KONGOLISOLO
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Devoir de Mémoire : le Krou, le Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire est le domaine de la famille Krou (Wè, Bété, Dida), qui s’étend sur une bonne moitié du territoire libérien, il semble aujourd’hui établi que le terme Krou tire son origine du nom d’une population qui, dès la fin du XVIe siècle, apparaît sur les cartes de la future côte libérienne, entre les rivières Cestos et Sinoe, sous le nom de Krao, (la ressemblance avec le mot anglais (Crew /Équipage), malgré une vocation maritime très précoce pour les Krou côtières, ne serait donc qu’une simple coïncidence phonétique); « À l’arrivée d’une délégation Krou conduite par le chef Nouan et précédée de sa pipe (mission Hostains-d’Olonne, autour du Monde, 1901) »

Les populations du groupe culturel Krou occupent une zone géographique d’environ 120 000 km² sur la côte atlantique, à cheval sur la Côte d’Ivoire et le Libéria, limitée au sud et au sud-ouest, de Grand-Lahou à Monrovia, par environ 600 km de côte, pour au nord et au nord-est par le Mandé, à l’est par les Akan.

Cet espace appartient entièrement à la zone subéquatoriale intérieure, avec un climat de type forestier guinéen, chaud et humide. Les précipitations annuelles moyennes sont presque partout supérieures à 1 600 mm et augmentent régulièrement d’est en ouest (Sassandra : 1 600 ; Taboo 2 300, Monrovia : 3 000).

Le groupe culturel Krou se divise en une vingtaine (groupes ethniques) plus ou moins importants, 6 groupes ethniques pour les Krou du Libéria, et 15 groupes ethniques pour ceux de Côte d’Ivoire. Nous savons peu de choses sur l’ancienne colonie de Krou. Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que d’une part, la population actuelle est sans doute d’origine indigène, d’autre part, le territoire autrefois occupé par ces populations indigènes s’étendait beaucoup plus au nord et au nord-est (voir cartes de la Kru peuples d’Afrique de l’Ouest et migrations anciennes).

Comment expliquer cet (établissement) des Krou au plus épais de la forêt et donc le rétrécissement de leur espace traditionnel ? Trois types de pulsions, très nettement distinctes, semblent avoir présidé à l’implantation de la population actuelle : la poussée mandé au nord, l’attrait de la côte au sud, l’éclatement du royaume Ashanti à l’est. Ce que les historiens appellent la (poussée mandé) a provoqué de nombreux mouvements du nord vers le sud (déplacements qui n’ont jamais eu l’apparence d’une migration, mais se sont traduits par de simples départs de micro-unités, voire d’individus isolés), liés essentiellement à la politique impérialiste.

La politiques des États successifs, du XIVe au XVIIIe siècle, sur les rives du Niger (invasions, contraintes militaires, esclavages de toutes sortes, Etc). Cette poussée a amené vers la forêt les populations Krou les plus septentrionales, apparemment déjà allergiques à toute forme de coercition, et sans doute aussi des éléments mandé.

Ce mouvement s’accentue à partir de la fin du XVe siècle, lorsque les caravelles succèdent aux caravanes, avec l’attraction de plus en plus forte exercée par la côte sur l’intérieur, du fait des possibilités de commerce avec les navires. Européens. L’éclatement à partir du XVIIe siècle du royaume Ashanti (dont le berceau est l’actuel Ghana), et notamment l’arrivée en Côte d’Ivoire, au début du XVIIIe siècle, des Agni et des Baoulé, qui repoussèrent vers le l’ouest des groupes moins puissants contribue finalement à la population directement, ou indirectement, soit par l’apport de nouvelles populations, soit par la répression des populations autochtones. Il est bien sûr totalement arbitraire de dissocier Krou du Libéria et Krou de Côte d’Ivoire, mais dans le cadre de cette étude, seuls ceux de Côte d’Ivoire retiendront notre attention. Traits communs à la culture Krou Nous annoncions qu’il y en avait pas moins de 15 (ethnies Krou en Côte d’Ivoire).

Dans une région comme l’ouest de la Côte d’Ivoire, c’est en fait la notion même d’ethnicité qui doit être contestée; en effet, l’Ouest forestier ivoirien apparaît comme un environnement continu où l’on passe d’une zone à une autre, d’une culture à une autre, d’une ethnie à une autre par des transitions imperceptibles, où il est donc totalement arbitraire de tracer des frontières bien définies.

  • Cet environnement continu est constitué d’une constellation de petites communautés souveraines, dont chacune est au centre d’un réseau de relations dans lequel entrent toutes les communautés situées dans un rayon déterminé;
  • Cet environnement continu est constitué d’une constellation de petites communautés souveraines, dont chacune est au centre d’un réseau de relations dans lequel entrent toutes les communautés situées dans un rayon déterminé ;
  • Cette continuité a pour corollaire l’existence d’un certain nombre de traits communs à la culture Krou, que ce soit en termes d’organisation sociale, de mode de vie ou de cosmogonie.

Les Krou forment une société de type lignager, avec (filiation patrilinéaire, résidence patrilocale et mariage virilocal). Leur organisation sociopolitique traditionnelle se structure autour d’unités territoriales et familiales qui s’articulent selon un schéma pyramidal. C’est une société où l’on constate l’absence de pouvoir central, de machinerie administrative ou d’organisation judiciaire; une société où le système segmentaire des lignages régule les relations politiques entre segments territoriaux.

La parenté joue donc un rôle capital dans un tel type de société, où la seule autorité véritablement incontestée est celle de l’aîné du lignage, mais aussi le mariage, en tant que créateur d’alliances, mariage dont la forte polygamie et l’existence d’une indemnisation matrimoniale élevée (ou dot) en font la clé de voûte de l’organisation sociale. La culture matérielle est également relativement uniforme. La civilisation Krou est une civilisation de compensation; en effet, les Krou pratiquent la culture itinérante sur brûlis, le riz est l’aliment de base, socialement le plus valorisé; le manioc et le maïs constituent des aliments de complément, à ces produits alimentaires traditionnels, se sont ajoutées depuis un demi-siècle les cultures commerciales de café et de cacao, dont la durabilité contribue à stabiliser un territoire autrefois étroitement dépendant du nomadisme agricole.

L’élevage est peu développé, mais le bœuf, autrefois objet de fonctions rituelles importantes (mariage, funérailles), tient encore une place particulière dans le patrimoine de la lignée Krou. Si les populations côtières pratiquent traditionnellement la pêche, la chasse (chasse collective au filet chez les Dida et les Godié, chasse individuelle au fusil ailleurs, piégeage) continue d’être à l’honneur chez les Krou de l’intérieur, dans une forêt riche en gibier.

L’habitat, autrefois basé sur des cases rondes, a adopté presque partout la case rectangulaire (sauf dans le sud-ouest du pays où subsistent de très belles constructions traditionnelles), avec murs en pisé et toits en papo. Si l’activité artisanale est intense au nord et au nord-ouest de la région (artisanat d’art notamment : sculpture de masques et de statuettes, dans laquelle excellent les Wè), elle est plus réduite vers l’est (pays Bété et Dida), et quasiment inexistante. existant sur le littoral, où les objets importés européens ont très vite remplacé la production locale.

L’uniformité de la culture Krou aboutit finalement à une conception de l’ordre religieux, sensiblement identique d’une population à l’autre. Les Krou reconnaissent un dieu, créateur de toutes choses ; mais ce dieu est trop éloigné des hommes pour que nous puissions l’atteindre sans intermédiaires, d’où la prolifération de dieux secondaires que sont les génies (résidant certains dans un arbre, certains dans un étang, certains dans un rocher. Ils décident du la fertilité de la terre et celle des femmes, le succès de la chasse et celui de la guerre; c’est aux clairvoyants de les découvrir et d’interpréter leurs exigences en matière d’interdits et de sacrifices).

Satisfaits, ces génies, agents du Bien, assureront le bonheur de ceux qui les adorent ; insatisfaits, ils laisseront les sorciers, agents du mal, s’attaquer à ceux qu’ils veulent punir. Sont également inclus dans ce panthéon une série d’êtres fabuleux qui hantent la brousse, et dont certains, d’apparence humaine, de très petite taille et à la peau rouge, ont laissé croire à l’existence de négrilles dans la forêt de l’ouest ivoirien. Les ancêtres n’occupent qu’une place insignifiante dans cet ordre religieux, ils ne font pas réellement l’objet d’un culte.

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