Pelé a déclaré : Si je suis le roi du football, alors Ben Barek en est le Dieu. Il a par ailleurs reçu de nombreuses distinctions de la part des fédérations sportives les plus prestigieuses et des médias. Officiellement né en 1917, Larbi Benbarek pourrait en réalité être né en 1914. D’autres sources, moins crédibles, indiquent 1916 comme année de naissance.
Faisant référence au guide de présentation de la saison 1945-1946 de Ce Soir-Sprint, un journaliste commente : Larbi Benbarek, né en 1917, à Casablanca, un jour qu’il ne connaît pas. Ainsi, l’année, mais aussi le jour de naissance posent problème. (Jeune orphelin, il a grandi dans le quartier Cuba de Casablanca et jouait au football dans la rue avec les enfants de son quartier).
Dès l’âge de 14 ans, il exerce l’ancien métier de son père : menuisier. C’est à cet âge qu’il commence à jouer avec le Football Club El Ouatane, une petite équipe de quartier, de 1928 à 1930. En 1934, il fait ses débuts avec l’équipe du Club Idéal. de Casablanca, modeste club marocain de deuxième division. Lors de son tout premier match sous les couleurs d’Idéal, Larbi Benbarek affronte la redoutable formation de l’USM Casablanca, triple vainqueur du championnat Nord-Africain.
Refusant les chaussures à crampons auxquelles il n’est pas habitué, il joue en chaussons. Il marque deux fois lors de ce match et aide activement Idéal à décrocher une belle 3ème place au championnat. En Coupe du Maroc, Larbi Benbarek et Idéal atteignent la finale (1935), mais s’inclinent face au RC Marocain. Lors de ce match, il s’est montré impressionnant et la presse marocaine l’a comblé d’éloges. Dans la foulée, il est sélectionné pour la première fois avec l’équipe (régionale) marocaine qui affronte son homologue de la Ligue algérienne d’Oran.
L’USM de Casablanca le recrute alors en lui proposant un travail de pompiste. Ce transfert implique qu’il joue une saison complète en réserve. Malgré cette situation, il est toujours sélectionné en équipe du Maroc. Larbi débute véritablement avec l’USM de Casablanca en septembre 1936 et joue notamment avec l’US Marocaine la finale de la Steeg Cup, finale du championnat d’Afrique du Nord, le 12 juin 1938 contre les Algériens de Bône. Le JBAC s’est imposé 3-1 face à l’USM de Benbarek. Il attire rapidement l’attention des grands clubs métropolitains.
Un match Maroc-France B disputé en avril 1937 lui vaut ses premiers articles élogieux dans la presse métropolitaine. L’Olympique de Marseille s’attache ses services en juin 1938. L’USM de Casablanca ne lâche pas facilement son joueur, mais accepte finalement l’offre de Marseille de 44 000 francs après avoir refusé au départ une première offre du même Olympique de Marseille. à partir de l’été 1937.
Larbi Benbarek arrive à Marseille le 28 juin 1938. Cinq mois après son arrivée en France métropolitaine, il fait sa première apparition en équipe de France dans l’ambiance volcanique de Naples le 4 décembre 1938 contre l’Italie. Le public italien siffle abondamment les Français, et Benbarek en particulier. Il n’a en effet pas la nationalité française, et les Italiens vacillent. En réaction à ces sifflets, Larbi Benbarek chante alors à pleins poumons La Marseillaise.
Cette réaction a été largement reprise par les médias, et il a ensuite été complètement adopté par tous les supporters du club français, qui le connaissaient jusque-là très peu. Il entame alors la plus longue carrière jamais signée par un joueur sous le maillot du Coq : 15 ans et 10 mois. Non français, Larbi Benbarek n’a pas été mobilisé en 1939-40. Il trouve refuge à Casablanca pendant la Seconde Guerre mondiale puis joue à nouveau à l’US Marocaine. En 1945, le président du Stade Français installe une équipe vedette à Paris. Il constitue l’une des pièces maîtresses sous la houlette d’Helenio Herrera.
Lorsque le Stade est dispersé aux quatre vents après trois ans de star system, il se retrouve à l’Atlético de Madrid en Espagne pour un montant de transfert de 17 millions de francs à l’époque, ce qui représente le plus gros transfert en Espagne à cette époque3,4. Entre 1948 et 1953, il remporte deux titres de champion d’Espagne et laisse son empreinte (1950 et 1951), même s’il ne joue plus en équipe de France.
Benbarek rejoint l’Olympique de Marseille à la fin de sa carrière. Avec l’OM, il dispute une finale de Coupe de France perdue contre Nice. Lors de son séjour olympien, il honore sa dernière sélection en équipe de France le 16 octobre 1954 contre l’Allemagne en amical. Il doit cette sélection tardive au public du Parc des Princes. A neuf jours du match entre les Bleus et les champions du monde en titre, Larbi Benbarek rayonne lors d’un match amical disputé au parc : France-Afrique du Nord (2-3). Il a joué ce match sous le maillot de l’Afrique du Nord, mais sa performance et son prestige étaient tels que le public a réclamé et obtenu sa sélection chez les Bleus.
Victime d’un problème musculaire, Larbi Benbarek a dû quitter le terrain après 27 minutes de jeu face aux Allemands. Quelques semaines plus tard, il met officiellement fin à sa carrière de footballeur professionnel à l’âge de 40 ans. Larbi Benbarek évolue à l’Union sportive musulmane de Bel-Abbès lors de la saison 1955-1956 sous la direction de l’entraîneur Lacaze. Vice-champion d’Oranie, l’USMBA a atteint la finale de la Coupe d’Afrique du Nord, match non joué face au Sporting Club de Bel-Abbès, champion d’Oranie. Il rejoint ensuite le FUS Rabat comme joueur-entraîneur puis accepte en 1957 le poste d’entraîneur de l’USM Bel-Abbès pour une saison. Il joue ensuite en amateur marron en Belgique, comme le confirme Michel Hidalgo dans le documentaire Des Noirs en Couleurs diffusé sur Canal+ en juin 2008.
Sa carrière de joueur terminée, il se convertit au métier d’entraîneur. Larbi Ben Barek est décédé le 16 septembre 1992 dans la solitude, son corps n’a été découvert qu’une semaine après sa mort. Le 8 juin 1998 à Paris, la FIFA lui décerne, à titre posthume, la médaille de l’Ordre du Mérite.