Saint-Georges était escrimeur, musicien, violoniste, compositeur, chef d’orchestre français, militaire, il participa activement à la Révolution française et s’engagea dans l’armée de la république. Désireux de continuer et d’être immortalisé par sa valeur et son enthousiasme pour la liberté, il se met à la tête de la Légion Libre des Américains. Fréquentant les cercles abolitionnistes, Saint-Georges est, de par sa position sociale, une figure de l’émancipation des esclaves des empires coloniaux européens dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Saint-George s’impose rapidement comme l’escrimeur le plus célèbre de Paris, mais il est surtout un violoniste prodigieux et un chef d’orchestre admiré qui élève sa formation au rang du meilleur orchestre européen. Mozart le jalouse, mais s’inspire de ses œuvres. « Le mulâtre devient rapidement le musicien favori de la reine Marie-Antoinette, qui assiste à plusieurs de ses concerts, il commande à Haydn ses six symphonies parisiennes, dont il dirige la création au palais des Tuileries en présence de la souveraine, (il devient également le professeur de musique de la reine, à tel point qu’elle décide de le nommer directeur de l’Opéra royal. Elle doit cependant renoncer à cette décision qui suscite une violente polémique raciste) ».
De nombreuses personnalités rejettent l’idée qu’un Noir/Africain puisse diriger l’opéra le plus prestigieux du monde. Cet échec fait prendre conscience à Saint-Georges. Il s’implique dans le mouvement des Lumières et fréquente ses salons philosophiques. Devenu proche du Duc d’Orléans, qui fait de lui le premier Franc-Maçon Noir/Africain, il adhère à la Société des amis des Noirs/Africains aux côtés de Condorcet. « À Londres, Saint-Georges va structurer l’intelligentsia française pour soutenir la Révolution. Il y devient un proche du Prince de Galles. En 1790, il revient en France et s’engage dans la Garde nationale. Il est le premier colonel Noir/Africain de l’armée française, où il crée un régiment de Noirs/Africains et métis, vite surnommé la (Légion de Saint-Georges, son lieutenant n’est autre que le futur général Dumas) ».
Emprisonné pendant la Terreur, il reste onze mois dans le couloir de la mort, mais après avoir aidé Toussaint-Louverture en Haïti, il reprend avec succès ses activités musicales. Foudroyé par la maladie au faîte de sa gloire en juin 1799, un second décès frappe son œuvre en 1802, avec le rétablissement de l’esclavage, ses pièces sont purement et simplement expulsées du répertoire. « L’envie c’est la douleur de voir autrui posséder ce que nous désirons; la jalousie, de le voir posséder ce que nous possédons. (By; Diogène Laerce) ».