience politique.
En 1946, ils rejoignirent le parti politique nouvellement créé Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA). Incapables d’avoir d’enfants et sous la pression familiale, Keïta et Daouda se séparent en 1949. « En 1951, elle renonce à la nationalité française et représente l’US-RDA lors des élections législatives, pour assurer la régularité et la transparence du scrutin et lutter contre les pressions de l’administration française. Elle tient tête aux officiers français qui cherchent à influencer les résultats sans se laisser impressionner; l’US-RDA quintuple ses voix dans la région ».
Suite aux élections, Keïta a été envoyé au Sénégal pendant un certain temps pour des raisons disciplinaires avant de pouvoir retourner à Bamako. Elle y fonde le Mouvement intersyndical des femmes, visant à développer la solidarité féminine et à rassembler les femmes travaillant dans différents secteurs pour améliorer leur condition. Elle représente ce mouvement au Congrès constitutif de l’Union générale des travailleurs d’Afrique Noire, en 1957. La même année, Keïta est élue au bureau des Syndicats des travailleurs soudanais.
En 1958, elle fut la seule femme élue au bureau politique de l’US-RDA; et en 1959, aux élections législatives, elle est élue députée de la Fédération du Mali, à Sikasso. À ce poste, qu’elle fut la première femme malienne à occuper, elle joua un rôle politique de premier plan, après l’accession du Mali à l’indépendance en 1960 et jusqu’au coup d’État de 1968. « Engagée pour faire progresser les droits des femmes, Keïta participe notamment à l’élaboration du Code malien du mariage et de la tutelle, faisant progresser les droits des femmes. Elle a institué la Journée internationale de la femme Africaine (IAFF), reconnue le 31 juillet 1962 par l’ONU ».
En 1968, elle perd son statut politique lors du coup d’État de Moussa Traoré et quitte le Mali. « Loin de toutes responsabilités politiques, Keïta s’est consacrée à la rédaction de son autobiogaphie, (Femme d’Afrique). La vie de Keïta racontée par elle-même, qu’elle publie en 1975. En 1976, le Prix littéraire de l’Afrique Noire couronne cet ouvrage relatant à la fois sa vie et sa carrière de sage-femme et ses engagements politiques. (Keïta rentre au Mali en 1979 où elle ne réside qu’un an; elle est décédée en 1980, à l’âge de 67 ans) ».