Notre tradition sociale est un modèle pour le monde entier et fait la fierté de tout un continent. Nous devons nous ressaisir en la redécouvrant, nous reconstituer afin de nourrir un nouvel espoir africain. Pendant que chez eux, ils ramassent leurs vieilles personnes, comme des ordures, pour les mettre dans des mouroirs appelés « Maisons de retraite ». Nous, en Afrique Noire, nous nous rapprochons et nous nous agglutinons autour de nos vieilles personnes pour apprendre auprès d’elles, pour nous ressourcer et donner plus de sens à notre vie. Ce sont des bibliothèques vivantes. Elles sont dans ce rôle de transmission et de partage de connaissances, d’intelligence et de sagesse.
La sagesse ne se décrète pas. Le sage ne se déclare jamais sage, car il a l’humilité constante de se souvenir que la vie est un apprentissage éternel, c’est-à-dire du berceau à la tombe, nous sommes toujours des apprenants. Et que, dès lors ou toutes fois que l’on pense connaître, on devient ignorant. Il faut apprendre à mourir à nos connaissances d’instant en instant afin de laisser le nouveau nous enseigner ce que nous ignorions. Car nous ne sommes jamais un verre plein, ni en moitié vide, mais bien un verre en moitié plein, susceptible de recevoir quelque chose de plus.
L’humilité est l’essence de la connaissance. En effet, dans la tradition et la culture Bamanan, après 9 cycles initiatiques de 7 ans (soit 63 ans), l’humain a achevé son initiation (la dernière étant l’initiation pour apprendre à mourir dignement) et sans laisser de pots pour la postérité; Ect) et il est désormais un être libre. Il peut dire ce qu’il veut sans réprimandes et sans ennuyer personne « Même la vérité qui fâche, et tout ce qui n’est pas autorisé aux moins de 63 ans ! »
Le vieillissement en Afrique a donc d’énormes avantages. S’il vous plaît, ne mourez pas vieux chez eux comme des insectes numérotés. Car chez nous en Afrique, nous savons retourner l’ascenseur à nos vieilles personnes. En Afrique, « Un vieillard qui meurt, c’est toute une bibliothèque qui brûle ».
