Après la dislocation du navire, quelques esclaves survivants parviendront à s’échapper de l’embarcation brisée et à nager jusqu’au large de l’île des Sables toute proche. Une vingtaine de membres de l’équipage se noient. (Abandonnés, les esclaves font appel à leur instinct de survie, comment survivre sur une île déserte ?)
Depuis l’étendue sablonneuse de l’île, les survivants vont s’atteler à la reconstruction d’un nouveau bateau. Les esclaves sont principalement sollicités. C’est à eux qu’incombe la lourde tâche d’aller chercher les morceaux de la coque du bateau éparpillés dans l’eau. Ils effectueront l’essentiel du travail de reconstruction du nouveau bateau de fortune. Ils utiliseront des objets tombés du bateau pour construire un four. Ils se nourriront d’oiseaux, de poissons et de tortues. Ils fabriqueront même des ustensiles de cuisine et développeront une vie en société.
Des recherches menées sur l’île des centaines d’années plus tard révéleront la présence de poêles, de plats et de parures féminines. Afin de se protéger des intempéries, ils construiront de solides habitations aux murs épais faits de mortier et de galets. 15 ans plus tard, pris de remords, le capitaine Castellan du Vernet écrira une lettre pour demander qu’on aille chercher les esclaves abandonnés sur l’île. Une promesse est une dette.
Le 29 novembre 1776, un bateau débarque sur l’île déserte. Des 80 personnes abandonnées 15 ans plus tôt, il ne reste que 8 survivants. 7 femmes et un bébé de 8 mois sont recueillis par Jacques Marie de Tromelin, officier de marine qui commande le navire (La Dauphine) venu secourir les naufragés de l’île déserte à laquelle il a donné son nom. Les survivants sont vêtus de vêtements en plumes tressées; ils ont réussi, pendant toutes ces années, à entretenir un feu grâce au bois provenant de l’épave du bateau, l’île étant dépourvue d’arbres.
Les 7 survivants et le bébé sont transportés à l’île Maurice où ils sont libérés dès leur arrivée. Ils refusent de retourner à Madagascar de peur d’être à nouveau soumis à l’esclavage. Une question taraude néanmoins nos esprits. (Comment expliquer que les seules survivantes soient des femmes alors que la majorité des esclaves abandonnés sur l’île sont des hommes ??)