Elle fut la seule femme de la délégation nigériane à la Conférence institutionnelle de Londres qui négocia l’accession du Nigéria à l’indépendance en 1953. « Née Frances Abigail Olufunmilayo Thomas en 1900, à son retour de Londres en 1922, où elle poursuivit ses études, elle abandonna son nom anglais de Frances Abigail, pour celui de Funmilayo, qui signifie (Donne-moi le bonheur en Yoruba) ».
Le combat de Funmilayo pour les droits des femmes débute en 1923, avec la création de l’Abeokuta Ladies Club destiné essentiellement à l’apprentissage des travaux manuels et aux actions caritatives. Consciente du caractère élitiste du club et des injustices coloniales dont sont victimes les commerçantes, le mouvement impulsé par Funmilayo s’est progressivement élargi pour accueillir des femmes de toutes origines sociales.
En tant qu’enseignante, elle fait de l’alphabétisation une priorité et une arme de mobilisation. Au-delà de son combat pour les femmes, Funmilayo s’est également battu pour l’indépendance de son pays. Si la colonisation tend à accentuer les divisions identitaires, elle proteste contre la Constitution Richards de 1946, dont l’objectif était de diviser le pays en trois régions indépendantes. « En 1970, elle reçoit le Prix Lénine pour la paix; son mari, comme ses enfants, a joué un rôle important dans (l’éducation, la santé, la politique et la musique). C’est aussi pour affaiblir son fils, le célèbre musicien et opposant au régime nigérian, Fela Kuti, que des soldats la jettent par la fenêtre de sa résidence de Lagos, le 18 février 1977 ».
Cette dernière lui rend hommage dans son titre : (Cercueil pour Chef de l’État). La Lionne de Lisabi, comme on la surnommait, est décédée quelques mois plus tard des suites de ses blessures, à l’âge de 77 ans. Son héritage est toujours bien vivant.