Le gouvernement invisible est un ensemble vague et amorphe d’individus et d’organisations appartenant à divers secteurs du gouvernement visible, il ne se limite pas à la Central Intelligence Agency, bien que la CIA en soit le cœur, ni aux neuf autres organisations qui composent ce qu’on appelle la communauté du renseignement : (Conseil de sécurité nationale, Service de renseignement de la défense, Sécurité intérieure, Renseignement de l’armée, Marine et recherche, Commission de l’énergie atomique, Federal Bureau of Investigation).
Le gouvernement invisible comprend également de nombreux autres services ainsi que des individus, qui apparaissent à première vue comme de simples membres du gouvernement visible. Il existe même des entreprises commerciales qui semblent privées. Ce gouvernement de l’ombre détermine, dans une mesure que nous commençons seulement à comprendre, la vie de 190 millions d’Américains.
Un citoyen bien informé peut en venir à soupçonner que la politique étrangère américaine évolue publiquement dans une direction, mais secrètement, grâce au gouvernement invisible, dans la direction exactement opposée. Ce gouvernement invisible est une création relativement récente. Il est né de deux facteurs : l’accession des États-Unis à une position de prééminence dans le monde après la soi-disant Seconde Guerre mondiale et la remise en cause de cette puissance par le communisme soviétique.
En 1964, le réseau d’espionnage était devenu une sorte d’appareil caché mais massif, employant secrètement quelque 200 000 personnes et dépensant des milliards de dollars chaque année. Voici donc, depuis la citadelle même du néocolonialisme, la description de l’appareil qui dirige désormais toutes les autres organisations d’espionnage en Occident, soit par la persuasion, soit par la force. Des résultats ont été obtenus en Algérie (lors du complot des généraux antigaullistes à Alger en avril 1961, mais aussi au Guatemala, en Irak, en Iran, à Suez, et lors de la fameuse intrusion des États-Unis dans l’espace aérien soviétique), qui a fait avorter la Conférence au sommet, puis en Allemagne de l’Ouest et aussi en Allemagne de l’Est lors des émeutes de 1953.
Dans la crise avortée en Hongrie en 1959, en Pologne en septembre 1956, mais aussi en Corée, en Birmanie, à Formose, au Laos, au Cambodge et au Sud Vietnam; l’intervention de ces organisations dans les événements de Cuba, de Turquie, de Chypre, de Grèce et d’autres pays qu’il serait trop long d’énumérer, et dans quel but ces innombrables incidents ont-ils été provoqués ?? « L’objectif, comme nous l’avons déjà mentionné, est de restaurer le colonialisme tout en prêchant l’indépendance. (By; Kwame Nkrumah) ».